Le Bergeracois n’est pas épargné par la crise du vin. Mauvaises récoltes, intempéries, maladies… les éléments se succèdent et nous font craindre le pire pour l’avenir du vin au pays de Cyrano.
Consommation et production en chute libre. Les mauvaises récoltes s’enchaînent et le vin à Bergerac ne se porte pas très bien. Ou pas bon du tout. En période de vendanges, le démocrate a fait le point sur le vignoble du pays de Bergerac.
Des chiffres en baisse
“Le vin n’est malheureusement plus un produit culturel et sociétal.« Cheveux grisonnants, chemise blanche. Pierre-Henri Cougnaud, directeur de la Fédération des Vins de Bergerac et Duras (FVBD), dresse le bilan d’une série de mauvaises années. Changement climatique, maladies, inflation… les problèmes sont nombreux. Et, pour les producteurs, elles sont meurtrières. “Les exploitations deviennent de moins en moins rentables, de nombreux vignerons arrêtent», explique le réalisateur. Elle a enregistré une perte d’environ 300 producteurs entre 2009 et 2023, passant de 1 000 à 700. A cette perte s’ajoute une baisse de 40 % de la production vitivinicole sur la même période, passant de 560 000 à 329 000 hectolitres. de vin. Mais c’est aussi une baisse de 20 % de la superficie des domaines, passant de 12 000 à 9 500 hectares. Tous les chiffres vont dans la mauvaise direction.
Déraciner les vignes
“Il y a moins de consommateurs, la production doit diminuer, donc il y a des déracinements. CQFD.« La pratique de l’arrachage consiste à retirer de terre tous les plants de vigne. Cette pratique peut s’avérer utile dans plusieurs cas : restructuration du vignoble, plantation de nouvelles vignes ou abandon d’une parcelle de vigne. Mais cette pratique a un coût : 2 000 € par hectare. Il est subventionné par l’État à hauteur de 4 000 € par hectare à condition que les vignerons s’engagent à renoncer aux autorisations de plantation. “On ne peut pas arrêter les arrachages, nous avons décidé de ne pas les financer, contrairement à ce qui se fait à Bordeaux. Nous n’imposons rien à personne. Si nous devons passer par là, nous le ferons, mais nous ne le faisons pas à la légère. assure le directeur de la FVBD. Dans le vignoble de Bergerac, il y aura beaucoup de saignements, c’est sûr. Ce qui est important pour nous, c’est de sauver les entreprises qui fabriquent des produits de qualité. ajoute-t-il.
Exportation : une faiblesse
90 % des vins de Bergerac sont vendus sur le territoire français : 55 % en grande distribution, 27 % au domaine, 10 % chez les cavistes et 9 % dans les restaurants. Les 10 % restants sont exportés : principalement vers la Belgique, la Chine, le Royaume-Uni et l’Allemagne. “C’est une faiblesse de ne pas avoir assez d’exportationsreconnaît Pierre-Henri Cougnaud. Nous aimerions avoir entre 20 et 25 % de production pour‘exporter. L’idéal serait d’avoir un tiers de nos productions en grande distribution, un tiers localement et un tiers à l’export.« Il le sait : le marché est dur. Depuis plusieurs années, les vins de Bergerac font face à une nouvelle concurrence venue des pays du Sud. L’Italie, l’Espagne, l’Amérique du Sud ou l’Australie sont toutes redoutables.
Main d’œuvre coûteuse
La main d’œuvre reste difficile à trouver. “Cela fait très longtemps que nous n’avons plus hébergé de personnel dans les cités. Les situations d’accueil ne sont pas dignes. Héberger les cueilleurs sur place coûte cher et est une pratique de plus en plus rare. “On ne crée pas d’hôtel 3 semaines par an, ça n’a pas de sens», explique PH Cougnaud. Les nombreuses normes sanitaires obligent les vignerons à créer un véritable espace de vie sur leur domaine privé. “Nous privilégions une main d’œuvre locale. Étudiants, jeunes retraités, personnes en recherche d’emploi, travailleurs étrangers, nous comptons sur eux. Nous restons évidemment très vigilants sur les conditions de travail. Outre le coût de la main d’œuvre, les vignerons sont souvent lourdement endettés ; et le manque de trésorerie les oblige à recourir à des prêts à court terme.
Une lueur d’espoir
Alors, le vignoble bergeracois est-il voué à disparaître ? Ce n’est pas ce que pense le directeur de la Fédération du Vin. Conscient que, dans les années à venir, il y aura moins de vignes, moins de vignerons, il se rassure en pensant qu’il y aura plus de spécialistes. Certes le nombre de consommateurs diminue, mais «l’objectif n’est pas de décevoir ceux qui restent, et d’en récupérer certains. Il faut savoir s’adapter et communiquer. Une phase de restructuration n’est jamais agréable, mais tout n’est pas gâché.» Un cri d’espoir lancé, face à un avenir qui reste incertain.
Article paru dans l’édition de notre journal du jeudi 31 octobre.