En Loire-Atlantique, ces dépôts de déchets de construction polluent la vie des riverains

En Loire-Atlantique, ces dépôts de déchets de construction polluent la vie des riverains
En Loire-Atlantique, ces dépôts de déchets de construction polluent la vie des riverains

Par

Hervé Pavageau

Publié le

13 juin 2024 à 12h12

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Avant, la zone était couverte de prairies.

Le terrain accueillait même des chevaux.

C’était il y a quatre ans.

Aujourd’hui, dans ce secteur appelé Beauchêne, situé entre Divatte-sur-Loire et Le Loroux-Bottereau (près de Nantes), où ruisseau, champs et parcelles agricoles cohabitent, le paysage a définitivement changé.

Élevé, un terrain privé est régulièrement remblayé pour couvrir déchet inerte des chantiers de construction de bâtiment.

Amenés par camions, les débris sont des restes de blocs de béton ou cimentbriques, terre, gravier.

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Plastique, tuyaux et des matériaux PVC sont également enfouis dans cette zone verte.

Il y a même eu la dépose d’un liner, d’une échelle en aluminium et de lattes en bois, vestiges d’une ancienne piscine.

Charles Brégeon, un habitant du quartier

Une pétition et des lettres

Bord de rivière subdivision attenante à la parcelle, l’habitant a documenté les norias de camions qui viennent décharger les matériaux restants.

« Parfois, il y avait plusieurs visites par jour. Il y avait même des dépôts le soir, après 20h30 et le week-end», commente-t-il.

Au-delà bruitle résident était particulièrement préoccupé par l’attaque contreenvironnement.

« D’autant que le site est sensible », indique le riverain.

Un petit ruisseau coule juste derrière la parcelle dont l’accès se fait par un chemin rural.

Plusieurs démarches ont été entreprises pour faire connaître ce remblayage autorisé par les services de l’Etat.

Une pétition a été déposée à la mairie il y a trois ans. Elle regroupait une quarantaine de foyers.

Et plusieurs courriers ont été envoyés à la mairie.

A chaque fois, “resté sans réponse”, commente l’habitant déçu, qui a fini par alerter France Nature Environnement, via l’outil de veille participative : Nature Sentinelles.

Cette affaire, dénoncée par les habitants, met en lumière la question de gestion déchets de bâtiment.

Si le sujet de Divatte-sur-Loire pose question, d’autres situations ne laissent aucun doute quant à leur totale illégalité.

Régulièrement, décharges sauvages des déchets de chantier sont en effet déposés dans les chemins et terrains de campagne.

42 millions de tonnes de déchets de construction

Il est impossible d’avoir un inventaire précis.

Interrogés, les services de l’Etat n’ont pas « de vision en matière de déversements illégaux ».

« Ces dépôts relèvent de la police municipale et ne sont pas des installations classées écologiques.

Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement des Pays de la Loire.

Avant de rappeler qu’« une étude réalisée par l’ADEME en 2019 a montré que les déchets du bâtiment, notamment déchets d’amianteétaient fréquemment présents dans les dépôts sauvages.

Ces incivilités ne devraient plus avoir lieu. Le secteur s’organise désormais pour lutter contre ces dépôts illégaux.

Depuis la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre déchets et économie circulaire (« AGEC »), des filières REP (responsabilité élargie du producteur) sont en place pour collecter et traiter les déchets du bâtiment.

La mairie avait sollicité les services de l’Etat

Alertés il y a quatre ans par des riverains, les services de la mairie de Divatte-sur-Loire avaient interrogé les services de l’Etat sur la légalité de l’opération de surélévation de Beauchêne. « Nous pensions que la parcelle concernée était située dans une ceinture verte, une zone protégée. L’utilisation de déchets inertes dans cette zone aurait été illégale. Mais ce n’est pas le cas, le terrain est élevé. Il y a une autorisation pour surélever le terrain», explique le maire de Divatte-sur-Loire, un élu qui souligne que le terrain est privé. Et à ce titre, elle n’a aucune compétence pour intervenir. De nouvelles demandes d’un riverain en début d’année, photos à l’appui, ont amené le maire à se replonger sur le sujet. Le remblayage recommence. Ces gisements ne sont ni sauvages ni illicites. Ils peuvent être défectueux vu ce qui est apporté. Je vous rappelle que les matières déposées doivent normalement être triées. D’après ce que nous avons observé, un peu de tout est déposé dans cette parcelle», complète Christelle Braud, une élue qui invite les riverains à contacter les services de l’Etat. L’action déclencherait un contrôle sur cette zone.

La source de matière à utiliser est colossale.

Le secteur de la construction représente environ 42 millions ttonnes de déchetssoit l’équivalent de la quantité totale de déchets produits annuellement par les ménages en France.

75 % (environ 35 millions de tonnes) sont déchets inertes.

« La gestion des déchets est très réglementée. Les entreprises ne peuvent rien faire.

Aujourd’hui, la gestion de ces déchets est très réglementée. Les entreprises ne peuvent rien faire.

Isabelle Morel, chargée des questions environnementales au sein de la Fédération Française du Bâtiment

Soit ces déchets sont recyclés pour être réutilisés.

Soit ils sont enterrés, le plus souvent dans unanciennes carrièresstructures supervisées par les services de l’Etat.

A noter également que la plupart des déchets du bâtiment sont désormais repris gratuitement, à condition qu’ils soient triés par matériau et que les entreprises contactent éco-organismes (au nombre de quatre), dont le financement est assuré par un éco-contribution.

Une éco-participation dont les échelles de prixen hausse (par exemple, la tonne de laine de verre est passée de 5 à 30 € la tonne), sont fixées par chaque éco-organisme.

Avec ces enveloppes, ces organismes financent les filières de valorisation des déchets. De nouveaux sites ouvrent. Cela devrait permettre de capturer plus de matériel. Les enveloppes sont également marquées pour le nettoyage des dépôts illégaux.

La FFB permanente

Un sujet en réflexion sur le territoire

Le problème est que ce cercle vertueux ne fonctionne que si les entreprises adhèrent à un REP.

« La plupart du temps, beaucoup de décharges sauvages proviennent d’autorénovations ou de petites entreprises non organisées », rapporte la FFB.

Après avoir acheté du matériel, entreprisesqui doivent payer une seconde fois pour faire traiter leurs déchets, préfèrent jeter ces déchets dans la nature.

Toutefois, les déchetteries de Sèvre et Loire reprennent ces déchets du bâtiment, moyennant un prix à la tonne.

Entreprises privées implantées sur le territoire (Vallet, Divatte-sur-Lore, Le Loroux-Bottereau) acceptent également ces matériaux.

Bref, tout est mis en place pour que les décharges sauvages disparaissent.

Preuve que le sujet de la gestion des déchets du bâtiment est important, la collectivité travaille actuellement sur le dossier.

Un plan et des mesures devraient être présentés prochainement.

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