Lors du débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, le porte-parole de la France Insoumise Manuel Bompard a déclaré : « Les Français ont connu ces dernières années la plus forte baisse de pouvoir d’achat depuis quarante ans. »
Le journaliste Gilles Bouleau, animateur du débat aux côtés d’Anne-Claire Coudray, intervient quelques instants plus tard pour contredire ses propos : « Ce que vous dites est factuellement inexact. Le pouvoir d’achat, nous disent l’Insee et la Banque de France, a augmenté en moyenne de 26 % sur les 24 dernières années. C’est bien plus que dans la zone euro. » Il ajoute ensuite que ces dernières « ont diminué en 2013 et en 2022, soit seulement deux ans, sur les dix dernières années ».
Manuel Bompard a alors répondu : « Le salaire mensuel de base, depuis trois ans, a baissé. C’est-à-dire le salaire des Français, par rapport à la hausse des prix. Les Français ont vu leur pouvoir d’achat diminuer ces trois dernières années.»
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FAUX
Comme le souligne Gilles Bouleau, le pouvoir d’achat a en effet augmenté de 26 % au cours des 25 dernières années. Ce chiffre est notamment évoqué dans la Lettre au Président de la République du Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, datant d’avril 2024. On peut y lire que « le pouvoir d’achat du revenu disponible par habitant a sensiblement progressé ». en France, de 26 % en cumul depuis 1999, contre seulement 17 % dans l’ensemble de la zone euro. La Banque de France explique cette évolution notamment par « les transferts sociaux [c’est-à-dire les prestations sociales] – et donc des déficits publics – qui restent plus importants que chez nos voisins, et par des salaires réels dynamiques.» Le pouvoir d’achat est défini par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) comme le « volume de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter ».
Mais il est également vrai que le pouvoir d’achat a diminué au cours des quatre dernières années. Cela se voit grâce aux données de l’INSEE disponibles en ligne. Comme l’Insee l’indique également sur [c’est-à-dire ramené au niveau individuel] a chuté de 0,4% en 2020 et 2022. »
En revanche, la plus forte baisse du pouvoir d’achat depuis 40 ans a eu lieu en 2013, où le pouvoir d’achat par unité de consommation a diminué de 1,7 % par rapport à l’année précédente.
Sur les salaires réels, Bompard a raison
Enfin, comme le mentionne Manuel Bompard à la fin de l’échange, on peut aussi se référer au salaire mensuel de base « réel », c’est-à-dire celui qui prend en compte l’inflation, pour évaluer le pouvoir d’achat. Il est vrai que cela a diminué ces dernières années. Selon les données de l’Insee, le salaire de base mensuel réel a baissé de 1,9 % en 2022, et de 0,6 % en 2023.
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Dans un article publié par les médias Alternatives économiques En novembre 2023, Mathieu Plane, directeur adjoint du service Analyse et Prospective de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) expliquait notamment à propos de ces données que « les salariés ont subi une perte de pouvoir d’achat historique » sur les deux dernières années. Il a ensuite indiqué que « la récente baisse des salaires réels n’a pas d’équivalent dans les dernières décennies ». En cause : la hausse excessive de l’inflation par rapport à celle du salaire mensuel de base, « largement insuffisante pour couvrir la hausse du coût de la vie ».
