« Nous ne pouvons pas vivre de notre travail »

« Nous ne pouvons pas vivre de notre travail »
« Nous ne pouvons pas vivre de notre travail »
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Christophe Piquet, vigneron et éleveur, dans son exploitation de Bezouce (Gard), le 15 novembre 2024. SANDRA MEHL POUR « LE MONDE »

Ce vendredi de novembre, en début d’après-midi, Christophe Piquet part en tracteur sur les routes du Gard. Il va livrer du foin dans un centre équestre situé à une dizaine de kilomètres. Agé de 46 ans, ce vigneron et éleveur coopératif de Bezouce (Gard), commune de la périphérie de Nîmes, propose ce type de prestations pour joindre les deux bouts.

Voir aussi notre grand format | Article réservé à nos abonnés Aux racines de la crise, les difficultés quotidiennes des agriculteurs

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Le Gardois, fils, petit-fils et arrière-petit-fils d’agriculteur, a bénéficié des terres familiales lors de son installation. Il est à la tête de 160 hectares gérés en agriculture biologique, une quarantaine en propriété, le reste en location. « La terre est devenue inaccessible. Il est presque impossible d’acheter un terrain »explique ce père de trois enfants divorcé, qui se dit prêt à reprendre la mobilisation.

Dans le Gard, la colère des agriculteurs monte depuis plusieurs semaines. Les panneaux municipaux ont d’abord été masqués, avant d’arriver aux portes de la préfecture… Autant d’actions visant à empêcher un nouveau mouvement plus important. « Dès lundi [18 novembre], Nous allons allumer les feux de détresse.affirme David Sève, le patron de la Fédération départementale des syndicats d’agriculteurs (FDSEA) du Gard, qui poursuit : « Nous n’avons pas été entendus sur des sujets essentiels comme les primes à l’arrachage des vignes qui doivent être défiscalisées, les contraintes qui pèsent sur les produits phytosanitaires sans produits de substitution, le Mercosur, ou encore le soutien aux agriculteurs en grande difficulté et les spécificités de notre agriculture gardoise. »

“C’est l’Etat qui est visé”

Christophe Piquet, membre de la FDSEA, envisage de participer au mouvement : « C’est l’État qui est visé. Nous n’allons pas bloquer la circulation ni pénaliser la population, mais nous voulons être entendus. » Et il ajoute aussitôt, presque découragé : « Je n’imaginais pas que nous devions nous remettre en action si rapidement. »

Ici, dans le Gard, la crise des agriculteurs, qui avaient complètement bloqué l’autoroute A9, a duré dix jours. Un mouvement sans précédent dans ce département. Une aide d’urgence a été versée suite à la mobilisation (8,53 millions d’euros pour 982 exploitations) mais le monde agricole gardois estime que les autres promesses n’ont pas été tenues. « Les mesures de simplification n’ont pas vu le jour. En termes organiques, nous n’avons rien obtenu. Beaucoup de gens sont désespérés et ne croient plus au mouvement. J’ai un ami qui a vendu sa terre et a abandonné son travail »témoigne M. Piquet.

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