L’aventure d’une vie sur le toit de l’Afrique

Les Crinqués est une série pleine d’émotions où rien n’est mis en scène. Dans le cadre de son expédition, Jérôme Binette a immortalisé l’exploit de l’animateur Dominic Arpin et d’un groupe d’aventuriers. Le travail du cinéaste cowansvillois a permis de réaliser deux épisodes diffusés en ligne et à la télévision sur Canal Évasion.

« Chaque année, dans le cadre de cette série, nous suivons des sportifs pour retracer leurs motivations et leurs ambitions. Dominic Arpin m’a déjà approché pour réaliser. Nous avons collaboré l’année dernière lors d’un défi d’endurance organisé à Charlevoix. Cette fois, son projet était de conquérir le Kilimandjaro », explique le jeune cinéaste dans une interview.

Il raconte une aventure exotique qui se déroule toujours dans le moment présent. Si gravir les 5 895 mètres du toit africain en six jours est déjà un défi en soi, malgré une bonne forme physique, filmer en haute altitude avec une caméra à l’épaule double la difficulté.

A partir de 2000 mètres, les effets de l’altitude se font sentir, l’oxygène se fait plus rare et le corps dépense plus d’énergie pour assurer les fonctions vitales. Ces effets sont sournois et peuvent interrompre l’ascension à tout moment. Personne n’est à l’abri du mal de l’altitude.

Jérôme Binette garde un bon souvenir de son ascension au sommet. (Jérôme Binette)

Le défi lors de l’ascension est d’avoir une longueur d’avance sur les participants afin d’immortaliser les moments chauds, sans violer l’intimité de chacun. Jérôme Binette a dû rester à l’affût en tout temps et bien gérer ses énergies. Il était le dernier à se coucher et le premier à se lever.

« Le plus grand défi était de rendre justice aux athlètes. Je me fais toujours un devoir de présenter leurs réussites et leurs motivations. Je m’assure de les montrer sous leur meilleur jour. Pour ce faire, vous devez être présent à tout moment ! On ne peut pas faire de trop longues pauses et sombrer dans ses propres difficultés physiques », explique-t-il.

Les « vacances » formatrices

Jérôme Binette n’en était pas à son premier rodéo. C’est déjà un passionné de grands espaces, puisqu’il court presque tous les jours depuis une bonne quinzaine d’années. Lorsqu’il était plus jeune, il participait à des compétitions de fond. La discipline à pied lui a permis de développer une certaine endurance parallèlement à son origine africaine.

Il réalise également des films d’aventure depuis une dizaine d’années. Il a visité de nombreux coins du globe. Le réalisateur sait capter des moments chauds dans des conditions parfois inédites et extrêmes. Parmi ses faits d’armes, citons les films d’aventures Uapapunan Et Confinéainsi que la série Les vacances de Monsieur Bruno avec le sympathique Bruno Blanchet.

« Le Kilimandjaro est le cours de maître d’une manière ou d’une autre. Cette aventure m’a permis de mettre en pratique les compétences acquises au fil de mes aventures, notamment celles avec Bruno Blanchet en Afrique du Sud, au Lesotho et en Indonésie. Cette collaboration m’a appris à écouter, à mettre en valeur les autres, sans trop imposer mes exigences de conteur », note-t-il.

Le cinéaste de Cowansville a accompagné l’animateur Bruno Blanchet dans ses aventures en Afrique du Sud, au Lesotho et en Indonésie. (Bruno Blanchet)

La force d’un transporteur

Jérôme Binette revient du toit africain avec une tonne de souvenirs en images et en tête. Dans une interview, il raconte quelques anecdotes qui ont marqué sa grande expédition. Ils mettent tous en scène les porteurs, ceux qui sont chargés de transporter l’équipement et les bagages des aventuriers jusqu’au sommet.

« Je n’ai jamais vu des gens aussi heureux d’être à la montagne ! Ils vous ramènent dans le moment présent et arrivent en jeans et chaussures simples, alors que nous sommes plus équipés. Malgré tout, ils grimpent plus vite, avec une charge considérable. Ils chantent et sont les premiers à aider », s’émerveille-t-il.

Malgré eux, les porteurs ont enseigné une grande humilité aux aventuriers québécois. Jérôme Binette a rarement vu des gens aussi positifs et généreux. Leur force de caractère est « à la fois impressionnante et motivante ».

Le cinéaste a posé au sommet avec les porteurs. Ils devaient transporter le matériel et veiller au bon déroulement de l’expédition et à la santé des aventuriers. (Jérôme Binette)

Afin de montrer la montagne sous tous ses angles, le cinéaste a dû prendre quelques libertés. Lors d’une journée d’acclimatation, il est parti seul au petit matin et s’est aventuré hors des sentiers battus pour capturer. À son retour, quatre porteurs l’attendaient pour le ramener chez lui.

« À l’époque, je pensais avoir des ennuis, car il faut être accompagné à tout moment en montagne ! Avais-je compromis mon ascension et les épisodes en prenant un tel risque ? En chemin, les porteurs se parlaient en swahili, ce qui a alimenté mes appréhensions.

Jérôme Binette a pensé à leur demander de lui apprendre à chanter « Jambo Bwana », l’hymne de Kili, en espérant que ce détournement les empêcherait de s’organiser pour dénoncer la situation. À leur arrivée au camp, tous les porteurs ont chanté « Letem Zugu », qui signifie « ramener l’homme blanc ». À l’unisson, ils ont simplement célébré le retour sain et sauf du cinéaste québécois.

Les participants ont gravi la montagne pendant de longues heures.

Les participants ont gravi la montagne pendant de longues heures. (Jérôme Binette)

Vers les sommets

La ruée vers le sommet de la montagne a certainement marqué l’aventure. À 4 000 mètres d’altitude, il faut trois ou quatre respirations pour accumuler la quantité d’oxygène normalement présente au niveau de la mer.

Pour ajouter au défi, Jérôme Binette a dû faire des allers-retours et se positionner face aux aventuriers pour immortaliser chaque instant de leur expédition. Il fallait faire l’effort non seulement de marcher, mais aussi de dépasser les autres.

« J’étais proche de ma limite physique ! J’ai dû gérer mes efforts en mettant en avant les autres, en posant les bonnes questions sans être trop intrusif.

— Jérôme Binette

Le cinéaste a testé ses limites pour franchir la scène de Gilman’s Point qui se situe à 5756 mètres d’altitude. Après cinq heures d’escalade nocturne, l’artiste a capturé l’un des plus beaux levers de soleil qu’il ait jamais vu. Les photos lui rendent justice selon lui.

« L’ambiance, l’altitude et l’air y sont pour quelque chose ! J’ai été submergé par le sentiment que je ne devrais pas être là. Nous n’étions pas censés vivre ce moment, mais nous y étions. Sentiment très spécial. Mais il ne faut pas s’attarder trop longtemps sur les enregistrements», admet-il.

Un lever de soleil capturé sur le toit africain.

Un lever de soleil capturé sur le toit africain. (Jérôme Binette)

Il tire une grande satisfaction des deux épisodes dévoilés. Il a pu documenter toutes les étapes de l’ascension. Pour avoir regardé tout ce qui se fait sur Kili, Jérôme Binette avoue que les images sont rares au-delà de la scène Kibo Hut (4720 mètres d’altitude).

« Les images sont très rares. C’est documenté, mais à l’aide de petites caméras. J’ai essayé de faire de mon mieux et aucune image ne manque ! J’ai reçu d’excellents retours de la part des participants et d’autres personnes ayant gravi le Kilimandjaro. Selon eux, le documentaire montre l’expérience sous un nouvel angle », conclut-il.

Diffusés récemment sur Évasion, les deux épisodes sont disponibles en ligne sur Qub.

 
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