Le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur mercredi au Liban.
Une trêve obtenue grâce aux efforts de Washington, mais aussi de Paris.
C’est ce qu’explique David Rigoulet-Rose, chercheur associé à l’IRIS, à TF1info.
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Liban : un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
Une trêve entre Israël et le Hezbollah. Après plus d’un an d’hostilités transfrontalières et deux mois de guerre ouverte, les deux ennemis ont accepté mardi 26 novembre les conditions d’un cessez-le-feu. Le fruit d’un intense ballet diplomatique orchestré par Washington, mais aussi par Paris, comme l’explique à TF1info par David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS et rédacteur en chef de la revue « Orients Stratégies ».
Le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah constitue-t-il une victoire diplomatique pour la France ?
David Rigoulet-Rose : Un binôme franco-américain s’est formé depuis plusieurs mois pour obtenir ce cessez-le-feu. La France fait donc partie de la réussite de l’accord, même si les choses n’ont pas toujours été simples : du côté israélien, il y avait des résistances à ce que Paris joue un rôle trop important. Notamment en raison du différend qui a surgi, notamment ces dernières semaines, entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahu, ainsi que des déclarations jugées intempestives, avec des incompréhensions de part et d’autre.
Cela a peut-être justifié les soupçons du côté israélien, même si du côté libanais une demande visant à ce que la France soit impliquée dans le processus de négociation en raison des anciennes relations historiques entre les deux pays. C’était évidemment aussi le souhait des Américains, qui ont fini par convaincre l’État juif qu’il n’était pas possible que la France ne fasse pas partie du processus. Notamment dans le cadre du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu impliquant la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban, NDLR), auquel participe la France avec environ 700 soldats.
Comment expliquer l’influence de la diplomatie française dans les négociations ?
La France a une très vieille tradition de relations avec le Liban. Elle a l’occasion de discuter avec nombre d’interlocuteurs libanais, notamment discrètement avec des représentants du Hezbollah. Les Américains voulaient donc que Paris soit impliqué dans les discussions, même si l’influence française est sans doute moins importante que par le passé : on l’a vu en janvier, avec le plan français présenté pour le Liban. Elle n’a pas pu être validée, car il y a eu obstruction du Hezbollah, puis le lancement de l’opération au Liban a changé la donne.
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Comment la France peut-elle participer au respect du cessez-le-feu ?
Il y aura un encadrement franco-américain, mais la véritable garantie du respect du cessez-le-feu repose essentiellement sur les Etats-Unis. Ce sont les Américains qui ont validé la clause de sauvegarde, pour qu’Israël puisse relancer les opérations en cas de violation des termes de l’accord.
Cet accord est-il un coup dur pour le Hezbollah ?
Cela constitue une dévaluation stratégique du Hezbollah. Tant sur le plan extérieur, en tant qu’intermédiaire privilégié de l’Iran, que sur le plan interne, de la scène politique libanaise. Elle est affaiblie comme elle l’a rarement été : elle a perdu les deux tiers de ses munitions et de ses armes, ainsi que près de 3 500 miliciens, sa structure politico-militaire a été décapitée. C’est pourquoi il se voit contraint d’accepter les termes restrictifs de l’accord. Alors qu’il avait jusqu’alors fait obstacle à la demande israélienne d’intervenir à nouveau sur le sol libanais en cas de violation du cessez-le-feu. Le Hezbollah, qui argumentait cette opposition en y voyant un obstacle à la souveraineté libanaise, a finalement dû y renoncer.