A Toulouse, la barrière contre l’extrême droite résiste encore

Un militant du Rassemblement national distribue des tracts alors que la présidente du conseil régional d’Occitanie, Carole Delga, arrive pour soutenir la candidate du Nouveau Front populaire, sur le marché de Cazères (Haute-Garonne), le 22 juin 2024. VALENTINE CHAPUIS / AFP

” Échoué ! [“ils ne passeront pas”] » A Toulouse, depuis le milieu des années 1980, ce slogan symbolise la lutte contre les idées d’extrême droite, qui n’ont pas réussi à s’y implanter. Le 9 juin, la liste conduite par Jordan Bardella (Rassemblement national, RN) recueille 13,6 % des suffrages. Un record cependant pour une élection dans la Ville Rose, depuis l’existence du Front National (FN), puis du RN. Car, comme dans la plupart des grandes villes (Paris, Lyon ou Bordeaux), le RN n’a pas réussi à briser ce fameux plafond de verre chez les électeurs toulousains.

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Au pays du rugby, de l’aéronautique et du cassoulet, « La ville est surtout marquée par la culture espagnole, celle des réfugiés de 1936 qui ont créé ici leur gouvernement en exil. Le « No pasaran » vient de là, des mouvements antifascistes des années 30. »commente Jean-François Mignard, président de la Ligue des droits de l’homme de la Haute-Garonne. Cet ancien enseignant et formateur rappelle qu’en 1984, dans le sillage des mouvements anarchistes, apparaissent les Sections ouvertement anti-Le Pen (Scalp) qui donnent naissance au Réseau No Pasaran. Issu du mouvement autonome, le Scalp prône l’affrontement physique avec les membres de partis ou groupes d’extrême droite. « A l’époque, notamment dans les universités, les conflits étaient réguliers et violents avec des groupes identitaires, comme le GUD. [Groupe union défense] », se souvient M. Mignard.

En 2001, la liste Motivé-es, dans le sillage du groupe Zebda, entre au conseil municipal dans une mairie qui, après une longue période socialiste, est dirigée depuis 1971 par Pierre Baudis puis son fils Dominique à partir de 1983, de sensibilité centre-droit. En 2002, après le premier tour de l’élection présidentielle du 21 avril et l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour, les militants de Ras l’Front, créé à Paris en 1990, se rangent du côté de l’Union antifasciste de Toulouse, pour dire « Non au Faine ».

Inquiétudes « dans les villes de la première couronne »

Depuis, lors des différentes élections municipales, le FN, puis le RN ont été quasiment invisibles dans la vie politique locale. Lors des élections municipales de 2014, Serge Laroze obtient 8,2 % des voix et, en 2020, Quentin Lamotte, sous l’étiquette RN, culmine à 4,31 % des voix. Lors de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen n’a pas dépassé les 10 %. Une ville dynamique de plus de 100 000 étudiants, portée par la très bonne santé de l’industrie aéronautique et spatiale, « Toulouse est une ville prospère mais pas un ghetto de riches »selon l’actuel maire, Jean-Luc Moudenc, élu trois fois depuis 2004. Digne successeur de la famille Baudis, il a quitté Les Républicains (LR) en 2022, jugeant « un parti qui se rétrécit trop vers la droite ». M. Moudenc défend un bilan qui « a su intégrer des familles pauvres ou étrangères, avec des politiques de logement social très avancées et une approche sécuritaire ferme ». « Le vote RN prospère parmi les personnes qui se sentent négligées, toutes [ma] « La politique consiste à construire une ville homogène, qui évite les tentations extrêmes »il défend.

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