France – Monde – Dans le Lot, une déchetterie 100% féminine pour retrouver emploi et « confiance en soi »

France – Monde – Dans le Lot, une déchetterie 100% féminine pour retrouver emploi et « confiance en soi »
France – Monde – Dans le Lot, une déchetterie 100% féminine pour retrouver emploi et « confiance en soi »

Avec sa combinaison de travail bleue et son masque anti-poussière, Cynthia N’Diaye, 24 ans, fait partie des douze salariés en réinsertion à l’Atelier des Filaos, situé à Prayssac, près de Cahors.

Sa responsable technique, Sandra Warnet, 39 ans, la guide en douceur. Après avoir utilisé une ponceuse électrique, la jeune femme utilise du papier de verre et de la main pour enlever les derniers résidus de peinture afin de laisser apparaître les veines du bois de ce meuble qu’un client lui a confié.

Comme pour les autres employés, le temps de Cynthia sur ce projet d’intégration n’est que éphémère. Deux ans maximum, puis chacun devra mettre à profit les compétences et les certitudes glanées ici pour poursuivre son parcours professionnel.

– « Les plus précaires » –

La déchetterie a été créée en 2022 par une association qui vient en aide aux victimes de violences conjugales dans le département du Lot et leur propose un hébergement d’urgence. L’idée est venue naturellement de la mission première de cette association : redonner aux femmes leur autonomie.

Dans l’Atelier des Filaos spécialisé dans le recyclage de meubles à Prayssac dans le Lot le 5 juin 2024 PHOTO AFP / Valentine CHAPUIS

Qui dit autonomie, dit en fait indépendance financière, et donc retour à l’emploi. « Les plus précaires des précaires, ce sont les femmes », souligne Lisette Calderan, bénévole et présidente.

Dans l’atelier, les salariés apprennent à réparer et à relooker les meubles, mais aussi à tenir la comptabilité, à faire l’inventaire et à gérer le magasin. Ils accumulent des compétences, de la relation client aux tâches informatiques.

Mais l’objectif principal « c’est la confiance en soi, vraiment », explique Adeline Déhais, directrice de l’association. « Quand on a confiance en soi pour réussir des entretiens, pour moi, c’est le premier axe. Après, c’est aussi lever tous les freins à l’emploi, qu’il s’agisse de la mobilité, de la garde des enfants… »

Dans le Lot, l’un des départements les plus ruraux de France, ces deux derniers enjeux sont cruciaux. A Prayssac, commune de quelque 2 400 habitants, « il y a une crèche, mais elle est toujours pleine », raconte Fanny Victor, coordinatrice de la structure, autour d’un café matinal. “Et dans les autres villages, il n’y a rien.”

L’Atelier des Filaos spécialisé dans le recyclage de meubles à Prayssac dans le Lot le 5 juin 2024 PHOTO AFP / Valentine CHAPUIS

En fin de matinée, Nadège Heitzmann, 47 ans, prend le volant du camion de l’association pour récupérer des meubles donnés par un ancien bénévole.

Cette quadragénaire aux tatouages ​​qui rendent hommage à sa famille, a longtemps travaillé sur des chantiers, puis des problèmes de santé ont contrarié une reconversion professionnelle, avant d’arriver à la déchetterie sur les conseils d’une assistante sociale.

« Je faisais déjà beaucoup de bricolage, mais tout seul, donc sur le plan social, le contact humain, ça m’a beaucoup aidé. Et je me suis aussi fait des amis», confie-t-elle.

Dans l’atelier, Marie-Ange Mendy, 41 ans, met la touche finale à une coiffeuse qu’elle a entièrement démontée pour la restaurer, puis l’a décorée en peignant sur le dessus un visage de femme maquillée, tacheté de touches de couleurs.

La coiffeuse “a encore son expérience, son histoire, mais s’en va pour une autre vie”. Pour Marie-Ange, le processus de rénovation « est un exutoire, il nous permet de libérer nos émotions et de repartir à neuf ».

L’Atelier des Filaos spécialisé dans le recyclage de meubles à Prayssac dans le Lot le 5 juin 2024 PHOTO AFP / Valentine CHAPUIS

“C’est pour ça que j’utilise beaucoup de couleurs, c’est la vie.”

Sous la supervision du superviseur, elle peaufine son travail avec le sourire. Le meuble, comme elle, en ressort transfiguré. Elle n’est là que depuis un mois mais elle a déjà commencé à reprendre confiance.

Avec des petits revers, parfois : “Est-ce que ça va se vendre ?”, s’inquiète-t-elle.

 
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