l’essentiel
Au premier jour d’un procès pour tentative d’assassinat aux assises de l’Ariège, mardi 12 novembre, les experts qui ont examiné les deux jeunes prévenus ont fait état d’une jeunesse défavorable, où les déboires ont été nombreux.
Tout au long des six heures de débats, démarrés tardivement, Kévin et Gaspard n’ont laissé que peu d’émotion se lire sur leurs visages. Seul le premier a les yeux brillants, et les essuie discrètement lorsque l’enquêteur personnalité retrace sa vie jusqu’à aujourd’hui.
Se décrivant au psychologue comme un « fier gitan espagnol », Kévin est le sixième d’une famille de dix enfants, soudés autour de leur mère lors du départ de leur père violent et alcoolique. « Il a pris la place du père et a défendu sa mère à tout prix, il n’y a eu aucun appel à une aide extérieure. Il minimise ses actes, il les justifie par le besoin de survivre », relate l’enquêteur. Ballotté entre son père et les instituts pour enfants atteints de troubles du comportement, le jeune homme grandit comme il peut et rencontre à 17 ans Aurélie, elle qu’il décrit comme « le grand amour de sa vie » mais envers qui il fait preuve de beaucoup de violence : la mort. menaces, dents cassées, etc.
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Les deux experts décrivent un garçon facile à contacter, aux regrets sincères, mais avec une impulsivité difficile à réprimer, intolérant à la frustration, déficient émotionnellement, qui s’exprime par la violence… Sa vie est rythmée par les condamnations judiciaires pour cette raison et par la drogue, entre autres, mais il jure aujourd’hui qu’il a « pris du recul par rapport à [sa] vie » : « J’ai eu un déclic. A mon âge, tout le monde a une vie tranquille et quand je vois où je suis, incarcéré, sans savoir quand je vais sortir… Ça fait réfléchir. Après le procès, nous verrons l’avenir, mais j’aspire à une vie tranquille, sans avoir à répondre à la justice. »
« Un début de vie très identique »
A la barre, Gaspard se montre moins verbeux que son coaccusé, répondant laconiquement aux questions des magistrats. Lui aussi a vécu un drame dans son enfance : huit ans jour pour jour avant les faits pour lesquels il comparait, son père, « un cassos paresseux » selon sa mère, a tenté d’assassiner cette dernière ; des faits pour lesquels il sera condamné à 13 ans de prison.
Ses proches le décrivent comme influençable, une des raisons qui, selon eux, explique sa chute dans la petite délinquance à l’adolescence. Ses premiers mots au psychologue qui l’a évalué en prison ? « J’ai été manipulé, je suis trop gentil. » « Son glissement vers le milieu délinquant, on pourrait y voir une volonté d’y être adopté », estime l’expert : après la perte de la figure paternelle, selon elle, le jeune homme aurait eu besoin de « figures héroïques » pour « être reconnu et combler ses carences émotionnelles », comme un enfant en quête de connaissances.
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Pourtant, lorsque Maître Daffis-Costa lui demande si le pouvoir que Kévin semble aimer manifester pourrait aussi s’exercer sur les autres, et particulièrement sur un Gaspard « influençable », la psychologue précise sa pensée : « Il a une présence, une présence certaine. , mais prendre le pouvoir sur les autres, je ne sais pas si on peut aller aussi loin. » Elle tient néanmoins à manifester son étonnement lorsqu’elle s’est rendu compte de la similitude entre les vies des deux jeunes coaccusés : « Une enfance chaotique, des problèmes de comportement et de socialisation, une banalisation des consommations toxiques… Tous deux ont eu un début de vie quasiment très identique. , ce qui a peut-être créé ce lien entre eux, inconsciemment.