“Nous ne pouvons pas être des sacrifices tout le temps”

“Nous ne pouvons pas être des sacrifices tout le temps”
“Nous ne pouvons pas être des sacrifices tout le temps”

“Quand on ne répond pas aux gens, au bout d’un moment, c’est la colère qui s’exprime”

David Sève, président de la FDSEA du Gard, est à la tête de l’opération « Chouette » qui débutera ce lundi soir à Nîmes. Avec pour objectif principal de faire entendre la colère et le malaise des agriculteurs et viticulteurs gardois. Entretien.

Objectif Gard : Quel est le but de cette nouvelle mobilisation ?

David Sève: Tout simplement parce que certaines des mesures qui nous avaient été promises en février n’ont pas été tenues. Donc, nous avons certes obtenu quelques choses, dirons-nous, mais il y a 8 à 9 mesures sur 10 qui n’ont pas été obtenues.

Quelles sont aujourd’hui les principales revendications locales ?

Première exigence, nous voulons que les primes d’arrachage soient exonérées d’impôts. Ces primes sont souvent versées pour des situations très difficiles ou des situations de cessation d’activité, il n’est donc pas normal de payer des impôts à ce sujet. La deuxième chose, nous souhaitons absolument qu’il y ait une révision de cette fameuse moyenne historique des calamités agricoles. Ce nouveau système est censé nous assurer en cas d’aléas climatiques. Et comme elle prend en compte des références historiques alors que malheureusement ces dernières années ont été désastreuses, c’est comme si nous n’étions plus assurés. C’est très sérieux. Qui accepterait cela ? C’est comme un chauffeur de taxi qui roule sans assurance… La troisième chose concerne les produits phytosanitaires. Nous sommes tombés dans le dogmatisme. Les produits de soins nous sont arbitrairement retirés et nous nous retrouvons sans rien.

L’autre gros souci est financier…

C’est effectivement le cas. Nous souhaitons que la préfecture mette en place une commission qui regroupe le fisc, les services sociaux et les banques pour les cas les plus difficiles. Les prêts proposés en début d’année, honnêtement, n’ont enrichi personne. Lorsqu’il y a un coût dur, les prêts permettent de le supporter. Mais là, on est prêts pour le pouvoir, il y a un problème…

Il y a enfin la négociation européenne autour du traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur…

Bien sûr, on nous le vend comme un nouvel accord pour encourager l’exportation de nos produits. En revanche, je suis sûr que cet accord entraînera une arrivée massive de produits en provenance d’Amérique du Sud. Nous ne pouvons pas être constamment victimes des accords internationaux.

Un mot sur la mobilisation dans le Gard. Quelle est cette opération Chouette ?

Parce que ça va arriver la nuit. Ce lundi, nous allons aller à Saint-Césaire. On va filtrer un peu les camions. Nous allons remplacer un contrôle douanier. Après, comme vous le savez, nos mouvements n’ont pas l’intention d’empêcher les gens de travailler ou de détériorer les biens publics. La devise est que si on ne collecte pas, l’État ne collecte pas non plus.

Quel état d’esprit sont les agriculteurs et vignerons du Gard à quelques heures de ces actions ?

Il y a une part de résignation, mais je pense qu’il y a une grande part de colère. C’est normal, quand on ne répond pas aux gens, au bout d’un moment, la colère s’exprime.

 
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