Au milieu du prétoire de la salle d’audience du tribunal judiciaire de Brest, un survêtement jaune fluo brille ce vendredi 28 juin 2024 au matin. C’est celle d’un homme de 22 ans qui, en revanche, ne brille pas par son éloquence puisqu’il choisit de garder le silence. Sans l’assistance d’un avocat, il écoute impassiblement la présidente Nathalie Le Borgne expliquer son cas.
Le 31 août 2023 vers 15 heures à Brest, il tente d’échapper aux forces de l’ordre dans le cadre d’une opération « stupéfiants » dans le quartier de Kerangoff. En prenant la fuite, le suspect abandonne rapidement un sac contenant 4 g de cannabis. Lors de son interpellation, le jeune Brestois insulte les fonctionnaires : « bande d’idiots, fils de pute ». Avant de menacer l’un des agents : « Je sais où vous habitez, Brest c’est petit ! ». Celui dont le casier judiciaire est déjà entaché par une vingtaine de condamnations est ainsi renvoyé devant le tribunal correctionnel comme récidiviste pour usage illicite de stupéfiants et outrage.
« Un profond mépris »
« Admettez-vous les faits ? lui demande le magistrat. « Je garderai le silence ! » il répète. Rappelant ses précédentes condamnations – injures, rébellion, violences sur ascendant, etc. – le juge souhaite néanmoins en savoir plus : « Avez-vous un problème avec l’autorité ? Même réponse de la part de l’habitué : « Je garderai le silence ». “Es-tu violent ?” insiste le président du tribunal, qui lui explique qu’un jugement implique la connaissance du prévenu. « Je garderai le silence », répète-t-il avant de garder le silence jusqu’à la fin des débats.
Il ne bronche pas lorsque l’avocat des policiers insultés, Bertrand Labat, constate « son profond mépris ». Pas plus lorsque la procureure Isabelle Johanny demande un an de prison avec mandat de dépôt à l’audience. Et tandis que le juge se retire pour délibérer, il quitte rapidement le Palais sans un mot. Il n’entend pas la peine prononcée contre lui : dix mois de prison et 300 euros pour chaque policier, en réparation de leur préjudice moral.
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