Impossible à ce stade de la course, à entendre les messages laissés par nos marins embarqués dans cette drôle d’aventure du Vendée Globe, de ne pas penser à cette phrase culte du chef-d’œuvre de John Sturges : « C’est comme l’histoire de ce type qui s’est jeté d’un immeuble de dix étages. À tous les étages, les gens l’entendaient dire : « Jusqu’ici, tout va bien. Jusqu’ici, tout va bien. Jusqu’ici, tout va bien.” »
Après trois semaines de course, Denis Van Weynbergh (Groupe D’Ieteren, 37e) serait presque surpris : « Jusqu’à présent, je n’ai pas trouvé cela très difficile. Nous avons toujours eu des conditions douces, jamais beaucoup de vent, pas de grosse dépression à passer, beaucoup de soleil, des allures qui avançaient encore bien, assez stables. Jusqu’à lundi-mardi, il fera encore de belles conditions, puis mercredi-jeudi. Nous allons entrer dans le vif du sujet. Nous entrons dans le vrai Vendée Globe, la vraie aventure.Des gâchettes bien huiléesAvec leurs camarades en bout de flotte, c’est en effet une jolie dépression bien roulée qui se rapproche et devrait les propulser vigoureusement vers le cap de Bonne-Espérance, et l’entrée du fameux Indien. Les leaders de ce paquet, à commencer par Jean Le Cam (Tout commence dans le Finistère – Armor-Lux, 20e) profitent aussi de cette pression plus forte pour se refaire une santé, leur permettant de quasi revenir sur Isabelle Joschke (MACSF, 19e) , sur lesquels ils accusaient jusqu’à 400 milles de retard… Clairement, il faut toujours se méfier de certaines gâchettes bien huilées, elles ne sont jamais vraiment hors de portée !
Devant ce peloton, neuf bateaux poursuivent leur progression vers la pointe sud-africaine, empannant les uns après les autres grâce aux forces de vent qui les accompagnent. Romain Attanasio (Fortinet-Best Western, 15e), a remonté largement vers le nord dans la nuit, espérant pouvoir provoquer un duel avec Benjamin Dutreux (Guyot-Environnement, 14e) d’ici quelques heures.
Toujours cheval de bataille, le petit peloton formé par Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, 12e), Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 13e) et Justine Mettraux (Teamwork – Team SNEF, 11e) rêve de revenir à portée de tir de Samantha Davies. (Initiatives-Cœur, 10e), qui devrait passer le Cap des Aiguilles dans la journée. L’Indien lui permettra-t-il de s’échapper ?
Les haricots du shérifPour le loup solitaire Paul Meilhat, ce n’est clairement pas le cas ! Depuis 24 heures, le skipper de Biotherm, toujours 9ème, a subi de plein fouet la zone de transition, se retrouvant quasiment à l’arrêt, sans issue. De quoi manger son chapeau, d’autant qu’en face, même si les grains jouent les shérifs, ça continue de rouler à un bon rythme.
Pour l’instant, la prime va au Sud. Autrefois leader de la flotte, Yoann Richomme (Paprec-Arkea), s’est encore une fois fait reprendre par Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), plus proches que lui de la ZEA (Zone d’Exclusion). Antarctique). Cela n’a pas empêché le marin d’être satisfait de son positionnement : « Je suis content, le peloton de trois on est dans une situation intéressante, on va être un peu en avance sur les autres, puis il y a cette grosse tempête qui arrive, avec le petite zone de transition avant, pour voir comment ça se passe réellement. Je cultive le doux espoir de me glisser entre les deux dépressions pour gagner du terrain à l’Est avant l’arrivée de la grande. L’espoir nous maintient en vie, le pragmatisme nous permet de continuer. Alors l’enjeu avant l’arrivée de ce premier grand juge de paix en milieu de semaine est de prendre soin du cheval et de l’homme, d’autant que les températures deviennent de plus en plus âpres. « Je ne sais pas s’il fera beaucoup plus froid que ça, en tout cas je suis dans un gros sac de couchage polaire et ça fait du bien », nous a confié le skipper de Paprec-Arkea, qui avait prévu. une bonne tournée d’inspection après quelques séances de bombardements supplémentaires » même si pour l’instant il n’a « rien à déplorer » sur le plan technique. « Je n’ai jamais raté une manœuvre ni fait des choses qui auraient pu causer des dégâts, cela me semble sous contrôle. Pour l’instant je suis content de ma manière de naviguer », explique le skipper de Paprec-Arkea.
Mais tout le monde sait qu’ils se dirigent vers des ennuis, et certains ont profité de la nuit pour remonter largement vers le nord et éviter les ennuis, comme Jérémie Beyou (Charal, 5e) et Nicolas Lunven (Holcim – PRB, 6e), qui ne lâchent rien. d’un sabot. Et Yoann Richomme commente ces grands mouvements : « On va voir comment on va tous faire face à la tempête, pas forcément au même endroit. De toute façon, cela n’a rien de simple et on ne sait pas trop par où commencer. par rapport à cette dépression, il peut donc y avoir une grande différence. Il y a encore un défi à relever pour progresser vers le Nord-Est et les îles Saint-Paul et Amsterdam, c’est le but.
Qui sera le mieux placé au moment de parler ? Une chose est sûre, on peut leur faire confiance pour rester aux aguets et seuls maîtres de leur balade. « Non, personne ne me dit d’aller là où je ne veux pas » est finalement un peu leur mantra.
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