Tags pro-russes à Paris : des opérations aux multiples finalités : Actualités

Graffitis, cercueils sous la Tour Eiffel : presque chaque semaine, de petites équipes de l’ex-bloc soviétique sont rapidement repérées après ces opérations, des procédés qui paraissent grossiers à première vue, mais dont la finalité est plus complexe qu’elle ne l’est en réalité. ne semble pas être là.

Jeudi, deux Moldaves ont été arrêtés après avoir apposé au pochoir sur des cercueils l’inscription « Stop à la mort, Mriya, Ukraine » sur les façades de deux grands organes de presse du cœur de Paris, Le Figaro et l’AFP. Mardi, des tracts « Mirages pour l’Ukraine » représentant un avion en forme de cercueil ont été retrouvés devant l’AFP ou tagués à plusieurs endroits de la capitale.

Début juin, des cercueils ont été déposés devant la Tour Eiffel, portant l’inscription « Soldat français en Ukraine ». Fin 2023, des étoiles de David ont été peintes à Paris et il y a quelques semaines des « mains rouges » ont été peintes sur le mémorial de la Shoah, suscitant l’indignation.

Les modes opératoires se répètent, et les auteurs sont souvent rapidement identifiés : originaires de pays de l’ex-bloc soviétique (Moldavie par exemple), tentant parfois de fuir à l’étranger, et affirmant avoir été payés quelques dizaines d’euros par de mystérieux sponsors.

Il n’y a guère de doute pour les autorités françaises et pour les experts en guerre de l’information : il s’agit d’opérations de déstabilisation orchestrées par la Russie, accusée de vouloir diviser la société française et semer le chaos.

Dans le cas de l’Étoile de David, l’opération a finalement été attribuée par les autorités aux services de sécurité russes (FSB). De son côté, Moscou nie toute ingérence.

– Quel intérêt ? –

Mais à quoi sert de mettre en place de telles opérations qui paraissent parfois grossièrement montées ?

“Ils s’adressent à leur public, à des milieux qui ne croiront pas les autorités qui dénoncent la Russie”, explique le docteur Christopher Nehring, analyste spécialisé en désinformation à la Fondation allemande Konrad Adenauer, et “ils exploitent des tensions préexistantes au sein même du parti”. si les autorités peuvent prouver que la Russie est impliquée, une partie du public percevra le « message émotionnel ».

Pour Arnaud Mercier, professeur de sciences de l’information à l’université Paris 2, « cela n’a pas beaucoup d’impact sur l’opinion publique » au sens large.

Mais « une partie de ce que fait la Russie vise avant tout à être un outil de communication interne », explique-t-il. Dans ce cas, il s’agit de renforcer l’idée parmi l’opinion publique russe que l’Occident, comme la France, mène une guerre contre la Russie en Ukraine, et que cela est controversé.

– Message caché? –

Cependant, « on peut se demander s’ils ne se font pas attraper volontairement », s’interroge une source sécuritaire française sous couvert d’anonymat.

« Soit ils ont des équipes qui ne savent pas faire mieux, soit l’objectif n’est pas de couvrir Paris de tags, mais de nous faire savoir qu’ils peuvent faire mieux, dans une logique de harcèlement très mesurée, de nous montrer qu’ils ont nous dans leur ligne de mire » et envoyez un message.

Une source européenne du renseignement, également sous couvert d’anonymat, fait une analogie avec le monde de la mode : “les Russes produisent de la ‘fast-fashion’ à bas prix, mais ils peuvent aussi confectionner des vêtements sur mesure et élaborés.”

Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, les gouvernements européens ont expulsé un grand nombre de diplomates russes, et « des agents infiltrés prioritairement des services secrets, entravant leur capacité d’agir », souligne la source sécuritaire.

Mais depuis, Moscou a multiplié les efforts pour accroître sa capacité d’action, en sous-traitant les opérations. Fin mai, le Wall Street Journal révélait comment des civils, dont au moins un réfugié ukrainien en Pologne, avaient été recrutés pour fournir des informations à Moscou.

“Les Polonais ont documenté de véritables opérations d’espionnage, nous avons identifié d’autres cas en Allemagne, en République tchèque”, ajoute la source sécuritaire, qui rappelle qu’il y a eu également des incendies en Grande-Bretagne sur des sites où transitaient des équipements à destination de l’Ukraine.

Il ajoute : “En France, il y a eu des signalements d’entreprises sensibles ayant repéré des personnes qui semblaient faire du repérage, on ne sait pas ce que c’est.”

 
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