La Super Ferme, située sur la commune de Périgny, dans la région de La Rochelle, n’est pas exactement le modèle d’exploitation agricole comme certains pourraient l’imaginer. Ici, pas de récoltes à perte de vue, pas de champs labourés, pas de gros matériel stocké dans des hangars. Nous sommes ici avec Robin Perry, un jeune agriculteur de 32 ans, qui prône le maraîchage sur sols vivants. C’est un écrin de nature abondante, des herbes folles partout, des plants de tomates et de chayottes qui courent le long de fils tendus, un mini-étang, des poules pondant dans le hangar qui fait office de magasin de vente directe.
Il y a cinq ans, le jeune Savoyard s’installait sur ces deux hectares de friche que venait d’acquérir la commune de Périgny, le long du canal de la Moulinette. Après avoir levé quelques obstacles administratifs, les deux parties ont convenu de signer un bail rural d’une durée de neuf ans renouvelable.
Développer la fertilité en cherchant à comprendre le fonctionnement des sols »
Une aubaine pour le maraîcher, formé à la Ferme de l’Alliance en Normandie et qui recherchait des terres agricoles dont le sol n’aurait pas été trop fatigué. « Ce n’est ni une étiquette ni un dogme. L’idée des sols vivants est de maximiser la vie dans le sol, de développer la fertilité en cherchant à comprendre le fonctionnement des sols », explique Robin Perry. Sur son exploitation biologique, l’agriculteur n’utilise bien sûr aucun intrant, mais ne travaille pas sa terre. Donc pas de tracteur ici, de la paille et des copeaux de bois pour couvrir les cultures et nourrir les vers de terre, zéro irrigation pour les pommes de terre par exemple… Cinq ans plus tard, il cultive entre 30 et 40 variétés de légumes qu’il vend en direct tous les jeudis et via une Amap ( association pour le maintien de l’agriculture paysanne) le mardi.
Travailler moins
Produire, mais aussi travailler moins. C’est aussi l’un des enjeux majeurs du maraîchage sur sol vivant qui a particulièrement touché Robin Perry. Pour cet agriculteur nouvelle génération, il n’est plus question de se suicider comme certains l’ont fait avant lui et continuent de le faire. Il ne veut pas passer sa vie au travail, veut prendre des vacances, bref contribuer à nourrir les familles et à préserver la biodiversité, mais pas à n’importe quel prix. «Je travaille 35 heures ou moins. C’est ma façon de faire les choses. Bien sûr, l’exploitation doit être viable, mais à mon rythme », explique-t-il.
Rien que depuis cette année, le jeune homme se paie 1 250 euros par mois. « Je suis satisfait de ce qu’est devenue l’exploitation agricole, mais être en dessous du salaire minimum n’est pas idéal. Je fais encore des erreurs», admet-il. Il peut faire encore mieux, mieux gérer son problème de liseron qui étouffe ses récoltes par exemple. La Super Ferme est également régulièrement ouverte au grand public grâce à l’association Canton Sème, créée dès l’origine et qui a permis d’employer une personne. Sa mission est de proposer des formations en maraîchage sur sol vivant, des activités ludiques et des projets participatifs. Ici, nous voulons croire qu’une autre agriculture est possible.