Elections législatives 2024 : à Marseille, le battage médiatique de LFI et les « fantômes » du RN

Elections législatives 2024 : à Marseille, le battage médiatique de LFI et les « fantômes » du RN
Elections législatives 2024 : à Marseille, le battage médiatique de LFI et les « fantômes » du RN

Manuel Bompard remorque près du Vieux-Port

Dans les districts du nord, Delogu se bat pas à pas. Voyant une mère de famille qui peine à faire de la place, l’ancien chauffeur de taxi vient à la rescousse, « vas-y ma tante, dirige d’un coup », puis se présente : « Je suis le député qui a montré le drapeau palestinien à l’Assemblée… » la femme le reconnaît, tout comme sa fille adolescente. L’épisode a fait de lui une star parmi les jeunes. « Dans les quartiers où il faut aller chercher les électeurs un à un, ma notoriété sur TikTok est importante. Les jeunes font voter leurs parents. »

La veille, Manuel Bompard tractait près du Vieux-Port, dans les rues du très populaire quartier de Noailles. Ici, on l’embrasse, on lui serre la main : “Ne t’inquiète pas Manu, on sera là le 30.” Bompard aimerait se passer de second tour. En 2022, il disposait de la majorité absolue au premier tour, mais trop d’abstentions rendaient obligatoire un second tour.

Deux candidats LFI face à face

Depuis, il est très sollicité par ses électeurs sur les questions de logement. « Il y a huit ans d’attente pour un logement social, trois à quatre ans si le dossier est prioritaire. C’est l’enfer », a-t-il ajouté. dit-il en désignant la rue d’Aubagne, où huit habitants sont morts en 2018 dans l’effondrement d’un immeuble insalubre.

Dans une circonscription gentrifiée du centre-ville, Allan Popelard, autre candidat investi par La France Insoumise, semble sûr de lui, en marge d’une manifestation CGT : « Avec l’unité et la clarté, nous gagnerons », vante-t-il, tandis qu’un haut gradé le groupe joue des chansons révolutionnaires. Le problème, c’est que, dans sa « circonscription », il y a deux candidats LFI : Popelard, investi par le Nouveau Front populaire, et Hendrik Davi, député sortant mais écarté pour ses critiques envers Jean-Luc Mélenchon.

Davi a quand même choisi de se présenter. Depuis, c’est « oaï » (chaos), comme on dit ici. Le quartier se déchire, sur le terrain ou dans les médias locaux. Le maire, Benoît Payan (Union de la gauche hors LFI) a publiquement soutenu Davi. “On en reparlera lors des élections municipales”, prévient Delogu.

La gauche paye pour l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien

Changement radical d’ambiance au RN, moins bruyant… et même silencieux. Venu à Saint-Barnabé, enclave bobo de l’est de la ville, pour soutenir Sabrina Agresti-Roubache, ministre et candidate à sa propre succession, Gabriel Attal a qualifié les candidats du RN de « fantômes ».

En fait : les affiches et tracts sont arrivés en retard. En les attendant, les candidats sont restés silencieux dans la presse et invisibles sur le terrain. Dans le clair-obscur de leurs bureaux sans fenêtre, Franck Allisio, patron de la fédération RN des Bouches-du-Rhône, s’irrite des critiques : « Nos candidats galèrent encore à ouvrir leurs comptes de campagne, ça nous fait perdre beaucoup de temps. »

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Il assure que si Olivier Rioult, candidat dans les circonscriptions sud, est toujours absent, c’est parce qu’il « sillonne la région pour trouver une banque ». Dans cette circonscription de la corniche, aux cossues résidences fermées, le RN a vu ses adhérents augmenter. “La bonne bourgeoisie y est un peu perdue, et elle n’aimait pas que la gauche instrumentalise le conflit israélo-palestinien”, assure Franck Allisio, en faisant référence à la communauté juive, très présente dans les quartiers sud.

«Le RN applique la stratégie italienne»

Pour justifier son absence médiatique, Arezki Selloum, candidat face à Sébastien Delogu, confirme que « la première semaine, ce n’était qu’administratif ». Gisèle Lelouis, députée sortante RN, assume : « Je n’aime pas le débat d’idées, je préfère le terrain. Avec les militants, sans la presse. »

Monique Griseti affrontera à nouveau Sabrina Agresti-Rubache. En 2022, elle a perdu par 476 voix, cette fois-ci elle est très confiante : « Suis-je invisible ? Pour vous, pas pour les résidents. Je parcours les villes, je vais partout, je vis ici depuis ma naissance. Je connais les habitants, ils ont peur, l’insécurité est une réalité. » L’omniprésent Franck Allisio rebondit : « Le cirque de Monique, c’est le cœur battant de la classe moyenne, celle qui s’en prend mal depuis vingt ans. »

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A proximité du nouveau port de plaisance, construit pour les JO, un proche de Renaud Muselier, le président (ex-LR) de la région, grand connaisseur de football, fait un parallèle avec la Coupe du monde 1982 : « Le RN applique la stratégie italienne. cela leur a permis de gagner. Quand tu marques un but et que tu mènes 1-0, tu te replies sur la défense et tu ne prends plus de risques. Après les européennes, le RN a choisi de ne plus parler, pour sécuriser son score.» C’est le catenaccio, cadenas en italien. Vous verrouillez tout et vous gagnez.

Le grand échec politique de Macron

Comment peut-on dire qu’on aime autant une ville et la comprendre si peu ? Depuis son premier mandat, Emmanuel Macron a juré d’aimer Marseille. C’est là qu’il a passé ses premières vacances de président, là qu’il a multiplié les visites, dans des villes minées par le trafic de drogue, au Vélodrome pour voir le pape, au Vieux-Port pour accueillir la flamme olympique, partout pour suivre son plan marseillais à grande échelle qui devait, à coups de milliards, désenclaver les quartiers nord et rénover les centaines d’écoles vétustes.

Et pourtant, Marseille méprise ce président amoureux : en 2017, le futur président n’était arrivé que 3et au premier tour, derrière Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. En 2022, toujours au premier tour, il monte de justesse à la 2eavec 2 000 voix de plus que Le Pen, et loin derrière Mélenchon. Depuis, Renaissance est en déclin. Aux européennes, Valérie Hayer n’est arrivée que 4eet (10,3 %), loin derrière Jordan Bardella, Manon Aubry et Raphaël Glucksmann. Un révélateur de l’échec de Macron. De quoi ne pas présager de bon pour Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État à la Ville et… candidate.

 
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