Le psy « méprisant et autoritaire » des centres du Loiret obtient une victoire judiciaire

Le psy « méprisant et autoritaire » des centres du Loiret obtient une victoire judiciaire
Le psy « méprisant et autoritaire » des centres du Loiret obtient une victoire judiciaire

Par

Laurent REBOURS

Publié le

21 juin 2024 à 18h48

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Le tribunal administratif d’Orléans vient de donner raison à un ancien psychiatre de l’établissement public d’hygiène psychiatrique Georges-Daumezon de Fleury-les-Aubrais (Loiret).

Celui-ci a demandé l’annulation de sa suspension pour certains ” actions abusives, irrespectueuses et incorrectes » envers ses confrères et ses patients. Le praticien, qui a « fait valoir ses droits à la retraite », ne sera toutefois pas non réintégré au sein de l’établissement.

« Manque de soutien à l’équipe »

M. XXX pratiquait en fait depuis 2014 au sein de l’hôpital psychiatrique, qui a 240 unités et gère vingt-deux centres médico-psychologiques (CMP) dans le département. Le médecin exerçait en cette qualité au CMP de Saran et Disparu.

Le 5 janvier 2021un patient était “entré” au CMP de Saran et s’était montré “agressif (…), voire menaçant” avec les agents, ce qui a nécessité l’intervention des forces de l’ordre. Le pratiquant s’est par la suite emporté contre les équipes présentes : il leur avait reproché « de ne pas l’avoir prévenu ».

“Plusieurs agents” ont alors été “mis en arrêt maladie” mettant en cause le “comportement” du psychiatre et de son ” manque de soutien à l’équipe« .

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Problèmes de communication, tactiques d’évitement

Le rapport d’enquête établi au lendemain de l’incident par deux membres du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’EPSM avait souligné qu’à partir de 2020, « les agents du CMP de Saran portent plainte pour des problèmes de communication » rencontré M. XXX.

Il « s’énervait régulièrement», « ne supportait pas la critique ou la contradiction » et pouvait se montrer « méprisant et autoritaire ” vers eux. Cela avait ainsi amené certains à mettre en place « tactiques d’évitement » pour ne pas avoir affaire à lui. Cette situation a provoqué « épuisement psychologique » et « un stress important » au sein de l’équipe, selon le rapport du CHSCT de l’EPSM Georges-Daaumézon.

Des patients se plaignaient aussi de ses « retards de consultation »

Les patients se plaignaient également de « l’importance de ses retards en consultation » et du « délai dans lequel il pouvait leur remettre leurs ordonnances ou leurs arrêts de travail“, allant parfois jusqu’à ” faire une erreur dans le nom donné » sur l’ordonnance.

Certains avaient également envisagé de « changer de praticien », rapporte le tribunal administratif d’Orléans dans ce jugement du 28 mars 2024 qui vient d’être rendu public. Le rapport du CHSCT précisait enfin que M. XXX « n’a pas respecté les règles de sécurité imposées au sein des structures » :

Il ne fermait pas les volets à sa sortie, pénétrait dans les locaux le week-end, ce qui déclenchait l’alarme et entraînait par conséquent l’arrivée d’équipes de renfort…

CHSCT report

Pour toutes ces raisons, le directeur de l’EPSM Georges-Daumézon avait donc suspendu M. XXX de ses fonctions le 23 février 2021 – tout en maintenant sa rémunération – au motif que « son comportement à l’égard du personnel soignant et des usagers met en péril la continuité et le bon fonctionnement du service« . Il lui a également été interdit de retourner sur son lieu de travail pendant la durée de cette « suspension » temporaire des fonctions.

Le médecin a alors intenté une action en justice contre 7 avril 2021 faire annuler cette décision et demander sa réintégration « dans un délai de huit jours à compter du prononcé du jugement, sous astreinte de 100 euros par jour de retard ».

Pas de « circonstances exceptionnelles » pour justifier cette suspension

Si (…) M. XXX a pu, pendant plusieurs mois, perturber le bon fonctionnement des CMP dans lesquels il travaillait, notamment celui de Saran, il ne ressort pas des pièces du dossier (…) que ce comportement ait été été susceptibles de compromettre la continuité du service ou la sécurité des patients.

Tribunal administratif d’Orléans

« Sans remettre en cause l’importance de la communication et de la considération mutuelle au sein d’une équipe soignante » ajoute le tribunal d’Orléans.

« Alors que l’incident déclencheur (…) s’est produit le 5 janvier 2021 (…), la suspension n’a eu lieu que le 23 février 2021, après que l’EPSM a tenté à trois reprises d’organiser des réunions d’équipe notamment pour entendre M. XXX sur les griefs qui lui étaient reprochés », ont également noté les juges. « Par ailleurs, il ne ressort pas (…) du dossier qu’il aurait été transmis aux autorités (…) immédiatement, l’EPSM restant muette sur ce point en défense. »

« Dans ces conditions, même si le comportement de l’intéressé aurait pu justifier l’ouverture d’une procédure disciplinaire, il ne peut être considéré comme caractérisant des circonstances exceptionnelles permettant (…) suspendre l’intéressé de ses fonctions», concluent-ils.

L’hôpital psychiatrique a donc été condamné à verser 1 500 euros à son ancien psychiatre pour ses frais de justice mais ne sera pas tenu de le réintégrer dans ses effectifs, comme il l’avait initialement réclamé : il était « admis à la retraite » en attendant et « retiré de la direction » de la fonction publique hospitalière.

RB (PressPepper pour l’actualité d’Orléans)

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