Les athlètes russes pris entre tensions politiques et amertume sportive – .

Les athlètes russes pris entre tensions politiques et amertume sportive – .
Les athlètes russes pris entre tensions politiques et amertume sportive – .

Cela aurait dû être une excellente séance d’entraînement pour les Jeux olympiques. Mais pour les escrimeurs russes, ce week-end de printemps de compétitions nationales dans l’une des salles de sport les plus flamboyantes de Moscou est devenu un objectif en soi. Avec une grande gagnante, après une journée de combat avec ses plus jeunes concurrentes : Sofia Velikaïa, multiple médaillée olympique depuis 2012, à Londres, Rio et Tokyo. Le champion ne sera pas à Paris cet été. Aucun escrimeur russe n’ira à ces Jeux olympiques. « Nous n’allons pas diviser notre équipe entre ceux qui sont populaires et ceux qui sont de « mauvais Russes » aux yeux de l’Occident. »a prévenu Ilgar Mamedov, président de la Fédération russe d’escrime.

Des conditions de neutralité drastiques

Entre tensions politiques et amertume sportive, la menace de boycott a de facto été mise à exécution. Deux ans après le lancement par le Kremlin de « opération spéciale » En Ukraine, la Russie est toujours bannie de la communauté olympique. Mais le CIO a recommandé aux autorités de chaque sport d’autoriser les athlètes russes à participer aux compétitions de qualification en tant qu’individus et neutres, sans hymne ni drapeau, sans équipe ni support.

Les meilleurs tireurs étaient automatiquement exclus, soit pour avoir soutenu l’offensive militaire du Kremlin, soit en raison de leur appartenance à un club sportif lié aux forces de sécurité. D’autres étaient éligibles. Mais comme dans de nombreux autres sports, ils n’ont pas participé aux qualifications. « Si tu t’aimes plus que ton pays, va à Paris… »menacé Ilgar Mamedov.

En cyclisme, natation, gymnastique, haltérophilie ou encore lutte, les sportifs ont bel et bien gagné leur place à Paris. Le 27 juin, le CIO a dévoilé une liste de… 23 athlètes russes – bien loin des 330 lors des JO de Tokyo 2021. Ces sportifs devaient non seulement passer par l’étape des qualifications mais ils étaient aussi soumis à un double contrôle, par leur fédération internationale puis par le CIO. Deux impératifs : ne pas avoir soutenu activement l’offensive en Ukraine et ne pas être lié à l’armée ou aux agences de sécurité nationale.

Ces athlètes porteront un maillot décoré du sigle « AIN » (athlète indépendant et neutre) sur fond vert pomme avec, en cas de victoire, une courte composition musicale en guise d’hymne. Et ils seront exclus de la cérémonie d’ouverture. A Moscou, les autorités et les médias publics accusent le CIO d’avoir « s’est transformé en racisme et en néonazisme »les présidents de fédération jugent ces conditions “humiliant”.

« Jeux de la honte », « athlètes déchaînés » : les sportifs sous pression pour ne pas aller à Paris

Depuis, l’un des rares grands noms russes qualifiés a préféré se retirer : le cycliste Aleksandr Vlasov. « Le profil de la piste parisienne ne lui convient pas. Et son emploi du temps est très chargé »a justifié sa fédération. Ces explications, véritablement fausses, cachent une autre réalité : les athlètes russes sont soumis à une forte pression politique et médiatique pour ne pas se rendre à Paris.

« Le Kremlin de Vladimir Poutine a permis aux athlètes de participer individuellement. Mais le président aurait dû imposer un boycott. Ces Jeux olympiques sont des jeux de la honte », confie un journaliste sportif de renom. Comme d’autres, il lance depuis des mois l’offensive contre les athlètes qui, suffisamment « vierges » politiquement, sont acceptés par le CIO mais sont vus à Moscou en « traîtres »Le président de la fédération de gymnastique rythmique a même prévenu que « Les participants formeront une équipe de sans-abri, totalement déshumanisés. Les gens ne leur pardonneront pas. » Et l’ancienne gymnaste soviétique Lidia Ivanova a dénoncé « une poignée de sportifs rampants ».

Alors qu’en réalité les sportifs russes s’entraînent désormais dans un pays fermé et sans ambition olympique, beaucoup font semblant de se concentrer sur d’autres événements : les jeux des BRICS qui viennent de se tenir à Kazan au bord de la Volga avec des athlètes de cette organisation de pays émergents (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Russie…) ; mais surtout, à Moscou en septembre, les « Jeux de l’amitié » auxquels seront conviés des sportifs du monde entier. « pays amis ».

“Ces événements sont destinés à compléter le mouvement olympique, transformé en instrument de la politique occidentale.”a dénoncé Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères. Le Kremlin, de son côté, a promis que les vainqueurs bénéficieraient de primes et de statuts habituellement accordés aux médaillés olympiques…

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À qui profitera l’absence des Russes ?

Le 27 juin, le CIO a publié une liste de 23 athlètes russes et 17 athlètes biélorusses invités à Paris, dans sept disciplines (aviron, cyclisme, gymnastique, lutte, haltérophilie, tennis et tir). 10 d’entre eux ont déjà décliné, dont deux grands noms du tennis : le Russe Andrey Rublev, numéro 6 mondial, et la Biélorusse Aryna Sabalenka, numéro 3 mondiale.

Selon une étude du média russe indépendant Holod, En juillet 2023, plus de 200 sportifs russes ont entrepris des démarches pour obtenir une autre nationalité et ainsi tenter de se qualifier sous d’autres couleurs.

Alors que la Russie est la deuxième nation la plus titrée aux Jeux olympiques depuis 1896, l’absence des Russes – ils étaient 335 à Tokyo – promet des Jeux beaucoup plus ouverts, notamment dans les disciplines phares des Russes comme l’escrime ou la gymnastique.

 
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