Un Ontarien prêt à aller devant la Cour suprême pour ne pas avoir tondu sa pelouse

Un Ontarien prêt à aller devant la Cour suprême pour ne pas avoir tondu sa pelouse
Un Ontarien prêt à aller devant la Cour suprême pour ne pas avoir tondu sa pelouse

Il y a trois ans, Wolf Ruck a décidé de laisser la nature suivre son cours en laissant pousser son herbe à l’état sauvage. Il soutient que son projet est bon pour l’environnement, mais la Ville de Mississauga, une banlieue de Toronto, où il habite, ne voit pas les choses de la même façon. Après plusieurs plaintes de voisins et deux opérations de tonte de gazon forcées par la Municipalité, l’Ontarien a décidé de porter l’affaire devant les tribunaux.

Wolf Ruck adore passer ses journées à observer les oiseaux sur sa chaise de jardin. Le septuagénaire à la retraite, ancien athlète olympique et peintre occasionnel, est un amoureux de la nature.

En 2021, il a arrêté de tondre la pelouse sur la majeure partie de son terrain. Le réensauvagement, dit-il, est une approche environnementale qui contribue à promouvoir la biodiversité et à améliorer la pollinisation.

L’entretien traditionnel des pelouses est très dommageable pour l’environnement et la biodiversité. […] J’ai donc décidé de faire ma part et de rejoindre ce mouvementil explique.

Aujourd’hui, le petit bungalow de Wolf Ruck est presque entièrement caché par les hautes herbes et les arbres.

Il a tout de même creusé des petits chemins pour lui permettre de se déplacer et délimiter sa propriété de celle de son voisin.

L’idée que j’ai abandonné ma propriété, qu’elle est vétuste et qu’elle fléau le quartier, ce n’est pas du tout ce que je fais.il a dit.

Forcer l’herbe tondue

Or, depuis trois ans, la Ville de Mississauga reçoit des plaintes de voisins mécontents.

La réglementation municipale stipule que les pelouses et graminées des propriétés privées doivent être tondues et ne peuvent excéder 20 centimètres de hauteur.

Wolf Ruck a reçu des avis de non-conformité et une visite des inspecteurs municipaux, mais il refuse de tondre sa pelouse.

En 2022 et 2023, une équipe d’entretien de la ville est venue tondre l’intégralité de la pelouse.

Ils ont dit que nous devions tout supprimer.

Une citation de Ruck de loup

Les terrains de Wolf Ruck sont couverts de plantes sauvages, telles que l’herbe des landes pourpres, la verge d’or du Canada, la vergerette de l’Est et le laiteron des champs.

Photo : Radio-Canada

Dans un courriel, la Ville de Mississauga explique qu’elle ne souhaite pas commenter le dossier, puisque le dossier est toujours devant les tribunaux. Elle affirme toutefois avoir donné plusieurs jours à M. Ruck pour se conformer aux règlements municipaux avant de faire tondre sa pelouse en 2023.

Un droit protégé par la Charte canadienne des droits et libertés ?

En 2023, Wolf Ruck décide donc de saisir la justice.

En mai, la Cour supérieure de l’Ontario a rejeté ses arguments selon lesquels la Ville de Mississauga violait sa liberté d’expression en l’obligeant à tondre sa pelouse. Il a donc fait appel de la décision.

Wolf Ruck fonde son argument sur une décision de 1996 de la Cour de justice de l’Ontario. L’affaire opposait la Ville de Toronto à Sandy Bell, une résidente qui a été condamnée à une amende de 50 $ pour avoir laissé son gazon pousser de manière incontrôlable. sauvage. Comme Wolf Ruck, elle affirmait que son jardin était bénéfique pour l’environnement.

Selon les avocats de Sandy Bell, la Ville, en voulant forcer la Torontoise à tondre son gazon, avait violé son droit d’exprimer ses convictions environnementales, garanti par la Charte canadienne des droits et libertés. Le juge leur a donné raison et cette décision est désormais devenue un précédent.

Dans son jugement, le juge a reconnu les bénéfices liés à la biodiversité, mais a conclu que les risques soulevés par la Municipalité l’emportaient sur le droit à la liberté d’expression du retraité. Le juge souligne par exemple qu’avec son règlement, Mississauga veut éviter les risques d’incendie ainsi que les problèmes de santé causés par la présence de plantes allergènes et de rongeurs.

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Une décision contestée

La décision de la Cour supérieure de l’Ontario ne tient toutefois pas la route, selon David Donnelly, avocat spécialisé en droit environnemental et municipal.

Je pense qu’il aurait dû gagner, car la Cour n’a pas explicitement prouvé que ses terres présentaient ce genre de risques.dit l’avocat, qui a défendu des résidents dans huit cas similaires en Ontario.

Claude Lavoie, biologiste et professeur à l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional de l’Université Laval, abonde dans le même sens.

Selon lui, les jardins naturels comme celui de Wolf Ruck ne représentent pas de risque d’incendie, à moins qu’ils ne poussent dans des zones arides particulièrement sujettes aux incendies de forêt, par exemple en Californie.

Il ajoute que les plantes allergènes ne poussent généralement pas dans ces jardins naturels, car elles ne tolèrent pas l’ombre.

C’est une contribution à la biodiversité. Cela ne vous plaira peut-être pas, mais ce ne sont pas les meilleurs arguments à avancer pour interdire ce type de pratique.

Une citation de Claude Lavoie, biologiste

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Wolf Ruck adore observer les oiseaux sur ses terres.

Photo : Radio-Canada / Andréane Williams

Ce n’est pas beau

Wolf Ruck n’a jamais vu le contenu des plaintes contre son terrain, la Ville considérant qu’il s’agit d’informations confidentielles.

Plusieurs résidents du quartier ont toutefois expliqué à Radio-Canada qu’ils trouvaient le terrain de M. Ruck inesthétique. Certains ont également exprimé leur inquiétude quant au fait que son terrain favorise la présence de tiques et de rongeurs dans le quartier.

Aucun d’entre eux n’a souhaité témoigner publiquement, craignant l’impact de son témoignage sur ses relations avec le quartier.

Le problème est que nous laissons des voisins qui ne connaissent rien à la loi ou à la biologie, et des inspecteurs municipaux qui ne connaissent rien à la botanique ou à la prévention des incendies, aller à l’encontre des bonnes pratiques de pollinisation.déplore Me Donnelly.

L’industrie de la pelouse martèle le concept d’une pelouse impeccable depuis 75 ans. […] Il ne faut donc pas s’attendre à ce que les mentalités changent du jour au lendemain.

Une citation de Claude Lavoie, biologiste

L’avocat spécialisé en droit municipal David Germain recommande aux citoyens qui veulent changer les choses d’emprunter la voie politique.

Il faut élire des conseillers municipaux qui apporteront du changementil a dit.

Entre-temps, Wolf Ruck a décidé de porter son cas devant la Cour d’appel de l’Ontario. Ses frais juridiques et administratifs dépassent déjà les 7 000 $, mais il se dit prêt à aller jusqu’à la Cour suprême du Canada.

La seule façon d’atteindre vos objectifs est de persévéreril résume.

 
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