« Des millions pour un T-Rex »

Le squelette de dinosaure Artemis est en vente à Zurich.Image : Koller Auctionen

Le squelette d’un dinosaure sera vendu aux enchères à Zurich ce lundi. Depuis des années, ces fossiles suscitent la convoitise des ultra-riches, accusés de voler de précieux spécimens aux musées et aux scientifiques. Un « cliché », selon un responsable de la maison de vente aux enchères zurichoise.

Si vous aimez les dinosaures et que vous disposez d’un demi-million de francs, c’est une opportunité à ne pas manquer. Ce lundi 17 juin, un squelette complet sera mis aux enchères à Zurich par la maison de ventes Koller. Le spécimen, appelé Artemis, est un Dryosaurus altusun herbivore qui vivait au Jurassique supérieur, il y a 150 millions d’années.

Le squelette mesure 2,6 mètres de long et pourrait être reconstruit avec « une extrême précision », explique Koller. Il est achevé à 70% et son prix estimé oscille entre 380’000 et 600’000 francs. Ce n’est pas la première fois qu’un dinosaure est mis aux enchères en Suisse. L’année dernière, un T-Rex a été vendu pour 4,8 millions de francs, toujours par Koller.

Si ces opérations retiennent toujours l’attention, c’est surtout en raison du profil de certains repreneurs. Posséder des squelettes de dinosaures est devenu ces dernières années la nouvelle mode des ultra-riches. Au même titre que les yachts et les Rolex, ironiquement, les Interne du milieu des affaires.

Le phénomène a sans doute été popularisé par l’intérêt que certaines stars hollywoodiennes portent à ces fossiles. Leonardo DiCaprio, Russell Crowe et Nicolas Cage possèdent ou ont possédé d’importantes collections. Au point où le magazine La Coupe Je me demandais pourquoi les acteurs étaient si obsédés par les squelettes de dinosaures. En 2019, W Magazine qualifiait ces objets de « tendance la plus en vogue sur le marché de l’art ».

Pas seulement pour les riches

En réalité, cet engouement est plus ancien, estime Christian Link, chef du département « Hors de ce monde » chez Koller. Selon lui, l’intérêt pour les squelettes de dinosaures a commencé à se développer au début du millénaire, notamment après la vente aux enchères de Sue, un T-Rex vendu pour 8,4 millions de dollars en 1997.

Le T-Rex Sue, exposé à Chicago.Photo : AP

Et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, il ne s’agit pas d’une tendance réservée aux seuls riches, assure-t-il.

“Bien sûr, il faut quelques millions pour acheter un T-Rex complet, mais je pense que l’intérêt est également grand parmi les gens ordinaires et les petits collectionneurs.”

« Il y en a vraiment pour tous les goûts », insiste Christian Link. “En plus des squelettes complets, il y a aussi des ammonites, des petits fossiles, des feuilles”, énumère-t-il. Les montants, qui varient entre « quelques centaines de francs et plusieurs millions », varient beaucoup. Comme les acheteurs.

« C’est une clientèle très diversifiée. Des jeunes souhaitant élargir leur petite collection aux milliardaires souhaitant se montrer avec quelque chose de très grand. »

Christian Link, Koller Auctionen

Au-delà du profil, on pourrait se demander si ces fossiles ne devraient pas plutôt appartenir à des musées. D’autant que les acheteurs les plus fortunés sont accusés d’avoir fait monter les prix, au détriment des institutions scientifiques.

Les dinosaures deviennent un objet de luxe accessible uniquement aux plus riches», déplore un paléontologue interrogé par El País. LE Interne du milieu des affaires évoque une « tendance très inquiétante », qui voit des acheteurs privés monopoliser les précieux fossiles à des « prix exorbitants », « excluant ainsi les chercheurs et les musées du marché ».

« Un cliché »

Des questions fermement balayées par Christian Link : « Pour être honnête, l’image du millionnaire avare qui vit dans son bunker et veut tout garder pour lui est un cliché », déclare-t-il.

“Tous les collectionneurs que je connais sont généralement très fiers de collaborer avec un musée, si par hasard ils achètent quelque chose d’intéressant scientifiquement, comme un dinosaure qui n’était pas connu auparavant.”

Christian Link, Koller Auctionen

Artémis dans toute sa longueur.

Artémis sur toute sa longueur.Image : Koller Auctionen

Pour mieux expliquer son point de vue, Christian Link cite le Dr Dennis Hansen, du Département d’histoire naturelle de l’Université de Zurich : « Toutes ces pièces sont restées dans le sol pendant soixante, soixante-dix, cent millions d’années. Lorsqu’ils sont extraits de terre, ils peuvent parfois être achetés par un collectionneur privé, mais en général, ses descendants ne s’intéressent plus aux dinosaures et les donnent à un musée », précise-t-il. Et d’ajouter :

“Après des dizaines de millions d’années, une génération humaine plus ou moins, cela n’a pas vraiment d’importance”

Christian Link, Koller Auctionen

« Il reste encore beaucoup de fossiles enfouis sous terre », poursuit-il. « Si personne ne les récupère ou ne les prépare, une fois qu’ils remontent à la surface, ils se corrodent et vont de toute façon disparaître. »

Un squelette de tricératops vendu aux enchères à Paris en 2021.

Ce tricératops a été vendu sept millions de dollars en 2021, à Paris.Image : imago

Des milliers d’heures de travail

Christian Link reconnaît néanmoins que «les prix ont beaucoup augmenté« . « Auparavant, illustre-t-il, les individus n’avaient pratiquement aucun intérêt à posséder des dinosaures. »

Pourtant, à ses yeux, ces objets ne sont pas si chers : « Préparer le squelette d’un grand dinosaure peut prendre jusqu’à dix ans de travail. Compte tenu des milliers d’heures de travail que cela représente, je pense que ce prix est justifié », conclut-il.

Et si tu aimes la richesse

 
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