Père et ex-mari condamnés à trente ans de réclusion criminelle – .

Père et ex-mari condamnés à trente ans de réclusion criminelle – .
Père et ex-mari condamnés à trente ans de réclusion criminelle – .

« Nous sommes rassurés par cette décision, je sais, c’est triste à dire, je ne le souhaite à personne, confie la mère de famille de 45 ans, les yeux encore embués. Maintenant, nous allons pouvoir nous reconstruire. » Il est presque 19 heures ce vendredi 28 juin et la cour d’assises de Charente-Maritime vient de rendre son verdict.

L’homme qui a failli se donner la mort ce jour-là, en mars 2021, vient d’être condamné à trente ans de réclusion criminelle, soit dix ans de plus que ce que le procureur général avait requis un peu plus tôt. Le tribunal a estimé que « la gravité exceptionnelle de ces deux crimes, la détermination particulière » de l’accusé justifiaient une peine plus lourde.

Pour moi, il n’y avait aucun signe avant-coureur

Depuis la veille, jeudi 27 juin, la cour d’assises de Charente-Maritime, réunie à Saintes, juge ce Poitevin de 58 ans, arrivé sur la côte royanaise en juillet 2020. Le 17 mars 2021, « pour punir » son épouse qui voulait divorcer, il avait tenté d’assassiner, armé d’un couteau, leur fille de 12 ans sur le parking du centre équestre Maine Gaudin, à Saint-Palais-sur-Mer. Il était également inculpé de tentative de meurtre sur son ex-femme. S’il a toujours reconnu sa volonté de mettre fin à la vie de sa fille, il conteste dès le premier jour toute volonté de tuer sa compagne d’alors. Mais la cour ne l’a pas vu de cette oreille.

Névrose obsessionnelle

Ce vendredi nous a permis de revenir sur cet acte terrible, avec les mots de l’accusé. Le dimanche 14 mars 2021, mère et fille quittaient définitivement le domicile familial de Vaux-sur-Mer pour s’installer chez un collègue du quadragénaire. Quatre jours plus tôt, la jeune femme avait exprimé son désir de divorcer. « J’ai trouvé notre relation adaptée, confie-t-il. Pour moi, il n’y a eu aucun signe avant-coureur. » Ainsi ses deux piliers, le travail – qu’il était en train de perdre – puis sa famille, à laquelle il se consacrait entièrement, se sont effondrés coup sur coup.

Cela se traduit par une rigidité, une pensée très fonctionnelle avec toujours le sentiment que l’autre sort des sentiers battus.

La psychologue estime que l’accusé souffre de névrose obsessionnelle. « Cela se traduit par une rigidité, une pensée très fonctionnelle avec toujours le sentiment que l’autre est en dehors du cadre », explique-t-elle. Cela expliquerait pourquoi la mère n’avait pas le droit de prendre son petit-déjeuner en pyjama, elle devait être habillée. « Cette pathologie se traduit aussi par une auto-punition, la personne se prive de plaisir », ajoute-t-elle. Sauf que ce dernier a terriblement souffert de la rigidité du chef de famille, qui n’en a jamais eu conscience. D’où ce choc pour lui, qui l’a poussé à se lancer dans cette entreprise désastreuse.

« Une action très réfléchie »

Dans la matinée du mercredi 17 mars 2021, il décide d’abord de se suicider : « Et puis, j’ai changé d’avis, j’ai pris la décision de tuer ma fille, puis de mettre fin à mes jours. » Pour que sa femme souffre autant que lui, expliquera-t-il. Le président Wastl-Deligne pointe « l’énorme disproportion » entre la séparation et l’envie de tuer sa fille. Le quinquagénaire réitère son incapacité à expliquer ses actes par un plan minutieux préparé à l’avance : repérage au centre équestre, achat de couteaux, location d’une voiture pour ne pas être identifié. « Une action très réfléchie », souligne le magistrat.

Entre sa décision et l’attaque, il y a eu de nombreuses occasions de reprendre ses esprits, mais il l’explique encore par la colère en lui, qui « ne s’était pas apaisée ». Vient ensuite le moment sensible de la journée, avec le récit de l’agression de son enfant. “C’est ta fille et tu ne t’arrêtes pas ?” demande le président. Le quinquagénaire ne parvient pas à l’expliquer : « J’ai fait un geste fou que je regrette sincèrement », avoue-t-il en larmes. “Je suis désolé je suis désolé.”

” C’est trop tard “

Pour son plaidoyer, M.e Me Chaleix, qui défend la jeune fille de 15 ans, avait sorti sa calculatrice : « Ils vivent avec ça depuis 1199 jours ! Ça les hante jour et nuit ! » Frédéric Ebel, l’avocat général, qui avait requis vingt ans de réclusion criminelle, a également pointé la rigidité du quinquagénaire : « Il était prêt à tuer son enfant. Qui a pu avoir cette idée ? Ça fait frémir. »

Me Lochet, qui défend l’accusé avec Met Sevet a voulu montrer au tribunal « qu’un acte monstrueux n’est pas forcément commis par un monstre ». Elle a ensuite insisté sur « le débordement émotionnel » qui a affecté son client, l’empêchant « d’arrêter l’acte ». La mère de famille a bien sûr entendu les excuses que son ex-mari lui a présentées ainsi qu’à sa fille, mais le mal était déjà fait : « C’est trop tard », nous a-t-elle dit après le verdict.

 
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