trois ans de prison pour le sponsor

trois ans de prison pour le sponsor
trois ans de prison pour le sponsor

Le chef d’entreprise à l’origine de l’agression d’un élu de Saint-Denis en décembre a été condamné ce jeudi par le tribunal correctionnel de Bobigny à cinq ans de prison, dont deux avec sursis.

Dans un contexte de recrudescence des violences contre les élus, le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné jeudi un chef d’entreprise à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir ordonné l’agression en décembre d’un adjoint au maire de St Denis.

Un entrepreneur en série originaire de cette commune de Seine-Saint-Denis impliqué dans le monde associatif, Mouloud Bezzouh, 57 ans, a été reconnu coupable d’avoir envoyé des jeunes, contre promesse de rémunération, tabasser Oriane Filhol alors qu’elle rentrait chez elle. Une attaque sans revendication publique ni motif apparent.

Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet qui avait requis quatre ans de prison, dont un avec sursis.

« Un moment important sur la question des agressions contre les élus »

Arrêté début mars par des policiers de la Sûreté territoriale puis placé sous contrôle judiciaire, Mouloud Bezzouh ne s’est pas présenté à l’audience du 11 juin et n’était pas non plus présent à l’annonce du délibéré. Le tribunal a émis un mandat de dépôt contre lui.

Ce jugement “marque un moment important sur la question de l’agression des élus locaux en France, c’est vraiment un soulagement”, a déclaré à l’AFP Katy Bontinck, première adjointe au maire PS Mathieu Hanotin, à l’issue de l’audience.

« Cette réponse ferme souligne la nécessité d’ouvrir les yeux sur le fait que demain la démocratie représentative n’aura plus de représentants, notamment au niveau local », a-t-elle déclaré.

Le 20 décembre 2023 au soir, Oriane Filhol, sixième adjointe au maire chargée des solidarités, a été suivie dans une rue de Saint-Denis par deux hommes alors qu’elle quittait le conseil d’administration du bailleur social de la ville et regagnait son domicile.

Rattrapée alors qu’elle tentait de s’enfuir, la trentenaire a été tabassée dans le hall d’un immeuble où elle s’était réfugiée. L’attaque provoque un tollé.

Légèrement blessée mais fortement marquée psychologiquement, la jeune femme aux grandes lunettes rondes et aux cheveux coupés au carré est restée au procès impuissante face aux questions sur les raisons de son agression.

Vengeance contre la ville ?

« J’ai perdu une partie de ma liberté, de mon indépendance, que j’apprécie beaucoup. Je ne peux plus me déplacer seule au bout d’un certain temps, j’ai besoin de collègues pour m’accompagner jusqu’à mon domicile”, a-t-elle déclaré au tribunal, émue.

En janvier, trois jeunes hommes de Saint-Denis, âgés de 18 à 22 ans, ont été interpellés par les enquêteurs. Lors de leur procès, ils expliquent s’être vu promettre 2 500 euros chacun par un mystérieux sponsor dont ils taisent le nom – un « daron », un « blédard » – pour frapper une personne qu’ils ne connaissaient pas.

« Il suffisait de frapper et de ne rien dire, pas de vol, rien. J’ai frappé pour 2 500 euros, même si c’est une femme”, a déclaré aux enquêteurs l’homme qui a frappé la victime.

Les tribunaux ont condamné les agresseurs à des peines allant de huit mois de prison avec sursis à dix-huit mois de prison, dont six avec sursis et mise à l’épreuve. Le tribunal a constaté que deux d’entre eux ne connaissaient pas le statut d’élu de la victime.

Arrêté début mars

Arrêté début mars, Mouloud Bezzouh a reconnu en garde à vue avoir été présent sur les lieux mais a nié tout lien avec l’attaque. La vidéosurveillance le montre tapant du pied devant le meeting d’Oriane Filhol pendant près d’une heure et demie.

A la barre du procès de juin, le maire de la ville, Mathieu Hanotin, s’est interrogé sur une possible frustration du chef d’entreprise, qui avait fait campagne pour lui lors des élections municipales. En difficulté financière, l’entrepreneur espérait accéder aux marchés publics de la ville pour se remettre sur les rails.

« Ce n’est pas notre vision d’avoir des marchés publics parce que nous avons soutenu un élu. S’il y croyait, je comprends qu’il aurait pu être déçu”, a déclaré l’édile socialiste.

L’automne dernier, le ministère de l’Intérieur anticipait une hausse de 15 % des agressions contre des élus sur l’ensemble de l’année 2023, après une hausse de 32 % en 2022 (2 265 plaintes et signalements).

Meilleurs articles

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La clé du succès pour Tarbes Animations ! – Le petit journal – .
NEXT plusieurs concerts annulés en Creuse à cause de pluie et d’inondations