La Coordination rurale fait monter la tension d’un cran

Mercredi 20 novembre 2024. Un tracteur équipé d’une grosse remorque arborant des drapeaux jaunes du syndicat Coordination rurale s’installe en travers de la route d’accès menant à Scalandes. Cette plateforme logistique du groupe Leclerc centralise les produits de plusieurs milliers de fournisseurs et approvisionne les magasins dans cinq départements notamment.

« Nous sommes arrivés à midi pile », précise Vincent Coco, président du CR 40. Après avoir occupé l’axe de la préfecture pendant vingt-quatre heures, la Coordination rurale porte un nouveau coup en bloquant l’accès du quai aux camions.

« Le but n’est pas d’affamer les gens, mais il faut comprendre que sans agriculteurs, il n’y a plus de nourriture », explique Olivier De Ginestet, céréalier et éleveur de volailles à Saint-Sever. A midi, au moins trois camions étaient bloqués devant la plateforme centrale d’achat et de stockage. “J’ai livré de la nourriture pour animaux et maintenant je suis coincé, donc je ne peux pas rentrer chez moi”, explique Cristian, un chauffeur de camion espagnol qui vit à Saragosse. «Je vais devoir attendre qu’ils lèvent le blocage», explique Jonathan, également chauffeur.


L’accès aux quais de chargement est rendu impossible par les déchets.

Philippe Salvat / SO

Le CR 47 multiplie les opérations

Sur place, les agriculteurs de la Coordination rurale 40 installent des chapiteaux et allument un feu dans un tonneau métallique. Vincent Coco est chargé de faire fonctionner la plancha déjà utilisée lors de l’occupation de l’axe préfectoral. Et sur toutes les lèvres, les mêmes mots : « Les collègues devraient arriver. » Comprendre les agriculteurs du CR Lot-et-Garonne (47).

La veille, ils s’étaient rendus à la Direction Départementale Territoriale à Agen. Des bennes à ordures ont été remplies de déchets agricoles et déversées avenue de Colmar. L’entrée de la Direction générale des finances publiques et les portes de la préfecture couvertes de détritus.


Ambiance de fin de journée au camp de la Coordination Rurale à Scalandes.

Philippe Salvat / SO

Partis d’Agen vers 11 heures, leur arrivée à Scalandes est prévue à 13 h 30. Au même moment, d’autres agriculteurs du CR 47 ont pris la direction de Bordeaux et Montauban pour bloquer une centrale électrique. Achats intermarchés.

13h30, les premiers tracteurs immatriculés 47 arrivent au son des klaxons à Scalandes. Les renforts du Lot-et-Garonne sont accompagnés d’autres agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques. Au total, une trentaine viendra s’ajouter aux effectifs déjà sur place.

« Nous ne savons pas combien de temps nous allons rester. Nous attendons les directives», souligne Guillaume, producteur de céréales et de semences à Francescas. « Nous nous relayerons pour que chacun puisse gérer sa ferme », ajoute Hervé.

«Nous allons continuer»

Un peu plus tard dans la journée, les manifestants ont atteint le rond-point des pompiers de Mont-de-Marsan. Pneus, palettes et pailles sont brûlés, créant une épaisse fumée noire dans le ciel.

Pendant toute la durée du mouvement, la Coordination rurale ne divulgue que très peu d’informations. Seule certitude : “Tant que nous n’aurons pas de réponses claires de notre gouvernement, nous continuerons”, a déclaré Patrick Franken, premier vice-président de la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne. D’autres actions pourraient être menées jeudi 21 novembre à la préfecture des Landes.


D’autres actions pourraient être menées ce jeudi 21 novembre.

Philippe Salvat / SO

La réaction de Leclerc

Fabien Bornancin, le directeur du centre commercial Grand Moun (Leclerc), exprime son impuissance face à l’arrivée des syndicats agricoles à la plateforme d’achat de Mont-de-Marsan. « Nous attendons. Des turbulences sont attendues. Malheureusement, nous n’effectuons aucun exercice de stock. Nous ne pouvons qu’être passifs et attendre de voir ce qu’ils feront. »
Interrogé sur la possibilité d’anticiper certaines livraisons, le directeur a répondu : « Nous avons pu le faire, mais de manière très marginale, car compte tenu de nos volumes, nous ne pouvons pas tout changer. » Côté personnel, là aussi, l’initiative a été prise : « Nous avons préparé les équipes à intervenir, mais aussi à ne pas réagir de manière excessive et à garder la tête froide. »

 
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