un an après les émeutes, son bar incendié est très loin de rouvrir

un an après les émeutes, son bar incendié est très loin de rouvrir
un an après les émeutes, son bar incendié est très loin de rouvrir

Un rideau de fer protège ce qui reste du commerce. Soit rien, soit presque. Depuis près d’un an, le bar Le Penalty, situé dans le centre commercial La Rabière, n’accueille plus de clients. Il a brûlé comme quatre autres commerces dans la nuit du 29 au 30 juin 2023, lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel.

« Depuis, nous avons été abandonnés. Nous avons été emmenés faire un tour. Un an plus tard, que reste-t-il ? “, demande Amine Abdellaoui, co-associé et propriétaire de l’entreprise. Son café est inutilisable et il a accepté un travail de nuit pour “Paie mes factures. J’avais une entreprise de menuiserie en liquidation (1) et j’ai perdu mon café qui était censé être mon plan B »il chuchote.

Quelques jours après l’incendie, le préfet d’Indre-et-Loire Patrice Latron s’est déplacé à la rencontre des commerçants sinistrés de La Rabière, accompagné du sous-préfet Guillaume Saint-Cricq et du maire de Joué-lès-Tours, Frédéric Augis.

Amine Abdellaoui (à droite en t-shirt noir) aux côtés du préfet Patrice Latron, du sous-préfet Guillaume Saint-Cricq et du maire de Joué-lès-Tours Frédéric Augis, le 5 juillet 2023.
© (Photo archives NR, Alexandre Métivier)

Quelle position pour la Ville ?

« Ensuite, nous avons été reçus à deux reprises par le préfet, qui a joué le jeu, se souvient du commerçant. Mais nous n’avons obtenu aucun résultat. Il a fallu dix mois pour obtenir une expertise qui n’est pas datée. En mars 2024, lors d’une réunion avec le maire, le sous-préfet et la chambre de commerce et d’industrie, on m’a annoncé qu’on ne pouvait rien faire pour moi et qu’il fallait que je fasse appel à un avocat.déplore Amine Abdellaoui.

Divers soutiens ont été proposés aux commerçants depuis les émeutes, notamment via des rencontres ou un livret recensant toutes les aides mobilisables. Des fonds exceptionnels ont également été débloqués, notamment par le conseil régional. À La Rabière, il n’y avait plus de syndic depuis des années et les murs des commerces n’étaient pas tous assurés.

« A ce stade, le dossier est principalement entre les mains des assureurs, eux seuls peuvent rembourser les dégâts »indique la Ville de Joué, qui, si elle dit “à l’écoute des commerçants”, refuse de « s’immiscer dans les relations entre les compagnies d’assurance et leurs clients ».

Avant l’incendie, il était prévu de détruire le centre commercial après la construction d’un nouveau bâtiment de l’autre côté du tramway. Comme d’autres, Amine Abdellaoui n’avait pas prévu de déménager.

“Je ne me laisserai pas décourager”

Seulement, après l’incendie, “L’assurance nous a dit que comme nous ne reprenons pas l’activité, nous n’avions pas droit à la perte de marché ni à la perte d’exploitation”. L’expertise estime la valeur vénale à 138 000 € et un chiffre d’affaires annuel à 115 000 €, quand Amine Abdellaoui estime la perte d’exploitation à 150 000 €. « Aujourd’hui, l’assurance ne nous propose que 17 000 € »il s’étouffe.

Il envisage donc d’intégrer le futur centre commercial : « Nous sommes prêts à y aller pour récupérer notre argent. Je ne me découragerai pas, même si cela doit durer dix ans. » De son côté, la mairie indique ne pas avoir reçu « Aucune demande officielle de M. Abdellaoui, ni de son propriétaire. Nous restons attentifs à sa demande si un projet de relocalisation de son établissement nous est présenté. »

(1) L’expertise mentionne également la sécurisation du site après l’incendie, réalisée par l’entreprise de menuiserie d’Amine Abdellaoui, dont le prix de 3 334 € HT est jugé « prohibitif au regard des travaux réalisés ».

 
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