Depuis 2020, le programme Partenariats académiques Afrique-France (PeA) finance des partenariats académiques franco-africains œuvrant au développement de formations professionnelles (licence, master et/ou doctorat) dans des secteurs économiques prioritaires pour les pays partenaires africains. A l’occasion de l’appel à projets du 3e édition, ouverte jusqu’au 6 mai 2025, le Professeur Emmanuel Duc nous fait part de son retour d’expérience en tant que co-responsable avec Getasew Taddese du projet Éthiope 4.0, lauréat de l’édition précédente. Issu d’un partenariat entre l’Addis Ababa Institute of Technology, en Ethiopie, et Clermont Auvergne INP, en France, ce projet vise à structurer une filière de formation partenariale dans le domaine des technologies avancées liées à l’industrie 4.0, pour répondre au développement de cette filière. secteur en Éthiopie.
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Comment est née l’idée du projet Ethiopie 4.0 et la construction du partenariat entre l’Addis Ababa Institute of Technology (AAIT) en Ethiopie et l’Institut national polytechnique Clermont-Auvergne en France ?
Emmanuel Duc: Le projet est né d’une première collaboration entre les deux établissements de 2019 à 2021 dans le cadre de la thèse de Getasew Taddese. Son sujet portait déjà sur les méthodologies liées à l’industrie 4.0. Durant sa thèse, il a pu mieux apprécier les technologies récentes de l’Industrie 4.0 et découvrir le système éducatif français. Il a alors jugé intéressant de développer une formation sur cette thématique au sein de l’Institut de Technologie d’Addis-Abeba pour accompagner le développement industriel initié en Ethiopie. Nous avons souhaité approfondir cette collaboration et lui donner une dimension supplémentaire pour la pérenniser. Lorsque l’appel à projets PeA est apparu en 2022, nous avons vu une opportunité d’enrichir cette première approche autour de problématiques plus concrètes liées à la robotisation ou à la fabrication additive. Nous souhaitions partager les acquis technologiques de notre établissement avec notre partenaire.
En 2022, qu’est-ce qui vous a motivé à répondre à l’appel à projets PeA ?
Nous étions motivés par deux aspects. Le premier concernait la pérennité de notre relation. La seconde est plus fondamentale, elle concernait le niveau de développement technologique à apporter à notre partenaire dans un monde globalisé, pour lequel le transport de marchandises a un fort impact environnemental. La création de valeur en Éthiopie nécessite le développement d’une industrie locale capable de répondre aux besoins locaux et non par l’importation de biens de consommation. Pour ce faire, il est nécessaire de diffuser les méthodes et techniques qui permettent d’aboutir rapidement à une industrie performante, tout en minimisant son empreinte environnementale. Ainsi, la création d’un plateau technique et la modernisation des supports de formation sont des clés clés du projet.
La qualité de votre dossier a été constatée. Auriez-vous des conseils à donner à ceux qui souhaitent soumettre un projet au troisième appel à projets PeA ? ?
Soyez créatif et original ! Le PeA est une excellente opportunité pour financer des projets ou des idées qui n’entrent pas dans les cadres de financement habituels. Il permet d’aborder les problématiques de formation dans un contexte international. On voit vite que la démarche n’est pas seulement enrichissante pour notre partenaire africain, car elle nous oblige à remettre en question et à challenger nos propres pratiques pédagogiques.
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Mais attention, cela demande un engagement fort de la part des équipes et surtout cela doit correspondre à un réel besoin de notre partenaire africain. Le dossier doit montrer à la fois une certaine originalité voire une rupture, une ambition, mais aussi être très pragmatique dans sa mise en œuvre. Dans notre projet, l’installation d’une plateforme technologique 4.0 pose la question du niveau technologique nécessaire pour accompagner l’Ethiopie dans sa rupture technologique, tout en assurant une excellente employabilité des étudiants.
Depuis le lancement d’Ethiopie 4.0 en septembre 2023, quelles principales actions ont été menées grâce au soutien du PeA ?
Nous nous sommes concentrés sur l’achat et l’expédition du matériel, ce qui prend beaucoup de temps. Actuellement, nous accueillons plusieurs doctorants et plusieurs enseignants en France pour les former et préparer l’envoi de nouveaux matériels. Ces échanges nous permettent d’entrer dans une phase de collaboration plus active. En outre, de nouveaux programmes de formation ont été élaborés et sont en cours d’évaluation par les autorités éducatives éthiopiennes.