douze à treize ans requis contre une mère accusée d’infanticide

douze à treize ans requis contre une mère accusée d’infanticide
douze à treize ans requis contre une mère accusée d’infanticide

Douze à treize ans d’emprisonnement ont été requis contre Naïma Ben Allam, soupçonnée d’infanticide sur ses deux filles polyhandicapées portées disparues depuis décembre 2016. Le verdict est attendu ce jeudi soir.

Douze à treize ans d’emprisonnement ont été requis contre Naïma Ben Allam par le procureur général pour infanticide sur mineurs de moins de 15 ans. Cette mère est accusée d’avoir tué ou fait tuer ses deux filles polyhandicapées, introuvables depuis sept ans.

Démêler les propos de l’accusé

L’avocat général s’est attelé à démêler les explications particulièrement alambiquées et confuses de la mère, en ce quatrième et dernier jour du procès à la cour d’assises d’Agen.

Depuis le début de l’enquête, la mère a donné plusieurs versions contradictoires. Elle a d’abord déclaré avoir confié ses enfants à une personne de confiance en Espagne, puis en France. Lors de son témoignage à la barre, elle revient sur ses précédents propos et affirme désormais qu’un groupe de personnes de confiance s’occupe de ses deux enfants, au Maroc, dans un lieu tenu secret. A aucun moment Naïma Ben Allam n’a apporté de réponses rationnelles.
“Elle a été très dure, à aucun moment elle n’a essayé de collaborer et de dire”déplore Annie Gourgue, présidente de l’association La Mouette et ancienne représentante légale des enfants.

Je veux surtout croire que ces enfants sont vivants. Mais j’espérais tellement qu’elle nous le dirait.

Annie Gourgue

Président de La Mouette – Partie civile

L’interrogatoire de l’accusé a laissé une impression durable. Elle est très virulente et refuse obstinément de révéler où se trouvent ses filles, même face aux supplications de sa propre mère.


Les 9 jurés ont la lourde tâche d’opter pour la culpabilité ou non de la mère de famille.

© FTV

Un procès sans corps

Les filles de l’accusé, Inès et Nawal, âgées de 11 et 13 ans au moment des faits, en 2016, n’ont jamais été retrouvées. Ils auraient aujourd’hui 18 ou 20 ans s’ils étaient encore en vie, mais rien ne le prouve aujourd’hui.

Il appartient donc aux jurés de s’appuyer sur leur conviction intérieure pour se mettre d’accord sur un verdict d’ici ce soir. Un manque de preuves concrètes dénoncé par l’avocat de l’accusé : « Une conviction intime n’est pas une intuition, elle s’appuie sur des preuves. »

La difficulté de ce procès est que les jurés vont devoir construire une intime conviction alors qu’il n’y a aucune preuve.

Master Patrick Lamarque

Avocat de Naïma Ben Allam

Car ce procès repose sur des éléments peu nombreux, mais inquiétants, révélés par six années d’enquête minutieuse. Parmi eux, la grosse tache de sang, retrouvée dans la pièce et dans laquelle on a retrouvé l’ADN d’une petite fille. Ou ce détour de 35 km en voiture, à travers la forêt de la Durance, réalisé en décembre 2016.


Où sont Nawal et Inès

© FTV

Un autre élément a été constaté par les gendarmes et exposé lors de la restitution de l’enquête par un gendarme : le téléphone de Naïma ne s’est jamais limité à l’Espagne. Elle a cependant soutenu qu’elle s’y était rendue pour déposer les enfants chez une personne de confiance, selon une de ses versions.

L’un des enquêteurs décrit une femme à l’époque psychologiquement et physiquement fatiguée, mais intelligente, qui lui a immédiatement parlé du lourd fardeau que représentaient ses filles.

La mère est-elle tombée en panne ?

Tout au long de la deuxième journée de ce procès, experts et témoins se sont relayés pour retracer les quelques années de vie partagées par la mère et ses deux enfants atteints de multiples handicaps moteurs et cérébraux. Enfants privés d’élocution, de motricité, incapables de marcher ou de manger seuls.

Accueillies dans un centre de jour, les filles étaient sous la garde exclusive de leur mère, matin et soir, tous les week-ends et vacances scolaires. Le père est parti avant la naissance du deuxième enfant. La pression est-elle devenue insupportable, se demandent tous ceux présents à ces réunions ?

Début décembre, on sait qu’elle s’est dite épuisée, qu’elle a demandé un foyer pour ses filles et qu’on lui a répondu que cela ne serait pas possible pendant les vacances de Noël, mais que ce ne serait possible qu’en mars.

Maître Virginie Belacel

Avocat de l’oncle et de la grand-mère des enfants

C’est après ces vacances de Noël que nous avons définitivement perdu la trace des deux petites filles.


La maison de Nérac où vivaient ensemble la mère et ses deux petites filles a été inspectée dans les moindres détails

© FTV

On peut dire qu’à un moment donné, elle était peut-être tellement bouleversée qu’elle n’avait pas d’autre choix.avancer mMaître Sylvie Brussau, avocate du père des deux enfants. Mais quel choix ? Ils ont besoin de réponses.

Un accusé absent à l’ouverture de la 2ème journée de procès

Outre le silence de l’accusée, ce procès a également été marqué par son absence le deuxième jour d’audience. Arrivée avec trois quarts d’heure de retard, l’accusée a justifié son absence par «un problème avec les somnifères.

Ce retard, finalement excusé, le fait courir le risque d’être placé en détention provisoire. Ce jeudi soir, ce sont les jurés qui se chargeront de placer Naïma Bel Allam en détention. Le verdict est attendu en fin de soirée.

 
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