Retraites non remplacées, arrêts maladie, sanctions disciplinaires… Dans les Côtes-d’Armor, les syndicats de police s’inquiètent d’un « manque d’effectifs » dans les commissariats de Lannion et de Saint-Brieuc, notamment à la suite du mouvement général de mutations vers lequel le département n’était pas ouvert en septembre 2024. Pour rappel, le 22 compte 330 agents. « Nous manquons de personnel à tous les niveaux », prévient Yoann Leandri, secrétaire de zone adjoint de l’Unsa police de l’Ouest de la France. Pour fonctionner correctement, nous avons besoin en urgence d’une quinzaine d’agents supplémentaires à Saint-Brieuc et d’une dizaine à Lannion. »
Brigades de nuit « juste à - »
Le syndicat évoque notamment les brigades de nuit : « Elles sont en flux serré, on se demande comment ça peut encore tenir », poursuit Yoann Leandri. Bientôt, nous ne pourrons plus assurer toutes les missions. Un constat partagé localement par Alliance : « Avec les effectifs de nuit actuels, quand il y a des jours fériés, on n’a parfois qu’une seule patrouille au lieu de deux », observe Jérôme Kerboeuf, secrétaire départemental. « Le Bac apporte de l’accompagnement, mais les missions de police d’urgence ne sont pas son métier. S’il faut quelqu’un de garde à l’hôpital, il n’y a plus personne sur le terrain », ajoute-t-il.
Une charge de travail « énorme » pour l’enquête
L’Unsa pointe également un manque d’enquêteurs dans l’enquête “pour fluidifier le traitement du nombre de dossiers judiciaires, en constante augmentation, et alors que la procédure pénale se complexifie”. Il y a, selon Alliance, « 400 à 600 dossiers en cours de traitement par chaque collègue, et la réforme du code de procédure pénale n’a pas aidé », poursuit Jérôme Kerboeuf. Les deux policiers parlent de « ras-le-bol » au sein des deux commissariats, de « burn-out » et de « tension et épuisement des policiers ». D’autant que d’autres départs à la retraite sont prévus dans les prochains mois.
À quoi répond la direction ?
La direction dit entendre les inquiétudes des syndicats, “car Saint-Brieuc n’était pas ouvert aux mouvements supplémentaires de personnel cet hiver et il y a eu plus de départs que d’arrivées en 2024”, concède Arnaud Garnier, directeur départemental de la Police nationale (DDPN) de Côtes-d’Armor. « La fatigue est réelle, on le voit », poursuit le commissaire divisionnaire. La charge de travail augmente et les Jeux Olympiques nous ont rendu très occupés. Mais l’évolution globale de la main-d’œuvre au cours des dernières années est à la hausse. » La répartition interne de ces derniers, selon lui, joue aussi : « Un coup, une unité souffre, un coup, c’est un autre ».
« Il y a eu quelques indisponibilités, départs à la retraite et arrêts maladie, tous justifiés, mais qui affectent l’aspect opérationnel », explique-t-il. Il est difficile d’avoir une perspective, car il peut y avoir des arrivées lors de mouvements ponctuels. C’est vrai que la nuit, les chiffres ont baissé et c’est là que iront les prochains arrivants, mais le Bac a été renforcé et vient en aide quand il le faut. »
La DDPN explique que l’enquête a été dynamisée, ainsi que l’état-major avec la création d’un centre départemental d’information et de commandement porté de quatre à dix effectifs. « Nous restons, dans l’ensemble, moins mal dotés que d’autres », conclut Arnaud Garnier. Et veillons à maintenir l’équilibre. »
France