Dans un contexte géopolitique tendu, marqué par des conflits à travers le monde, des crises sanitaires récurrentes, des coups d’État en Afrique de l’Ouest, des crises économiques, le processus de développement en Afrique est plombé. Cette situation signifie que les États et les populations sont de plus en plus confrontés à la rareté des ressources économiques.
Ainsi, la Direction du Développement du Capital Humain (DDCH) au Ministère de l’Economie et du Plan a organisé, ce mercredi, un atelier sur l’appui technique à la prise en compte de la budgétisation sensible au dividende démographique dans le processus budgétaire au Sénégal.
Par ailleurs, le Sénégal a été choisi par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) comme pays pilote aux côtés du Bénin, du Niger, du Burkina Faso, du Togo et de la Côte d’Ivoire, pour expérimenter une budgétisation sensible au dividende démographique.
« Ce choix arrive à point nommé puisque la population du Sénégal est fortement caractérisée par sa jeunesse avec un âge moyen de 23,6 ans en 2023 et 35,8% de la population totale ayant un âge compris entre 15 et 35 ans selon le Recensement Général de la Population. et l’Habitat (RGPH 5) de 2023 », explique le directeur de la DDCH, Assane Ndiaye.
Selon lui, les modèles macroéconomiques et macro-financiers mis en œuvre par certains Etats n’ont pas permis le décollage économique de l’Afrique. Face à ce constat, les pays africains souhaitent expérimenter de nouvelles approches afin de mieux gérer la demande sociale.
« C’est ainsi que les chefs d’État de l’Union africaine (UA) ont décidé de mettre en œuvre une approche démo-économique, basée sur la captation du dividende démographique et ont consacré le thème de leur sommet à cet effet. de 2017, pour capter le dividende démographique en investissant massivement dans la jeunesse. Cette nouvelle approche démoéconomique est matérialisée au niveau financier et budgétaire par la CREG et la CEA des Nations Unies à travers une Budgétisation Sensible au Dividende Démographique (BSDD) basée sur une modélisation macro-budgétaire », a-t-il indiqué.
« Le Sénégal ne profite pas pleinement du dividende démographique et surtout de sa jeunesse »
Assane Ndiaye informe que l’objectif principal de ce BSDD est d’accélérer le processus de captation du dividende démographique afin de stimuler le processus de développement durable.
« La population potentiellement active (15 à 64 ans) ou population en âge de travailler représente 57,1 % de la population totale et les personnes âgées de 65 ans et plus ne représentent que 3,8 % de la population totale selon les données de 2023. On peut en effet dire que Le Sénégal a une configuration démographique favorable au développement donc un bonus démographique. Même si les données de 2023 démontrent que le Sénégal a progressé dans la captation du dividende démographique avec un DDMI passant de 41,5% en 2011 à 49,2% en 2019, soit un bond de 7,7 points de pourcentage. », déclare-t-il. Avant d’ajouter : « Ce gain s’explique par la mise en œuvre des réformes et des projets initiés par le Gouvernement avec des progrès réels enregistrés dans quatre dimensions entre 2011 et 2019, à savoir la couverture de la dépendance économique, dont l’indice est passé de 37,1% à 50,5%, l’indice synthétique. L’Indice de Pauvreté de Sortie passe de 59,9% à 61,7%, l’Indice de Développement Humain Elargi qui passe de 48,6% à 53,5% et l’Indice Synthétique. L’Indice Réseaux et Territoires (ISRT) qui a augmenté de 18,7% à 29,1%.
Par ailleurs, le Directeur de la DDCH indique que l’indice de qualité de vie (IQCV) a enregistré une baisse de 4 points passant de 63,2% en 2011 à 59,7% en 2019. Une baisse qui résulte des perturbations enregistrées sur toute la période dans le sous -dimensions liées à la gouvernance et à l’engagement civique des citoyens. Un effort pour améliorer ces sous-dimensions permettrait au Sénégal d’enregistrer un bond considérable dans la captation du Dividende Démographique (DD).
« Malgré les progrès enregistrés dans la captation du dividende démographique entre 2011 et 2019, force est de constater que le DDMI reste en dessous du seuil critique de 50%, démontrant que le Sénégal ne profite pas pleinement du dividende démographique et surtout de sa jeunesse. Le Sénégal, en étroite collaboration avec la CEA et la CREG, est ainsi engagé dans la conception et la mise en œuvre de la BSDD pour accélérer le processus de captation du dividende démographique », a soutenu M. Ndiaye.