A Bruxelles, que vous soyez un architecte de renom ou un particulier souhaitant changer la nature de votre bâtiment, vous devez faire face à la demande de permis parfois pénible. Une procédure qui conduit très fréquemment à devoir procéder à une enquête publique. Lors de cette enquête, les documents relatifs à votre projet d’urbanisme doivent être consultables car toute personne doit pouvoir se prononcer sur vos plans. Le futur quartier général de la Défense, situé à cheval sur le territoire bruxellois et flamand, ne déroge pas à la règle.
La Dernière Heure, dès qu’elle a eu connaissance de la mise en ligne desdits documents, compte tenu de leur nature particulière, a alerté le cabinet du secrétaire d’État chargé de l’Urbanisme Ans Persoons (Vooruit) qui a, à son tour, prévenu la Défense et a fait supprimer les plans du site Web par mesure de précaution. Ceux-ci ne sont donc plus accessibles à l’heure où j’écris ces lignes. Ces documents seront néanmoins restés en ligne pendant près de 48 heures, téléchargeables et sans restriction d’accès.
« Plans nettoyés »
Un œil averti en architecture pourrait immédiatement le remarquer : ces plans n’étaient pas ordinaires. En fait, nous ne pouvions pas voir les affectations et fonctions précises de chaque pièce. “Ce sont des plans nettoyés, affinés, où nous avions mis le strict minimum pour respecter la procédure d’enquête publique dans un souci de transparence”, commente la Défense. Impossible donc de savoir quel général occupera quelle fonction, etc. Or, les plans d’accès et de circulation du lieu sont déjà des informations sensibles en eux-mêmes. Une personne compétente pourrait probablement rendre ces projets plus publics.
“Nous pensions que les documents ne seraient accessibles que sur demande et sans pouvoir en faire une copie”, commente le chef de projet pour la Défense. “Ceux qui les consultaient devaient être identifiables. Mais c’était avant Openpermits, lorsqu’il fallait faire une demande à la commune pour avoir accès au dossier d’une enquête publique. “Nous ne pensions pas que cela se passerait ainsi, que les plans seraient téléchargeables par tout le monde, sans pouvoir savoir qui avait vu quoi. Mais il fallait aussi prévoir ces plans, notamment pour Siamu (Service d’incendie et d’aide médicale d’urgence de la Région de Bruxelles-Capitale) en cas d’évacuation du futur bâtiment.
À qui la faute ?
Ces documents n’auraient donc pas dû être mis à la disposition du grand public. L’administration régionale en charge du traitement des demandes de permis d’urbanisme. bruxelles explique la procédure : «dans le cadre de l’enquête publique pour l’obtention du permis, il est demandeur du projet (ici, Défense, NDLR) qui se charge de télécharger les documents sur la plateforme Openpermits quelques jours avant le début de l’enquête. Une fois les documents déposés et le dossier complet, il est automatiquement mis en ligne après validation par le demandeur. Urban n’intervient pas dans cet aspect et n’est pas responsable des documents téléchargés sur la plateforme.
Pourquoi nous n’investissons toujours pas dans l’industrie de la défense
L’administration régionale précise en outre que, même dans le cas d’un site sensible, comme la prison de Haren ou l’état-major de la Défense, «il n’y a pas de procédure spécifique car c’est toujours le demandeur qui est en charge des documents qu’il télécharge sur la plateforme. Le chef de projet Défense assure qu’une enquête est en cours pour identifier les téléchargements des plans qui ont pu être réalisés.
Le projet de nouveau siège n’a pas été abandonné. « Aucune information sensible n’a été divulguée. Il s’agissait bien de plans nettoyés, mais évidemment, c’est… inquiétant. conclut la Défense. Cependant, l’enquête publique doit être menée et ici, la Défense nuance : “Nous mettrons alors en ligne les documents et les plans, toujours par souci de transparence, mais leur contenu sera beaucoup plus limité.”