Chaque matin, Nicolas Turon rend hommage à son département avec un texte drôle, tendre et complice, en forme de déclaration d’amour à la Moselle. Il choisit un emblème appartenant à l’histoire ou à l’actualité et le traite de manière décalée.
Alors que les patronymes les plus répandus en Moselle étaient jusqu’ici presque exclusivement des noms professionnels cristallisés par le temps et l’histoire, voici arrivé à la 13ème place du classement un petit nouveau dont le registre onomastique ne figurait pas encore sur notre palette : j’ai nommé… le SCHWARTZ ! Oui je sais, 13ème place, plus Schwartz, il ne reste plus qu’à invoquer un chat, une échelle et un miroir brisé pour avoir le tableau complet d’une malheureuse superstition… Mais loin de moi l’idée d’accabler les quelques 2 700 familles SCHWARTZ qui vivent dans notre département. Comme vous pouvez le constater, SCHWARTZ signifie simplement « noir » en allemand.
Alors que la France « intérieure » regorge de Lebrun, Blanc, Leroux, la Moselle place SCHWARTZ en tête des patronymes colorés les plus populaires… Rien d’étrange au pays du charbon et du minerai de fer. En Moselle, il arrive que même le beau temps ressemble à une tempête. Les arcs-en-ciel sont faits de rouille, de noir et d’or ; leur pied tombe systématiquement au Luxembourg, où se trouve le chaudron d’or. Nos visages SCHWARTZ sont cousins de ceux du Pas-de-Calais, des Anglais de Birmingham, des Américains du Wyoming.
SCHWARTZ peut également être utilisé comme nom commun : travailler chez SCHWARTZ ne signifie pas être mineur de fond, mais travailler au noir. Perdu dans une rue ou une maison sans lumière, on dira qu’on est dans le SCHWARTZ.
Une pensée ce matin pour les élèves de CP nés SCHWARTZ qui doivent maîtriser l’écriture de leur nom de famille : si le cours de l’action était indexé sur les scores du Scrabble, les petits SCHWARTZ seraient des magnats du CAC 40…