« Accéder à un généraliste reste compliqué », constate Agnès Hochart, directrice territoriale de l’Agence régionale de santé (ARS). Dans le Doubs, en 2020, on ne comptait que 4,3 médecins généralistes pour 10 000 habitants dans la communauté de communes du plateau de Russey. 3.3 uniquement sur le plateau de Frasne. 6.3 au pays de Maîche.
En cause : le vieillissement des soignants, dont beaucoup partent à la retraite sans être systématiquement remplacés. Et, dans le même -, le vieillissement de la population, qui s’accentue par ailleurs dans le département, favorisé par sa proximité avec la Suisse. Dans ce contexte, l’Agence Régionale de Santé (ARS) agit pour maintenir l’accès aux soins des résidents.
Cinq nouvelles maisons multiprofessionnelles
Cinq nouveaux centres de santé multiprofessionnels (MSP) ont été labellisés cette année par l’ARS en milieu rural : à Frasne, Pierrefontaine-les-Varans, Vercel, Morteau et Pontarlier. Médecins généralistes, kinésithérapeutes, pharmaciens et orthophonistes travaillent ensemble, permettant de proposer aux résidents « une offre de soins coordonnée ». Un mode de fonctionnement qui est « Source d’attractivité pour les jeunes », estime Agnès Hochart. « On a une vraie demande de la part des jeunes médecins de s’installer. Une dizaine de médecins supplémentaires ont été recrutés, notamment dans le Haut-Doubs. » Un sixième centre de santé est prévu dans le quartier de la Planoise, à Besançon « où la problématique d’accès aux soins est quasiment la même qu’en milieu rural ». Au total, le département compte désormais 32 MSP certifiés par l’ARS.
Un centre médical de garde à Pontarlier, le soir et le week-end
Dans le Doubs, il n’y en avait qu’un à Audincourt. Depuis le 1est En juillet, un deuxième centre médical de garde a ouvert ses portes juste en face de l’hôpital de Pontarlier où la démographie médicale est en tension. « 5 500 patients sont recensés sans médecin traitant et les urgences hospitalières rencontrent des difficultés à recruter des médecins », souligne l’ARS. Les patients y sont accueillis tous les soirs de la semaine de 20h à minuit, les samedis après-midi de 12h à 20h, les dimanches, jours fériés et ponts de 8h à 20h. « Nous savons combien il est difficile de trouver des soins le soir. et le week-end », précise Agnès Hochart qui explique que 28 médecins généralistes y travaillent en alternance. Moins fastidieux que de répondre à des appels chaque semaine. « Ça a tout de suite décollé : il y a vraiment une habitude. C’est rassurant de savoir qu’il existe un endroit où l’on peut se concerter », commente le directeur territorial.
Un bureau éphémère à Belleherbe
Dans les zones sous-financées ou en pénurie de services de santé, l’ARS finance des « pratiques éphémères ». A Belleherbe, “où aucun médecin n’est présent depuis plusieurs années”, un cabinet s’est installé depuis le 17 juin, en lien avec la mairie, la centrale CPTS du Doubs, le conseil de l’ordre et l’assurance maladie. Un jeune médecin y exerce actuellement, qui pourrait être rejoint par trois autres en janvier.
« Cela permet à de jeunes médecins de tester des patients en milieu rural. Souvent, ils ont peur de s’installer dans certaines zones, car le médecin qui part a une longue file d’attente active. Ils se disent : « Oh non, je ne peux pas prendre autant de patients ». Ils peuvent tester sans s’engager », explique Agnès Hochart. Selon le directeur territorial, « l’essai se transforme souvent » : des cabinets éphémères deviennent des centres de soins multiprofessionnels. « C’est ce qui s’est passé à Frasne et à Pontarlier. C’est ce qui se passe à Morteau. Nous devrions plutôt parler d’entreprise tremplin.»