(Montréal) Le milliardaire québécois de l’électronique Robert Miller veut se défendre contre les femmes qui prétendent qu’il les a payées pour des relations sexuelles lorsqu’elles étaient mineures, mais il ne peut le faire s’il ne connaît pas leurs noms, a déclaré jeudi son avocat.
Publié à 15h05
Mis à jour à 18h29
La demande de recours collectif contre son client ne peut avancer car elle permet à ses accusateurs de garder l’anonymat, a soutenu M.e Karim Renno lors d’une audience à la Cour supérieure du Québec.
Robert Miller, 81 ans, fondateur du distributeur mondial d’électronique Future Electronics, “a le droit de contredire ce témoignage”, a déclaré M.e Renno à la juge Catherine Piché.
Ce dernier entend les arguments pendant trois jours pour décider d’autoriser ou non le procès, qui allègue que M. Miller a échangé de l’argent et des cadeaux contre des relations sexuelles avec des mineurs dans les années 1990 et 2000.
À ce jour, Robert Miller ne sait pas qui l’accuse, a déclaré son avocat. “C’est la frustration de mon client […] c’est celui d’une personne qui attend le jour où elle pourra se défendre. »
Les recours collectifs pour inconduite sexuelle ne constituent pas la bonne manière de poursuivre des personnes qui n’étaient pas en position d’autorité sur leurs victimes, a déclaré Mme.e Renno.
«Il n’y a aucun dossier autorisé au Québec dans le cadre d’un recours collectif pour inconduite sexuelle où le défendeur n’était pas en position d’autorité», a soutenu M.e Renno, soulignant que dans les affaires jugées, l’accusé était souvent un prêtre ou un entraîneur avec un groupe de victimes facilement identifiables.
De nombreux plaignants
Le procès proposé identifie le groupe comme étant toute personne de moins de 18 ans qui a été payée pour des relations sexuelles par M. Miller, ou qui a été soumise à une exploitation sexuelle par lui ou par tout autre groupe déterminé par le tribunal.
Un avocat des plaignants a déclaré mercredi que 51 femmes se sont inscrites pour faire partie du recours collectif, mais que le nombre réel pourrait atteindre 100.
« La question est purement procédurale : allons-nous procéder à une action collective ou est-ce que ces personnes devront avancer dans des actions individuelles ? », a souligné M.e Renno.
Selon un reportage d’enquête publié en février 2023 par Radio-Canada et CBC, Robert Miller aurait donné de l’argent et des cadeaux à des mineurs en échange de relations sexuelles entre 1994 et 2006. M. Miller a identifié comme un homme d’affaires américain nommé Bob Adams, qui voyageait fréquemment. à Montréal, et les réunions auraient eu lieu dans des hôtels de Montréal et dans une résidence privée à Westmount.
M.e Renno a noté que les allégations sont nées lors d’une âpre bataille de divorce entre M. Miller et son ex-femme, au cours de laquelle des enquêteurs privés le surveillaient.
La police de Montréal a enquêté en 2008 et 2009, mais la Couronne a refusé de porter plainte. Quinze ans plus tard, après le rapport d’enquête de 2023, la police a rouvert le dossier et des accusations ont commencé à être déposées.
Robert Miller a été inculpé en mai dernier de 21 chefs d’accusation impliquant 10 victimes présumées, dont beaucoup étaient mineures.
Le milliardaire, qui souffre de la maladie de Parkinson, a nié les allégations contenues dans l’affaire pénale et dans le recours collectif. L’affaire pénale doit être renvoyée devant le tribunal le mois prochain.
M. Miller a vendu Future Electronics cette année, mais l’entreprise est citée dans le recours collectif, tout comme trois de ses anciens employés qui auraient fait partie d’un réseau visant à recruter des filles pour lui. Les employés sont Sam Joseph Abrams, Raymond Poulet et Helmut Lippmann. Les avocats des hommes présenteront leurs arguments vendredi.
M.e Renno a qualifié le dépôt du recours collectif de chaotique ; il a déclaré que la plainte avait été déposée quelques semaines seulement après la diffusion du rapport d’enquête, notant qu’il avait été modifié cinq fois depuis son premier dépôt.
L’avocat de la défense de M. Miller a souligné qu’il existe cinq autres poursuites sur des faits similaires impliquant son client devant la Cour supérieure du Québec, dont une a été rejetée et fait l’objet d’un appel.
“M. Miller n’est pas au tribunal aujourd’hui pour dire que “les multiples femmes qui m’accusent n’ont pas le droit d’aller en justice”, tout ce qu’il dit c’est qu'”il a le droit de se défendre, il a ce droit, inaliénable, constitutionnel”, a mentionné M. .e Renno.