Je ne veux pas être impoli, Ali, mais je pense que tu passes à côté de l’essentiel.
Littérature? Mais les livres sont finis, il faut désormais lire des séries ou des films.
Car est-ce que je connais des œuvres de la littérature américaine qui auraient transformé ma vie ? Vous allez me raconter « Les Raisins de la Colère », « Le Conte de la Servante », « Un tramway nommé Désir »…
Oui bon, c’est vrai qu’en CM2 j’ai joué le Tramway au spectacle de fin d’année, mais sinon ? Non…
Parce que ce qui a vraiment changé ma vie, c’est une série américaine, basée sur Peter Falk, un imperméable beige froissé et une vieille guimbarde.
Je veux bien sûr parler de Columbo.
Alors ça, oui, ça a changé ma vie.
Parce que même si Columbo n’est pas passé à la télé depuis 1000 ans, enfin, sauf à TV Breizh, mais il faut quand même avoir un bon Columbite aigu pour regarder le rererediff, et bien malgré ça, 8 fois sur 10 quand je donne mon nom on me dit « Columbus, comme l’inspecteur ? « .
Et comme la vie est facétieuse, l’homme avec qui je partage mes journées s’appelle Canard. Nous sommes donc Les Colombo de Canard. Et c’est désolé, mais aucun auteur ne risquerait une telle erreur.
Alors en suivant attentivement ma chronique, vous avez remarqué que je disais « 8 fois sur 10 » et qu’on me répond « Colombo aime l’inspecteur ? « . Et comme tu n’es pas si mauvais en maths, tu te dis : « bon, et les 2 fois restantes alors ? »
Oui, j’aime faire des questions et réponses.
Ainsi, dans 1 cas sur 10, on me dit « est-ce que Colombo est comme le plat ? », qui indique forcément le lieu de naissance de ladite personne ou tout, du moins ses origines (souvent les Antilles françaises, souvent la Martinique).
Et j’avoue que j’aime ça. Quand l’autre jour mon ami Benoit me disait avec un oeil gourmand “tu sais que tu es mon plat préféré de quand j’étais petite, quand je te vois je retourne en enfance”, ça m’a fait plaisir, j’ai pris ça comme un compliment. Je me suis dit que je ressemblais à une petite poule, mais soyons honnêtes, en ce moment je crois que je commence à ressembler davantage à une vieille poule.
Le 1 cas restant est généralement quelqu’un qui aime voyager ou quelqu’un de très connaisseur en géographie et qui me dit « Colombo comme Sri Lanka ? « .
Alors afin de varier les plaisirs, sachez que je porte également le nom d’une entreprise qui fabrique des objets pour la maison.
Ainsi, par exemple, vous pouvez sécher votre linge sur un étendoir Colombo, puis repasser votre T-shirt dessus à l’aide d’une fabuleuse planche à repasser Colombo. Mais aussi grimper moi-même à l’aide d’un magnifique escabeau Colombo, que je prends en hommage à ma légendaire taille de 50 mètres.
Mais j’ai encore mieux que l’escabeau, Ali, le tuyau ! Puisque j’existe aussi en Saucisse. Du saucisson que l’on peut accompagner d’un petit verre de vin rouge de Colombo et les filles, un Côte du Rhône qui n’est pas dégueulasse, dégustez, je suis en vente actuellement chez Monop.
Alors finalement « Colombo en inspecteur », c’est un peu court, jeune homme, on pourrait dire beaucoup de choses dans l’ensemble.
Mais je profite néanmoins de cette audience nationale qui s’offre à moi, pour dire à tous les gens qui pensent que je m’appelle Colombo comme l’inspecteur qu’ils ont tort.
Car si l’inspecteur Colombo est comme moi, d’origine italienne, sa famille a immigré à New York, tandis que la mienne s’est installée à Villerupt, chef-lieu du canton de Meurthe et Moselle, eh bien, que veux-tu ? -toi, nous n’avons pas tous le même destin…
Et ainsi son nom s’est américanisé, il s’écrit donc colUmbo, alors que j’ai gardé tous mes O de ritalo. Alors non, ce n’est pas Colombo comme l’inspecteur, vous avez peut-être appris quelque chose aujourd’hui, que le service public ne sert à rien.
En tout cas Ali, voyez-vous, il n’y a pas que la littérature qui peut apporter beaucoup d’histoire dans nos vies.