LE CAFÉ DE MEDIAFREDO. Avez-vous remarqué qu’il y a du travail à Cannes ? Cette année, c’est sur l’esplanade du vieux port. Mais en réalité, c’est partout. Les vieux bâtiments sont détruits pour construire des tours aux contours ondulants dont les salles de réception sont recouvertes de marbre et de métal doré. La vision de l’artiste promet forcément de somptueux duplex et plus encore avec vue mer pour couronner le tout. De quoi séduire quelques têtes couronnées ? Peut-être, mais en attendant ce sont des marques, des agences, des entreprises technologiques et autres consultants qui occupent ces appartements pour y mener des affaires discrètes. Un patron d’une de ces entreprises technologiques qui ont le vent en poupe m’a confié que cette année, banquiers et autres fonds d’investissement sont présents en force dans ces luxueuses suites de la Croisette. Ils sont naturellement attirés par l’odeur de l’IA qui flotte partout autour du Palais des Festivals. Vont-ils revenir l’année prochaine ? Possible. A moins qu’ils ne soient remplacés par une autre entreprise à l’affût des nouvelles tendances.
Hier, lors d’une de ces soirées qui sont aussi le moment fort de cette semaine, j’ai discuté avec des gens qui découvraient les lieux pour la première fois ainsi qu’avec des personnes âgées (moins que moi) qui y sont habituées. Aux premiers qui étaient sous le choc de la découverte comme aux seconds pour qui c’était mieux avant, j’ai tenu le même discours. Celle d’un visiteur régulier qui constate que cette fête change chaque année, un peu à l’image des rues et des immeubles de cette ville. Quelle que soit la situation économique, technologique, politique ou climatique, cette industrie de la communication s’adapte. Et c’est assez unique. Il y a de nombreuses années, j’ai été invité au Mobile World Congress qui s’est tenu ici. J’étais arrivé en jet privé affrété par une chaîne de télévision pour découvrir un barnum à côté duquel les Lions étaient comme une fête de village. Les acteurs de la téléphonie mobile affichent leurs millions et leurs ambitions sans limites. Et puis ce marché a changé et les paquebots afflués aux couleurs des opérateurs ont levé l’ancre. Laissons la ville aux Lions.
