Abolition du système de licence des taxis

Abolition du système de licence des taxis
Abolition du système de licence des taxis

La Cour supérieure du Québec a condamné vendredi le gouvernement du Québec à payer plus de 219 millions pour avoir « exproprié illégalement et sans juste compensation » des propriétaires de permis de taxi au profit du géant Uber.


Publié à 19h15

Mis à jour à 20h52

Ce jugement découle d’un recours collectif intenté par plus de 6000 anciens propriétaires de permis de taxi après que Québec a conclu un projet pilote avec la multinationale Uber en septembre 2016, lorsque cette dernière avait refusé de respecter les lois québécoises sur les permis professionnels délivrés aux chauffeurs.

Près de 144 millions sont donc réclamés au titre des indemnités d’expropriation, auxquels s’ajoutent les intérêts et indemnités complémentaires calculés à partir de septembre 2016 (27 000 dollars par jour), portant le total à plus de 219 millions.

“C’est une victoire historique pour les titulaires de permis de taxi qui ont vécu l’injustice et qui se sont battus pendant des années et ont finalement obtenu gain de cause”, explique M.e Mathieu Charest-Beaudry qui représentait les membres de l’action collective.

Pour la Cour, l’autorisation d’un tel projet pilote avec Uber était la première étape du processus d’expropriation qui a abouti à la suppression complète du système de permis de taxi en octobre 2019 au profit de la multinationale.

Dans son jugement, la juge Silvana Conte a conclu que les licences de taxi représentaient un atout financier important pour leurs titulaires qui ont souvent travaillé toute leur vie, un atout que le gouvernement a balayé en supprimant le système des permis.

En mettant fin au marché des permis de propriétaire de taxi, le Québec a également mis fin au statut de ces permis qui étaient jusqu’alors considérés comme des biens d’équipement pouvant être cédés, transférés et vendus.

Indemnisation injuste

Le gouvernement a alors mis en place plusieurs programmes de compensation destinés aux titulaires de permis de taxi.

La première a eu lieu après l’adoption du projet pilote avec Uber. Le gouvernement avait alors alloué une enveloppe de 250 millions pour compenser la perte de valeur des permis après l’arrivée de la multinationale.

Un deuxième programme d’indemnisation a ensuite vu le jour en 2019 après l’adoption de la loi supprimant la licence des taxis. Ce programme était basé sur le prix d’acquisition des permis.

Pour moie Charest-Beaudry, cette façon de dédommager les titulaires de permis est une « injustice flagrante » qui fait peser un fardeau indu sur les plus vulnérables, notamment les personnes âgées, parfois octogénaires, qui ont acheté leur permis dans les années 1970.

“Ceux qui ont payé 10 000 $ dans les années 1970 pour leur permis, ils n’ont pas été équitablement indemnisés par le gouvernement, alors que quelqu’un qui l’a acheté en 2013 aura reçu 200 000 $”, précise-t-il. [Les gens qui ont témoigné] presque tous ont déclaré que cela avait eu un impact sur leur retraite, car ils s’étaient préparés à vivre des revenus de ce permis au moment de leur retraite, mais ils ont perdu cet atout. »

L’argent des contribuables

Les indemnisations déjà accordées aux anciens conducteurs, ajoutées au montant du dernier jugement, représenteraient plus d’un milliard d’argent public.

«Le gouvernement a fait le choix politique de ne pas indemniser pleinement ces personnes et la réalité est que ce choix a coûté des dizaines de millions de dollars aux citoyens québécois», ajoute Mme.e Charest-Beaudry.

L’action collective demandait initialement 310 millions, ce qui correspond à la valeur des permis de taxi lors de l’arrivée d’Uber en 2014. Le jugement a toutefois choisi de s’arrêter à 2016 pour mesurer le montant réclamé et de demander au Québec 144 millions.

Un recours collectif est toujours en cours contre Uber pour la perte de revenus occasionnée. M.e Charest-Beaudry espère pouvoir réclamer la différence de 25 millions à la multinationale.

 
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