Dans le Massachusetts, au cœur de la campagne profonde, se cache un atelier tout près d’un jardin – celui de Nikki Maloof. Dans cet espace à mille lieues de l’urbanité épuisante, l’artiste peint des toiles aux couleurs chatoyantes et aux thèmes récurrents. Malgré une jovialité non dissimulée, son œuvre reflète une certaine mélancolie. Abordant des sujets comme la maternité, elle explore les joies et les aspérités de la sphère domestique. Fin 2024, Nikki Maloof traverse l’océan Atlantique pour exposer quelques-unes de ses peintures récentes à travers son exposition Autour de l’horlogeinstallé dans la galerie Perrotin au coeur du Marais.
Nikki Maloof ou l’inconfort coloré
L’art de Nikki Maloof attire le regard. Les couleurs sont captivantes et les traits humains sont malicieusement déformés. De ce constat, il faut revenir aux racines de l’artiste américain. Passionnée par l’espace domestique, elle représente à travers chaque tableau, une pièce : la cuisine, le salon, la chambre, le jardin… Des scènes de vie aux éléments récurrents, les tableaux de Nikki Maloof exploiter la complexité des humains. En jouant entre l’extérieur et l’intérieur, elle jongle avec les instants de la vie, affichant tantôt un moment de complicité entre une mère et son enfant, tantôt un dîner, tantôt une étreinte amoureuse.
Nikki Maloof s’inspire principalement de la Renaissance flamande et italienne, visible dans l’omniprésence des plantes et des fleurs mais aussi dans la mise en scène des sujets. Tout en utilisant des nuances vibrantes, elle propose une vision à la fois espiègle et sombre du monde qui nous entoure. La peintre propose une réflexion sur le privé comme objet politique, pivot central des études féministes. Ses natures mortes, plants de tomates dévorés par des verres, nous invitent à repenser notre existence et surtout la brièveté de notre passage sur terre.
Les femmes sont représentées avec délicatesse, robes fleuries au Almodóvarvernis rouge et colliers de perles. Comme beaucoup de ses ancêtres, auteurs, poètes, réalisateurs, Nikki Maloof fait de l’espace intérieur le théâtre d’une construction identitaire, d’une expression personnelle, teintée de mélancolie. Sans aucune hiérarchie entre les modèles, elle instaure une égalité perceptible où la domesticité se trouve mise à mal.