La légende française du cyclisme Bernard Hinault raconte ses Tours d’Italie au JDD

La légende française du cyclisme Bernard Hinault raconte ses Tours d’Italie au JDD
La légende française du cyclisme Bernard Hinault raconte ses Tours d’Italie au JDD

Si le maillot jaune était comme une seconde peau pour le quintuple vainqueur de la Grande Boucle, le maillot rose de leader du Giro d’Italia lui allait tout aussi bien. Le natif d’Yffiniac, dans les Côtes-d’Armor, qui fêtera ses 70 ans en novembre, a remporté trois fois le Giro d’Italia dans les années 1980. Mieux encore, en 1982 et 1985, le « Blaireau », comme on le surnomme, remporte également le Tour de France. Un doublé réalisé seulement par six autres coureurs de l’histoire (Fausto Coppi, Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Stephen Roche, Miguel Indurain et Marco Pantani).

Avec l’universitaire Jean Cléder, il vient de publier Hinault, 1975-1986 (éditions Mareuil), qui revient sur son immense carrière. Si l’an prochain, on fêtera les quarante ans de son dernier maillot jaune, assure-t-il, aucun livre n’est prévu pour marquer l’événement.

“J’ai assez donné”sourit le dernier vainqueur français du Tour, qui décrit pour le JDD ses liens avec le pays qui accueille cette année les premières étapes de la plus grande course cycliste au monde.

Le JDD. Quand on vous dit « Italie », à quoi pensez-vous ?

Bernard Hinault. C’est le pays du vélo. Tous les dimanches on voit des gens partout faire du vélo. C’est fabuleux !

Le reste après cette annonce

Vous avez participé à trois Tours d’Italie (1980, 1982, 1985) pour autant de victoires finales. Vous avez également remporté le prestigieux Tour de Lombardie à deux reprises (1979 et 1984). Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de vos courses transalpines ?

(Sourire.) On mange bien. Ce n’est pas mal. Sur le Giro d’Italia, j’ai mangé des pâtes pendant 21 jours. À chaque fois, c’était différent. On n’est jamais dégoûté. Et puis, ils ont aussi de bons vins.

Le livre Hinault 1975-1986 évoque la « commedia dell’arte » dans le peloton. Que vouliez-vous dire ?

Quand vous courez ici, surtout ma génération, vous avez toute l’Italie contre vous. Vous êtes perçu comme l’étranger qui vient voler la laine aux Italiens. Même les coureurs qui ne font pas partie d’une grande équipe, s’ils peuvent faire quelque chose de méchant avec vous, ils vous le font. Mais cela fait partie de la course, il faut l’accepter. Nous venons chez eux.

« Les montagnes en Italie sont plus dures »

Là, c’est le Tour de France qui vient « à eux ». Quelles différences remarquez-vous entre le Giro et la Grande Boucle ?

En Italie, on a la chance d’avoir les Alpes au nord, et les Apennins au centre. On peut donc alterner entre étapes de plaine et de montagne plus facilement qu’en France. Et c’est génial. C’est toute la différence entre les deux tours. Et puis, la montagne en Italie est plus dure, plus dure.

Quand la presse et les fans vous demandent : « Quand un Français vous succédera-t-il sur la liste du Tour ? »vous répondez qu’il n’y en a pas actuellement dans le peloton. Mais que pensez-vous des Italiens d’aujourd’hui ? Ont-ils un futur maillot jaune ?

Il n’y a pas vraiment de coureurs italiens au-dessus du lot, « forts » comme Vincenzo Nibali [dernier lauréat transalpin du Tour, en 2014, NDLR]. Sans compter qu’il n’y a plus de grosses équipes en Italie. Filippo Ganna est très bon dans les contre-la-montre [double champion du monde de la spécialité]mais à part lui, il n’y a pas de champion qui se démarque.

Vous faites partie du club très fermé des coureurs qui ont réussi le doublé Giro-Tour de France la même année. Le Slovène Tadej Pogacar, vainqueur du Tour d’Italie 2024, a-t-il les moyens de réussir ce défi ?

Bien sûr ! Tout le monde dit que ce n’est plus possible. Pourquoi cela ne serait-il pas possible, cela voudrait-il dire que les coureurs d’aujourd’hui sont pires que nous ? Sauf accident, Pogacar gagnera le Tour de France.

L’Italie succède à l’Espagne (Bilbao 2023) et au Danemark (Copenhague 2022). On entend souvent les esprits critiques s’étonner de ces Grands Départs de l’étranger. A votre époque, sur les huit Tours de France que vous avez courus, vous avez eu trois départs hors des frontières : les Pays-Bas en 1978, l’Allemagne en 1980 et la Suisse en 1982. C’est donc loin d’être une tendance nouvelle…

Cela existe depuis Amsterdam en 1954… Quand le Tour de France se rend dans un autre pays, c’est une fête fantastique. Quand on voit la foule, la joie qu’elle apporte aux spectateurs, on ne peut pas les en priver.

L’année prochaine, avec un départ de Lille, pensez-vous que le parcours empruntera vos routes bretonnes, après trois ans d’absence ?

Si vous partez du Nord, vous descendez par la Normandie avant d’aller retrouver la Bretagne. Y aura-t-il ensuite un transfert en avion de la Bretagne vers les Pyrénées ou vers les Alpes ? On verra bien…

 
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