« Notre-Dame de Paris est l’œuvre d’une vie », Philippe Villeneuve

« Notre-Dame de Paris est l’œuvre d’une vie », Philippe Villeneuve
« Notre-Dame de Paris est l’œuvre d’une vie », Philippe Villeneuve

Plus de 2 000 compagnons mobilisés, 700 millions d’euros de budget… Le projet de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris était, à bien des égards, exceptionnel. Il aura fallu plus de cinq ans depuis le dramatique incendie qui a touché une partie de l’édifice religieux les 15 et 16 avril 2019 pour que le site retrouve sa splendeur.

Sa réouverture, annoncée pour le 7 décembre, en présence du président de la République, Emmanuel Macron, est imminente. La cathédrale devrait accueillir »14 à 15 millions de visiteurs« l’année de sa réouverture, selon la ministre de la Culture, Rachida Dati.

L’architecte en chef des Monuments historiques, Philippe Villeneuve, est l’un des chefs de file de ce projet. Une aventure passionnante qu’il a gravée à jamais sur la peau de son bras, sous la forme d’un tatouage représentant la flèche de la cathédrale. Dans une longue interview, il nous raconte l’histoire de cette opération XXL.

Batiactu : Où en est le chantier de Notre-Dame de Paris ?

Philippe Villeneuve: Nous avons presque terminé le projet de reconstruction et de restauration. Il reste encore la flèche à compléter. Les travaux en cours concernent principalement les réseaux et câbles électriques. Le projet a rassemblé près de 2 000 personnes. Notre-Dame de Paris a été une formidable école de compagnonnage pour les métiers impliqués dans ce projet. L’incendie a finalement amené le monument à ce qu’il devrait être. Si l’incendie ne s’était pas produit, la cathédrale aurait été restaurée au fil des années, en fonction du budget.

“Nous n’avons pas utilisé de relevés numériques pour la conception”

Ce projet favorise certes une restauration à l’identique, mais des techniques contemporaines ont-elles été mises en œuvre ?

Techniques de restauration contemporaines, non. Nous avons utilisé des cataplasmes de sable de kaolin [des argiles blanches, friables et réfractaires, NDLR] et de l’eau pour extraire les sels de la maçonnerie mais ce n’est pas une technique ultra-contemporaine. Nous utilisions aussi le laser, parfois, pour nettoyer. En tant qu’architectes, nous ne nous sommes pas appuyés sur des enquêtes numériques pour la conception. Notre métier est de connaître le monument, ses structures et ses matériaux. Je n’ai pas besoin d’un ordinateur pour savoir si Notre-Dame risque de s’effondrer ou non.

La responsabilité de Notre-Dame de Paris vous a été confiée en 2013. Six ans se sont écoulés avant l’incendie du 15 avril 2019. Qu’avez-vous appris sur l’édifice durant cette période ?

J’avais les clés et je pouvais aller n’importe où. J’ai donc découvert des lieux inaccessibles mais je connaissais déjà bien la cathédrale et je n’ai rien appris qui remette fondamentalement en cause ce que je connaissais. Le chantier a révélé l’épaisseur des voûtes, la composition des mortiers… Mais chaque jour, je découvre des choses.

Justement, qu’avez-vous découvert récemment ?

Détails, asymétries…

Il faut donc même respecter les asymétries ?

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