«Mes journées sont programmées à la minute près»

Ultra Marine (18e édition). Vendredi, samedi et dimanche, à Vannes

Que recherchez-vous dans cette pratique assez extrême de l’ultra-trail ?

Le défi, se dépasser ! Voyez jusqu’où je suis capable d’aller… Et puis, j’aime être seul pour m’entraîner. Heureusement, car pour ces longues distances, il faut passer des heures à s’entraîner. Par exemple, cela ne me dérange pas de courir seul pendant cinq ou six heures, à un rythme qui vous convient, même si à la fin vos jambes peuvent vous faire mal. Ce n’est pas comme une course de 10 km, où on traverse des moments difficiles, notamment au niveau de la respiration.

Quel investissement faut-il pour atteindre votre niveau de performance ?

Beaucoup de pratique ! En ce qui me concerne, c’est entre 12h et 15h par semaine, sans compter la balade à vélo et le renforcement musculaire fréquent le soir. Cela demande une bonne hygiène de vie et surtout beaucoup d’organisation entre ma vie familiale et professionnelle et ma formation.

Freddy Prigent s’entraîne entre dix et quinze heures par semaine. (Photo Nicolas Créach)

Comment vous organisez-vous au quotidien ?

Pour tenir tout cela en 24 heures, mes journées sont planifiées à la minute près ! Je vais courir le matin entre 5h45 et 7h30, généralement sur une vingtaine de kilomètres. Ainsi, le soir, quand je rentre du travail, je suis là pour mes enfants et ma femme. Parfois, je fais une deuxième séance – vélo à la maison ou musculation – mais j’attends que mes enfants soient au lit. J’ai trouvé cet équilibre. Heureusement, je n’ai pas besoin de beaucoup de sommeil !

Et le week-end ?

Je fais une longue sortie (quatre, cinq heures) le samedi après-midi ou le dimanche matin. Je suis employée de banque. Le lundi est donc un jour de repos où mes trois enfants sont à l’école. J’en profite souvent pour faire ma balade à vélo.

Je bénéficie également d’un entraîneur morlaisien, James Doner, en qui j’ai toute confiance. Cela me soulage de toute la charge mentale et d’un gros travail d’organisation.

Pour les courses, j’essaie de les sélectionner en fonction des lieux ou des horaires où je peux emmener toute la famille. Cela me semble important. Par exemple, le Grand Raid des Pyrénées nous a aussi permis de passer une semaine de vacances ensemble. J’ai la chance que ma femme et mes enfants me suivent dans ces projets.

En semaine, cela n’influence pas vraiment notre vie à deux. C’est plutôt le week-end. Mais quand je vois le sourire et la fierté de mes enfants lorsque je suis devenu champion de France des 24 heures, je me dis que ça vaut le coup

Quel impact cela a-t-il sur votre vie de famille ?

J’aimerais passer plus de temps en famille, c’est sûr, mais la semaine, cela n’influence pas vraiment notre vie à deux. C’est plutôt le week-end. Et quand je vois le sourire et la fierté de mes enfants lorsque je suis devenu champion de France des 24 heures il y a un an, je me dis que ça vaut le coup ! Ils ont 4, 9 et 12 ans. Les plus grands comprennent que cela demande beaucoup d’efforts. On dit que le sport est l’école de la vie. C’est aussi un exemple pour eux. Cela fait partie de notre vie de famille pour nous cinq puisque ma femme s’implique aussi beaucoup : s’occuper des enfants quand je ne suis pas là, m’accompagner dans les courses, etc. Par exemple, pour L’Ultra Marin, ma femme et une de ses amies me fournira sur le parcours. Il s’agit d’un soutien moral et logistique extrêmement important. Sans son soutien, cela ne fonctionnerait pas longtemps. Elle sait que c’est important pour moi. J’ai besoin de ça pour me sentir bien dans ma peau, dans ma vie.

Il y a la formation, mais aussi la nutrition…

Une bonne alimentation et du repos aident à prévenir les blessures ! Je fais attention à ce que je mange, notamment lors de la préparation : j’évite les pâtisseries, la charcuterie, etc. Je ne bois pas de sodas. Maintenant, tout est devenu naturel. Finalement, quand je me soigne pendant quelques jours, je ne me sens plus aussi bien dans ma peau. Plus lourd ! Je fais moins attention le week-end. Et si je mange de la pizza, je sais que je vais vite l’éliminer.

Freddy Prigent s’entraîne dans le bassin du Morlais. (Photo Nicolas Créach)

Cette pratique coûte donc cher, mais que vous apporte-t-elle ?

D’un point de vue financier, rien ! Cela coûte plus cher que ce que cela rapporte. Jusqu’à l’année dernière, j’avais un partenariat matériel avec un magasin, mais celui-ci a fermé. J’ai un peu d’aide d’un sponsor pour la nutrition. Heureusement qu’ils sont là ! A la fin des courses, on gagne des paniers remplis, des bons d’achat… Au final, cela apporte surtout de la fierté et de la reconnaissance. J’habite un petit village (Garlan, près de Morlaix) et quand je vais aux championnats du monde d’endurance de 24 heures comme l’année dernière (33ème pour ma première participation), tout le monde était derrière moi. Je le savais, c’est sympa, ça motive. Sur les sentiers, on pense à eux !

Evénement à suivre en direct sur letelegramme.fr.

 
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