La première maison France Services pour personnes en détention, située dans un service pénitentiaire de probation et d’insertion (SPIP), a été inaugurée vendredi à La Rochette (Seine-et-Marne). « Si ceux qui cherchent à se réinsérer n’ont pas la possibilité d’accéder à l’ensemble des services publics, nous courons le risque de les voir abandonner et éventuellement récidiver. »» a déclaré Pierre Ory, préfet de Seine-et-Marne, lors de l’inauguration de cette 35ème branche France services du département.
En France, plus de 2 800 points de contact France Services – qui regroupent plusieurs services publics – fixes ou mobiles – en un même lieu, sont déployés. “Nous avons déjà des services France sur une pirogue en Guyane (…) Mais des services France dédiés à un public relevant de la justice, c’est la première fois”a rappelé Philippe Deborde, directeur adjoint du programme France Services à l’Agence nationale de cohésion des territoires. Cette idée a germé il y a un an et demi en Seine-et-Marne.
Lire aussi
À trop prêter attention à la surpopulation carcérale, la machine pénale cale
« Seuil de résistance à la frustration très bas »
Sont concernés les trois sites SPIP du département – qui accueillent 4 300 personnes en milieu ouvert – : Meaux, Fontainebleau et La Rochette, à quelques pas du tribunal judiciaire de Melun. Dans ces locaux, deux bureaux sont désormais dédiés aux services France et un médiateur a été recruté par l’association PIMMS médiation 77. Des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation se sont également portés volontaires pour être formés et mener à bien ces missions.
Sont accueillis les sortants de prison, les personnes en aménagement de peine (semi-liberté, libération conditionnelle, surveillance électronique), les personnes en probation et celles effectuant des travaux d’intérêt général. « Ce sont des publics qui ont souvent un seuil de résistance à la frustration très faible »explique Franck Sassier, directeur du SPIP 77. « Quand on les oriente vers les services publics, ça peut être très compliqué. Soit ils ne vont pas y aller parce qu’ils n’osent pas, ils ont peur. Soit ils y vont mais ça se passera mal parce qu’on leur dira ‘vous n’avez pas les bons papiers’… »
Avec le guichet unique qui permet d’accéder à une gamme de services publics, de la CAF à la CPAM, en passant par les impôts et France Travail, « cela permettra d’initier cet accompagnement, le lien avec les droits sociaux, de créer la confiance et de lutter contre la fracture numérique »se réjouit Franck Sassier. « Comme toute expérimentation, il faudra évaluer celle-ci, pour voir dans quelle mesure ce système pourra nourrir d’autres territoires »a relevé Sébastien Cauwel, directeur de l’Administration pénitentiaire, assurant qu’il serait « très attentif à l’évolution ».
