« La mairie est à vous ! À partir de 2026 ? » C’est à travers cet appel un brin provocateur que les citoyens sont invités à venir débattre mercredi, à Agen (1). Aux commandes, Martin Lavoyer, Laurence Ville, Jean-Pierre Ladet et Jérôme Michelet : un quatuor de Lot-et-Garonnais issus de la société civile, membres du réseau national Actions Communes, qui œuvre pour « redonner le pouvoir d’agir aux habitants ». . Lors de cette soirée ouverte à tous, et pas seulement aux Agenais, ils présenteront le fonctionnement des listes citoyennes participatives, la « LCP », en vue des prochaines élections municipales. Les élus qui souhaitent changer leurs pratiques sont les bienvenus, tout comme ceux qui s’y impliquent, à condition de laisser leurs idées partisanes aux vestiaires.
«Le but est de sensibiliser le plus grand nombre possible à la démarche», précise Laurence Ville. Et plus si affinités…
Qu’est-ce qu’un LCP ?
La démocratie participative, comme l’écoresponsabilité, est utilisée à tous les niveaux. Alors comment reconnaître une liste citoyenne participative ? Pour faire court, balayons d’abord ce qu’elle n’est pas : une liste partisane, une liste dont la tête est désignée en interne/en amont et avec un programme déjà écrit. Cette dernière doit être co-construite et la commune, une fois en place, s’engage à entériner les décisions telles que définies par l’assemblée participative. Celle-ci doit être la plus hétérogène possible : diversité culturelle, mixité, intergénérationnelle, socioprofessionnelle… pour une représentativité maximale. « Dans un comité citoyen, il y a des élus, des agents municipaux, mais il peut y avoir des personnes tirées au sort, explique Jérôme Michelet. En général, ils disent : ”Je ne suis pas formé…” mais ce n’est pas grave, on leur dit : ”Venez quand même, parce que vos avis, vos envies, vos frustrations, vos projets intéressent la communauté.” Cela repolitise les gens dans le bon sens du terme. »
Martin Lavoyer, agriculteur à la retraite et « jeune » élu à Brugnac, est confiant : ce type de réunion est un terrain fertile et le domaine municipal, « le point de départ idéal ». Lui-même a quitté les Rencontres de Vaour (81), en août, avec « la petite étincelle » et trois contacts lotet-garonnais pour se lancer dans l’aventure. Depuis, ils parcourent ensemble le département.
« A Agen, on ne vient pas renverser la table, on vient planter une graine »
« Il y a une volonté dans les communes de taille moyenne », dit-il en citant l’exemple de la ville de Poitiers, administrée par un comité citoyen. Mais aussi Tonneins, où un LCP a, selon lui, « toutes les chances pour 2026 ». Quant à Agen, « il y a eu des tentatives de démocratie participative, notamment avec les conseils de quartier. Cela n’a pas toujours très bien fonctionné et a provoqué beaucoup de frustration. Ce qui est nouveau avec Common Actions, c’est que nous apprenons comment le faire. »
Remède contre le blues du maire
Jérôme Michelet, formé à ces outils, portera la casquette de médiateur. « A Agen, on ne vient pas renverser la table, on vient planter une graine », celle de l’envie de s’impliquer dans la vie de la ville, de s’engager collectivement. Un enjeu fort, estime ce trentenaire originaire du Temple-sur-Lot, alors que l’Association des maires ruraux de France craint une pénurie de candidats pour le prochain scrutin. « Nous sommes dans une société où nous consommons de la politique, avec des consommateurs qui peuvent être très exigeants. »
Ainsi, Laurence Ville, infirmière de métier, et ses compagnes ont prescrit une gouvernance partagée qui guérirait à la fois le blues des maires et celui des administrés. Estimant que « les habitants sont les mieux placés pour connaître les besoins d’une commune », ils défendent un modèle dans lequel « le maire n’est pas celui qui décide, mais un facilitateur, qui aide les citoyens à prendre eux-mêmes des décisions pour le bien commun ». Sans démagogie ni fausse promesse de consensus, ajoute Jérôme Michelet : « On ne peut pas toujours embarquer tout le monde. Parfois je me conforme à la majorité, même si ce n’est pas à 100% ce que j’aurais souhaité. »
Mercredi soir, des extraits d’un film sur l’expérience de Saillans, dans la Drôme, seront projetés, afin de montrer que face à des besoins concrets partagés, les habitants sont capables d’ignorer leurs différences idéologiques. « Aujourd’hui, il y a des fêtes qui suscitent la colère des gens. Nous voulons trouver de la joie en politique. »
(1) Rendez-vous à la rotonde du Stadium, cours Washington, à 19 heures, ce 27 novembre. D’autres rencontres suivront, dont une à Marmande, salle Beyssac, le 3 décembre.