Un an après les émeutes urbaines de Brest, ces commerçants craignent un nouvel embrasement.

Un an après les émeutes urbaines de Brest, ces commerçants craignent un nouvel embrasement.
Un an après les émeutes urbaines de Brest, ces commerçants craignent un nouvel embrasement.

Frédéric Devaux (Lacoste) : « Le traumatisme est toujours là »

« Le 29 juin 2023, j’ai été informé que mon magasin avait été attaqué et cambriolé. J’y ai passé le reste de la nuit. Et les trois suivants. Au total, entre le prix des biens volés et les travaux à réaliser, le préjudice s’élève à 40 000 €, hors pertes d’exploitation. L’assurance a bien fonctionné… Mais oui, le traumatisme est toujours là : aujourd’hui, je ne peux plus regarder les images de vidéosurveillance de cette nuit-là. Ils ont quand même passé quinze ou vingt minutes à frapper la vitre avec une masse avant de la faire tomber. Quels chocs, outre la violence, pourquoi ? Quel est le lien entre la mort tragique d’un enfant à Nanterre et le pillage de mon commerce ?

« Je suis inquiet. Pas pour l’anniversaire de ces émeutes, mais à cause du contexte des législatives anticipées. Si le RN passe, j’ai peur des réactions de l’ultra-gauche à Brest, plus que de celles des quartiers »

Deux des jeunes qui avaient pillé le magasin ont été identifiés et jugés. Je suis allé à l’audience pour essayer de leur faire comprendre que derrière les symboles qu’ils attaquaient, derrière les enseignes nationales, il y a des gens, des emplois, et qu’il n’est pas neutre de les ignorer. Ce qui m’a frappé, c’est que ces jeunes n’étaient pas des voyous, mais des gamins apparemment ordinaires. Aujourd’hui, oui, je suis inquiet. Pas pour l’anniversaire de ces émeutes, mais à cause du contexte des élections législatives anticipées. Si le RN passe, j’ai peur des réactions de l’ultra-gauche à Brest, plus que de celle des quartiers. Peut-être pas ce dimanche 30, mais le 7 juillet. J’ai déjà prévu un dispositif de sécurité. Parce que je n’ai pas envie de revivre ce que j’ai vécu l’année dernière. »

Claire Kerbiriou (Jott) : “Six mois pour récupérer”

« Cette nuit-là, nous étions au lit avec mon mari, à La Forest-Landerneau où nous habitons, quand la police nous a appelés. Ils nous ont dit de nous dépêcher, car ils étaient débordés et ne pouvaient pas rester pour surveiller le magasin. Nous sommes arrivés, nous avons vu la vitrine brisée, la moitié du magasin vide… Nous sommes restés là toute la nuit tous les deux, avec quatre étudiants en médecine restés pour nous aider. Nous avons allumé toutes les lumières pour dissuader les pillards. Nous n’avions rien pour nous défendre, nous avons juste pris l’extincteur, au cas où… Notre société de télésurveillance ne nous a prévenus qu’une heure plus tard : ils avaient été totalement submergés ce soir-là.

« Quand on arrive comme ça, dans cette ambiance, en pleine nuit, avec des gens qui essaient encore d’entrer, ça laisse une impression durable. »

Le magasin a un système d’alarme, une vidéo, une vitrine aussi épaisse… On se croyait protégés. Mais ils étaient une dizaine, frappant avec des marteaux, des barres de fer. Quand on se présente comme ça, dans cette ambiance, en pleine nuit, avec des gens qui essaient encore d’entrer, on a l’impression d’être en guerre. Cela laisse une marque durable. Le lendemain, nous avons installé un agent de sécurité. Il est resté les six jours suivants. Le préjudice total s’élève à 30 000 €. Nous avons été bien et rapidement remboursés par notre assureur. Mais il m’a fallu six mois pour récupérer. Désormais, nous avons toujours la clé du magasin dans notre poche pour pouvoir le fermer si nous sentons une agression. Nous appréhendons un peu cet anniversaire, surtout avec le climat électoral. Nous avons demandé à notre compagnie d’assurance si nous devions prendre des mesures, nous protéger. Ils nous ont dit que ce n’était pas nécessaire, alors nous espérons que tout se passera bien.

Anaïs (Allianz) : « On essaie de ne pas trop y penser »

« Comme il faisait nuit, nous n’étions pas présents, heureusement. Le matin nous avons découvert les vitres brisées et la fenêtre complètement caillassée. Cela fait toujours mal au cœur de voir votre lieu de travail dévasté. Surtout pour les collègues qui y travaillent depuis des années. Après, nous sommes assureur donc nous connaissons bien les sinistres.

On compte sur la protection des œuvres. A priori, le trottoir est trop étroit pour qu’une marée humaine, comme on l’a vu dans les vidéos de l’année dernière, vienne attaquer l’agence. Ce serait dangereux pour eux d’enjamber toutes les œuvres. Et puis, à part le matériel informatique qu’ils pourraient voler, il n’y a pas grand-chose. On essaie de ne pas trop y penser. Il faut juste ne pas être là si ça arrive. »

 
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