Etaler Québec sans recourir à l’étalement urbain

Etaler Québec sans recourir à l’étalement urbain
Etaler Québec sans recourir à l’étalement urbain

“Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde” Archimède

La ville de Québec est indissociable des splendeurs de son paysage naturel. À l’origine, sans même consulter les études géologiques, on voit bien que la ville de Québec était une île, comme sa voisine, l’île d’Orléans. On distingue encore ses « contours » dans le paysage de la vallée du Saint-Laurent. Les basses terres arides, autrefois le chenal nord d’une mer disparue, entre montagnes et rochers, sont devenues en partie la Basse-Ville de Québec ; « ville basse » au fond de la mer sèche.

Petit à petit, la Basse-Ville s’élève et devient un « haut-fond » de la mer Champlain, un gonflement de bâtiments en conflit avec l’horizon et les montagnes. Montréal a son « point d’appui » pour contrôler le soulèvement des immeubles : personne ne peut construire plus haut que le mont Royal. Les propos de Serge Bouchard, anthropologue, ont été rapportés comme suit : « Si je suis sur le mont Royal et que je regarde au loin, je vois la mer Champlain. »

Contrairement à Montréal, au Québec, il n’existe pas de « point d’appui », aussi clair et intelligible, pour guider la densification et le « soulèvement des constructions ». À partir du Rocher de Québec, particulièrement dans la zone historique, du côté nord, le « champ de vision » s’estompe et disparaît graduellement. Il y a encore quelques bonnes zones visuelles vers les montagnes laurentiennes; de grandes ouvertures subsistent.

Le risque est cependant de laisser disparaître visuellement la vallée et, avec elle, la « mer Champlain », sans accord avec la nature même de ce paysage, sans composition urbaine d’intérêt. Ville fade à l’horizon.

Un maire à Lyon

Pourtant, la mission du maire Marchand à Lyon l’année dernière, sans qu’il le sache, nous a offert des images plutôt inspirantes : celle d’un maire qui marche sur les hauts chemins d’une autre ville, comme on l’a toujours marché au Québec. C’est ce qu’on pourrait appeler, au Québec, les « promenades Champlain », à Lyon ce sont les « sentiers romains », en hauteur, qui mènent au spectacle, à l’agora de pierre construite il y a des milliers d’années. ans, au sommet de la ville.

Au Québec, on n’avance pas vers le spectacle : on est devant lui et dedans, dans le spectacle lui-même. On reste à l’horizon, sur une « vieille île de la mer de Champlain » avec une « ville haute qui longe ce vieux rocher d’Amérique et se fond – justement – ​​dans les profondeurs de la mer disparue, dans la vallée et au pied de les montagnes, dans la ville basse. C’est le spectacle auquel nous participons ; en prendre toute la mesure est essentiel.

Lyon, cinéma et animation

Les frères Lumière, à Lyon, en 1896, projetèrent L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat, mythe fondateur du cinéma. La « photographie animée », aujourd’hui qualifiée de septième art, vient de naître. Dans un certain ordre évolutif, au Québec, près d’un siècle plus tard, Daniel Langlois et son équipe s’affairent, point par point, à numériser et à animer Tony de Peltrie, personnage sculpté dans l’argile, qui deviendra la vedette d’un film acclamé et primé. film d’animation gagnant (1985). Langlois fonde Softimage l’année suivante (logiciel de modélisation et d’animation). On connaît la suite : parc jurassique… Le monde du cinéma se dote peu à peu de nouveaux outils de modélisation et d’animation avec ce nouvel allié : Softimage.

En 1993, tout juste diplômé en architecture, avec un projet à mon actif, inspiré entre autres par les travaux du mathématicien Benoît Mandelbrot, je me rends au département de recherche de Softimage pour discuter « des fractales et des mathématiques du chaos », un La géométrie de la nature. Benoît Mandelbrot, conférencier invité de l’Association mathématique du Québec, nous a fait découvrir « de nouveaux mondes et de nouveaux paysages » générés à partir d’équations simples, un monde de profondeurs : « un océan sans fin, une mer de Champlain qui revient, applicable aux villes et à l’architecture ».

Comme l’équipe de Daniel Langlois – peut-être – il a utilisé de nouveaux outils pour « résoudre de vieux problèmes » : les mathématiques du chaos et des fractales seront utilisées dans le cinéma d’animation (effet de profondeur).

Le point d’appui d’Arago

Au Québec, l’escalier du Faubourg, quartier Saint-Jean-Baptiste, sans doute le plus bel escalier de la ville et l’un des meilleurs points d’observation, est situé au bout de la rue Arago (cette rue adopte le tracé de la « faille géologique Logan » en courant le long de la falaise nord). Ce point d’observation n’est ni la ville basse ni la ville haute : c’est la ville moyenne. On n’atteint pas le niveau le plus élevé de la ville ni le niveau le plus bas. L’escalier permet de passer de la plateforme Saint-Laurent (la Basse-Ville) aux Appalaches (la Haute-Ville). Tout est là.

Mandelbrot a utilisé de nouveaux outils pour « résoudre d’anciens problèmes ». Grâce à des points d’observation, bien répartis sur la falaise, on peut définir les « champs de vision » à protéger et réaliser une composition urbaine de qualité : « en profondeur » sans dilapider le patrimoine naturel. L’escalier du Faubourg, de par sa position géologique stratégique, à mi-hauteur de la ville, avec sa plateforme d’observation, devient un repère précieux : le point d’appui d’Arago.

Combinez le paysage

Mettre en valeur les splendeurs de Québec sans étalement urbain, en profondeur, tel est le défi. La densification et le déploiement de nouveaux immeubles de grande hauteur doivent s’inscrire dans une composition urbaine d’intérêt, voire recherchée, de qualité. Les « champs de vision et de points de vue stratégiques » doivent être répertoriés et mesurés par rapport à des points de référence, des « points d’appui ». Identifier « visuellement et point par point » les contours du futur développement immobilier est souhaitable. De nouveaux outils dédiés à la réalisation de démonstrations existent.

Le ciel du Québec est un bien commun. Carl Sagan, scientifique, dans un de ses livres, sur le thème « science et espoir », rapporte ce poème inuit : « Deux hommes arrivent à un trou dans le ciel / L’un des hommes demande à l’autre de le soulever / Mais le les splendeurs du ciel étaient si enivrantes / Pour l’homme qui regardait déjà au-dessus des limites de ce paysage / Qu’il en perdit la mémoire, qu’il en oublia sa compagne / Qu’il avait promis d’aider / S’enfuyant seul dans toute la splendeur du ciel et l’horizon. »

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