Lorsqu’il s’est réveillé en sursaut après l’attaque israélienne qui a visé samedi matin le quartier populaire de Basta à Beyrouth, Samir a cru que son propre immeuble avait été visé.
« Nous dormions et soudain nous avons entendu trois ou quatre missiles. L’impact a été si puissant que j’ai cru que le bâtiment allait s’effondrer sur nous”, a ajouté l’homme de 60 ans, qui a refusé de donner son nom. « J’avais l’impression que mon immeuble était pris pour cible », raconte Samir, qui habite en face du lieu de la frappe qui a fait au moins 20 morts et 66 blessés, selon les autorités libanaises.
Il s’est enfui en pleine nuit, avec sa femme et ses deux enfants. “On a vu deux morts gisant par terre, les enfants se sont mis à pleurer et leur mère encore plus”, poursuit-il. Les habitants des quartiers les plus éloignés de la capitale, relativement épargnés par les attaques israéliennes qui ont particulièrement touché la banlieue sud, fief du Hezbollah pro-iranien, se sont réveillés en sursaut en raison des explosions. Samedi matin, dans le quartier Basta, une odeur âcre de poussière imprègne l’air, se mêlant à celle soulevée par les excavateurs et les secouristes fouillant dans les décombres, au milieu d’un paysage de désolation.
L’impact a aplati un bâtiment dans une ruelle densément peuplée, laissant un profond cratère, et tout autour se trouvaient des tas de roches et de ferraille, des bâtiments éventrés et des fenêtres explosées. L’Agence nationale de presse (NAI) a rapporté que le raid avait été mené avec des « bombes perforantes » conçues pour détruire les fortifications.
L’armée libanaise bloque l’accès au site, tandis que des habitants s’approchent pour demander des nouvelles. Des miliciens non armés du Hezbollah surveillent la zone. Une Source sécuritaire libanaise a affirmé qu’un “haut responsable du Hezbollah avait été visé” dans le raid – sans pouvoir dire s’il était décédé – mais un député du Hezbollah, Amin Cherri, a nié qu’un leader du mouvement ait été visé par Assez.
“C’est la première fois que je me réveille en hurlant de terreur”, a déclaré à l’AFP Salah, un habitant de Basta âgé de 35 ans. “Je ne sais pas comment exprimer la peur que j’ai ressentie”, ajoute Salah, père de deux enfants, qui a également couru dehors alors qu’il faisait encore nuit. Le même quartier avait déjà été la cible d’une première frappe le 10 octobre, visant le chef de l’appareil de sécurité du Hezbollah, Wafic Safa.
Ces derniers ont survécu, selon une Source sécuritaire, mais l’attaque et une autre dans le quartier voisin de Noueiri ont fait au total 22 morts et 117 blessés. La semaine dernière, quatre attaques ont visé le cœur de Beyrouth, tandis que les raids s’intensifient dans la banlieue sud, abandonnée par la plupart de ses habitants. De nouveaux raids ont visé samedi matin les banlieues sud, après des appels à l’évacuation lancés sur les réseaux sociaux par l’armée israélienne. L’attaque de Basta n’a toutefois pas été précédée d’un appel à l’évacuation.
Après un an de violences transfrontalières, Israël mène depuis le 23 septembre une campagne d’attaques intensives visant particulièrement les banlieues sud, sud et est du Liban. Au 8 octobre 2023, plus de 3 670 personnes ont été tuées au Liban, soit un record depuis le 23 septembre, selon le ministère de la Santé. Comme d’autres quartiers populaires de Beyrouth, Basta accueille depuis le début de l’escalade des personnes déplacées des zones violemment bombardées. Samir a décidé de regagner son appartement, endommagé par la grève de samedi. “Où pourrais-je aller?” il a demandé.
Tous mes proches, frères et sœurs ont été déplacés des banlieues sud et du sud du Liban.