De plus en plus de patients quittent les urgences sans avoir été pris en charge

De plus en plus de patients quittent les urgences sans avoir été pris en charge
De plus en plus de patients quittent les urgences sans avoir été pris en charge

En 2023-2024, sur une période d’environ 11 mois, 3,2 millions de patients se sont présentés aux urgences du Québec et 11,5 % d’entre eux, soit 376 460 personnes, en sont sortis avant de recevoir un traitement médical.

En comparaison, en 2018-2019, c’était un peu plus de 10 %, soit 378 348 patients sur un total de 3,7 millions de visites.

« Une personne sur deux attend plus de cinq heures aux urgences au Québec. Ce n’est pas étonnant qu’il y en ait plusieurs qui partent », a commenté l’auteure de l’étude, Emmanuelle B. Faubert, en entrevue.

Les patients orientés vers un autre professionnel de santé pouvant répondre à leurs besoins ne sont pas pris en compte dans ces données puisqu’ils sont considérés comme pris en charge.

“Cela reste un problème”

« Cela reste une augmentation car la durée des études en 2023-2024 est de 11 mois. Donc on voit ça dans 11 mois […] nous avons essentiellement le même nombre de patients qui ont quitté les urgences avant le traitement que [une période] il y a un an, il y a cinq ans », a déclaré Mme B. Faubert.

“Cela reste un problème compte tenu de l’augmentation des budgets que nous consacrons à la santé et de toutes les réformes que nous faisons chaque année”, ajoute-t-elle.

Elle s’inquiète particulièrement des 103.715 patients des catégories P1, P2 et P3 qui correspondent à des cas plus urgents. Selon les données obtenues du ministère de la Santé et des Services sociaux, 25,3% des patients de priorité 3 ont quitté les urgences avant un traitement médical, 2,2% des patients P2 et 0, 03% des patients P1.

La proportion de patients P1 à P3 ayant quitté les urgences faute d’avoir consulté un professionnel disponible pour les soigner est passée de 21,9 % en 2018-2019 à 27,5 % en 2023-2024.

« C’est un gros problème parce que cela démontre que notre système de santé est incapable de prendre soin des Québécois. Et c’est dangereux quand on pense que la population vieillit et que les besoins augmentent », a soutenu Mme B. Faubert.

Des risques

Pour les cas moins urgents (P4 et P5), plus de 70 % des patients ont décidé de quitter les urgences sans avoir été soignés.

« Les gens qui ne sont pas [des cas] urgent, ils ne le feront pas [aux urgences] pour une promenade en plein air. Ils y vont parce qu’ils ont besoin d’aide, de soins, que ce soit urgent ou non. Ils y vont parce qu’ils ne trouvent pas de meilleure option ailleurs parce qu’on a un problème d’accès à la première ligne», dénonce l’économiste de l’IEDM.

Elle souligne qu’un patient qui part sans avoir été soigné risque que son état s’aggrave et qu’il retourne aux urgences, ce qui constitue désormais un cas plus complexe.

Les cliniques d’infirmières praticiennes spécialisées (IPN) peuvent faire partie de la solution, selon Mme B. Faubert. La province en compte 11 et leur nombre devrait doubler d’ici 2028, mais l’économiste estime qu’il faut en déployer davantage, plus rapidement.

Elle a également qualifié d’« excellente nouvelle » l’élargissement du diagnostic à d’autres professionnels de la santé, notamment les pharmaciens et les infirmières, inclus dans le projet de loi 67 récemment adopté.

Elle est encouragée par le fait que les infirmières praticiennes peuvent désormais prendre en charge les patients inscrits au guichet d’accès des médecins de famille. «C’est un pas dans la bonne direction», a-t-elle déclaré.

Le contenu sur la santé de la Presse Canadienne est financé grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable des choix éditoriaux.

 
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