le casse-tête climatique – .

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C’EstC’est probablement le défi le plus difficile des Jeux olympiques d’été de 2024 : relever le défi d’émettre deux fois moins de CO2le principal gaz à effet de serre responsable du changement climatique, qu’à Londres en 2012.

Jusqu’à présent, l’équipe de Paris 2024 n’avait communiqué que sur la répartition de son budget carbone : un tiers pour la construction (villages olympiques et médiatiques, centre aquatique de Saint-Denis), un tiers pour les transports (athlètes, spectateurs et journalistes), et enfin un le tiers pour le reste (alimentation, énergie, etc.).

Pour la première fois, le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) a présenté ses plans pour les ” contribution ” climat. Ou comment compenser 1,473 million de tonnes de CO2soit 100 000 tonnes de moins que l’objectif affiché par les organisateurs (1,58 million de tonnes). C’est à la fois faible par rapport aux émissions totales en France chaque année. Mais c’est aussi beaucoup dans la perspective d’une décarbonation à l’horizon 2050. Bref, derrière son apparence technique, cette question est très politique : les JO sont-ils compatibles avec le choc climatique ?

Pour y répondre, Cojop bénéficie du soutien de Marion Guillou, spécialiste des questions alimentaires et membre du Haut Conseil pour le Climat, qui l’a félicité pour son “volontarisme” à l’ouverture de la conférence de presse.

Neuf projets internationaux

Que retenir de ces annonces ? À ce jour, Paris 2024 a acquis 11,3 millions d’euros de crédits carbone. Ce système de compensation volontaire consiste à verser des aides financières aux projets qui créent ou préservent des systèmes absorbant le CO2 (reforestation, protection des espaces naturels, soutien aux projets d’énergies renouvelables, etc.). En échange de l’argent dépensé, les entreprises polluantes obtiennent le droit de déduire le CO de leur empreinte carbone2 que ces actions contribuent à éviter.

Les anneaux olympiques sur la Tour Eiffel à Paris. © Photo Olympia de Maismont / AFP




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Dans ce cas, la Cojop a décidé de soutenir neuf projets internationaux de compensation carbone : au Kenya, en République démocratique du Congo, au Rwanda, au Sénégal (où doivent se tenir les Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2026), ou encore au Vietnam.

Protection de la mangrove, accès à l’eau, installation photovoltaïque, foyers de cuisson améliorés, mais aussi actions en faveur de l’éducation et contre les inégalités de genre. Les projets présentés correspondent aux critères de responsabilité environnementale et sociale des entreprises. Ils ont été portés à Paris 2024 par une start-up spécialisée dans le conseil en marché carbone, Abatable (qui compte parmi ses clients Nestlé, Axa, Chanel…) et le bureau d’études EcoAct, filiale de Schneider Electric.

62 % des crédits carbone issus de ces projets internationaux ont été labellisés Verified Carbon Standard (VCS), géré par l’ONG américaine Verra, qui certifie à elle seule les trois quarts de tous les crédits carbone dans le monde. (voir annexes). Il s’agit de la norme de compensation carbone la plus utilisée au monde. Deux des cinq projets labellisés VCS bénéficient d’un label supplémentaire de Verra, plus axé sur la conservation de la biodiversité et le soutien aux communautés.

Problème : en mai 2021, une enquête conjointe de Gardien et Unearthed (la branche d’enquête de Greenpeace) ont révélé que le système de Verra pour calculer les réductions d’émissions pour les projets certifiés VCS n’était pas techniquement fiable.

Rebelote, en janvier 2023 : Le gardien, Collectif d’investigation britannique SourceMaterial et hebdomadaire allemand Le temps L’ONG Verra a publié une étude montrant que 94% des crédits carbone certifiés par Verra pour la protection des forêts tropicales n’avaient en réalité aucun effet bénéfique sur le climat. Le programme de certification de Verra aurait surestimé de 400% en moyenne la menace de déforestation dans les zones abritant des projets de compensation carbone, ce qui aurait pour effet de surestimer l’effet bénéfique de ces projets.

Par ailleurs, les projets de compensation carbone dans les pays du Sud sont de plus en plus controversés pour leurs abus en termes de respect des droits humains, notamment des droits des peuples autochtones, de plus en plus documentés en Asie, sur le continent africain et en Amérique du Sud.

Compensation carbone française

Par ailleurs, la Cojop a également lancé un appel d’offres en mars 2023 pour financer des projets en France visant à compenser l’émission de 35 000 tonnes équivalent CO.2.

Ces projets sont labellisés « Label Bas Carbone », le la seule norme de compensation carbone applicable en France et qui a été lancée en 2019 par le Ministère de la Transition Ecologique. « Le Label Bas Carbone est un cadre de certification permettant de faire évoluer les pratiques agricoles ou forestières synonymes de réduction des émissions ou de captage de carbone. Elle s’étend également désormais à d’autres secteurs, comme les déchets ou le bâtiment. »explique Stéphanie Barral, sociologue économiste à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).

L’appel d’offres des organisateurs des Jeux Olympiques a été structuré en trois lots, finançables sur au moins deux ans : un pour « projets développés dans le cadre des méthodes forestières »un autre pour des projets agricoles et un dernier intitulé “Autres méthodes”. Or, comme l’a confirmé Cojop à Mediapart, suite à des contraintes budgétaires, seul le lot dit « forestier » a finalement été attribué (à l’Office national des forêts et à la Société forestière de la Caisse des dépôts) et permettra de compenser à peine 14 500 tonnes équivalent CO2.

Pour les JO 2024, quatre projets ont été retenus, dans le Val-d’Oise, dans l’Aisne et dans les Vosges. Mais l’efficacité climatique de cet étiquetage peut poser question car, comme le souligne Stéphanie Barral : « Ce sont les organisations professionnelles qui se sont chargées d’élaborer le cahier des charges du « Label Bas Carbone ». Pour son volet forestier, ce sont les Centre national de la propriété forestière [organisme qui représente les 3,5 millions de propriétaires forestiers privés en France, placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture – ndlr] qui a fourni une expertise technique. Cela pourrait donner lieu à un potentiel conflit d’intérêts.

Et le chercheur a ajouté : « Le gros problème avec cette étiquette est queil repose sur un financement privé et irréguliermet ça pour le moment les crédits sont incapables de avec vendre. Financement fours amélioré pour les femmes d’Afrique subsaharienne pour qu’ils consomment moins de bois, cela reste bien moins cher que la culture des forêts en France. » Selon les organisateurs des Jeux olympiques de 2024, le coût de la compensation carbone en France serait 6 à 7 fois plus élevé qu’à l’international.

Il faudra attendre la fin de l’événement pour pouvoir dresser le bilan carbone complet de Paris 2024. Le think tank d’experts The Shifters vient de calculer que l’impact sur le climat du déplacement des spectateurs internationaux pourrait être le double de ce qui est prévu jusqu’à présent, soit environ 1,1 million de tonnes de CO2.

Du béton à l’empreinte carbone sous-estimée

Émissions de CO2 Les constructions olympiques pourraient également être sous-estimées. D’abord parce que l’arène de la Porte de la Chapelle n’a pas été comptabilisée, « La ville de Paris allait le construire de toute façon », avec ou sans Jeux, expliquent les organisateurs.

Ensuite parce que le village olympique a été construit en partie avec du béton « bas carbone », voire « ultra bas carbone ». L’entreprise qui réalise les travaux olympiques propose deux solutions “innovant” : la gamme Exegy de Vinci – qui a réalisé une partie du nouveau quartier – et le béton H-UKR de la société Hoffmann Green.

Les deux produits ont le même problème : ils remplacent le composant le plus polluant, le clinker, par un déchet issu de la production d’acier, le laitier. Or, ce matériau est notoirement sous-estimé dans l’empreinte carbone industrielle.

« Au début, l’empreinte carbone du laitier n’était même pas prise en compteexplique Guillaume Meunier, expert en construction bas carbone, et co-auteur d’une analyse qui a largement circulé parmi les architectes, estimant à environ 400 kilos de CO2 par tonne l’empreinte carbone des scories. L’État a demandé aux cimentiers d’en tenir compte. Mais les valeurs retenues sont nettement inférieures à ce que nous avions proposé.»

Le ministère du Logement a recommandé en 2021 de compter 83 kilos de CO2 par tonne, soit 5 fois moins. « C’est bien beau d’utiliser du béton à faible teneur en carbone. Mais la vraie solution est de réduire la quantité de béton. »poursuit Guillaume Meunier. Malgré ces énormes moyens, le volontarisme climatique de Paris 2024 a ses limites.

 
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