En agitant la censure de Michel Barnier, Marine Le Pen prend le risque de menaces vides de sens

En agitant la censure de Michel Barnier, Marine Le Pen prend le risque de menaces vides de sens
En agitant la censure de Michel Barnier, Marine Le Pen prend le risque de menaces vides de sens
>>>>
STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP Marine Le Pen photographiée à l’Assemblée nationale le 18 juillet (illustration).

STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP

Marine Le Pen photographiée à l’Assemblée nationale le 18 juillet (illustration).

POLITIQUE – La petite musique monte comme la vague de froid atteint la . Et si, finalement, Marine Le Pen censurait le gouvernement, et renversait dans le même temps Michel Barnier, au terme d’une séquence budgétaire se terminant, forcément, par le recours au 49-3 ? Ces derniers jours, l’hypothèse n’a cessé de prendre de l’intensité, au point que plusieurs ministres montent au créneau pour tenter de dissuader le camp lépéniste.

Avec un argument principal : la manœuvre provoquerait des désordres politiques et économiques dont le pays aurait du mal à se relever. ” Comment les Français pourraient-ils comprendre que des oppositions qui ne partagent presque rien voteraient néanmoins ensemble une motion de censure, mettant ainsi la France sans budget et sans gouvernement la veille de Noël ? », alerte le ministre de l’Économie, Antoine Armand, dans Le Parisien.

« Le temps qui m’attend dépend d’une éventuelle coalition des opposés, si je puis dire, à l’Assemblée nationale. Je ne sais pas si cela arrivera. Je suis prêt pour ça. Je sais que ce n’est pas ce que veulent les Français, qui veulent aujourd’hui la stabilité, la sérénitéé », a déclaré Michel Barnier avant le 106e Congrès des maires.

Problème d’image

En réalité, le scénario n’est pas cataclysmique, comme l’explique Libération Le député LIOT Charles de Courson, rappelant qu’un gouvernement en charge des affaires courantes pourra prendre des décisions budgétaires via des ordonnances. Néanmoins, l’enjeu d’image est réel pour le parti lepéniste, soucieux d’apparaître comme une force constructive, allergique au « blocus du pays », pour mieux se démarquer d’un Nouveau Front Populaire dans lequel siège la France Insoumise, formation accusée de « gâcher » le pays.

Reste qu’en réalité, le RN n’a rien obtenu de son surnom » mettre sous surveillance » du gouvernement Barnier, sinon dans le vocabulaire de Bruno Retailleau. Un peu un maigre butin quand on se souvient que le ministre de l’Intérieur a longtemps parlé comme l’extrême droite et que c’est à Laurent Wauquiez que l’exécutif a laissé le soin de se présenter en sauveur des retraités en marge des discussions budgétaires. Lequel, appuyé par un budget qui s’annonce particulièrement impopulaire, attise un sentiment de revanche au sein du RN.

À un éditorialiste de Figaro qui s’oppose à ce scénario, au nom de l’opposition entre « le préférable et le détestable » en cette période mouvementée, Marine Le Pen a vivement réagi ce jeudi 21 novembre sur le réseau social Le « détestable », c’est de faire payer aux retraités, aux classes populaires et aux classes moyennes la folie des sept dernières années (jamais censurée par la droite LR) ! Ce qui est « détestable », c’est de prendre 6 milliards de plus en électricité et de continuer à dépenser « de l’argent fou » dans le traitement de l’immigration, pour soutenir le Pacte sur les Migrations qui installe les migrants dans nos campagnes sous peine d’amendes ! Oui, c’est odieux ! “, a répondu la présidente du groupe RN, soucieuse elle aussi de faire parler d’elle autrement qu’à travers ses déboires judiciaires.

“On en rigole entre nous”

Mais ira-t-elle jusqu’au bout ? Ce lundi, Michel Barnier entamera un cycle de rencontres avec les forces parlementaires à Matignon, en commençant par le Parti socialiste suivi du Rassemblement national. L’occasion pour le Premier ministre d’écouter les doléances budgétaires des oppositions, avant de procéder aux arbitrages finaux, sans que l’intéressé n’ait de grandes marges de manœuvre au regard de l’état des finances publiques et des lignes rouges fixées par ses partenaires de l’opposition. base commune « . Au sein de l’exécutif, où l’on a pris l’habitude de vivre sous une épée de Damoclès, la perplexité domine.

« C’est un mauvais timing, je pense que cela arriverait trop tôt pour eux. En même temps, ils sont allés si loin dans la menace que je ne vois pas comment ils pourraient justifier un retour en arrière. En tout cas, on en rigole entre nous, ça ne nous empêche pas d’avancer sur nos dossiers », philosophe au HuffPost un conseiller ministériel, qui ne voit pas quel gain potentiel le RN pourrait afficher pour légitimer un changement de position après avoir frappé si fort pour enfoncer le clou. A moins que toute cette agitation ne soit finalement qu’un bluff. ” Je fais partie de ceux qui pensent que la censure est comme des armes nucléaires pour Poutine », parie sur Public Sénat l’expérimenté sénateur macroniste François Patriat, qui juge que les patrons du RN ne cherchent qu’à « être considéré » par le chef du gouvernement. Rien de plus.

Pistolet à bouchon

Sauf qu’au sein du Rassemblement national, certains ont vraiment des fourmis dans les pattes. ” Je suis favorable à la censure, et le plus rapidement possible », confie à HuffPost un député lépéniste, affirmant n’avoir que de bonnes raisons de sanctionner l’exécutif en cas de vote du budget 49 contre 3. “ Je ne laisserai pas ce gouvernement augmenter la pénalité automobile et créer une pénalité automobile pour les voitures d’occasion. », prévient-il, désireux de se battre. “Il s’agit de bloquer un cinquante et unième budget de faillite et un gouvernement bon à rien qui suit la même ligne politique que Borne et Attal”, s’enfonce dans Le monde Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme et proche de Marine Le Pen.

C’est là l’autre risque auquel s’exposeront les troupes lépénistes en cas de renonciation : celui d’apparaître comme des soutiens objectifs du gouvernement, même sans participation. Le bloc de gauche, qui accuse déjà le RN d’avoir torpillé un amendement abrogeant la réforme des retraites et qui a promis la censure à Michel Barnier, se fera un plaisir de le lui rappeler. Outre ces éventuelles accusations, qualifier Marine Le Pen de « béquille » de la part du gouvernement, la formation d’extrême droite court un autre danger, d’ordre stratégique cette fois, en changeant de cap. Tandis que Jordan Bardella proclamait que « rien ne peut se faire sans le RN », démonstration aura été faite que ce n’est pas le cas. Et que le fameux « mettre sous surveillance » du gouvernement Barnier dont se targuait le RN s’est en réalité fait à travers le viseur d’un pistolet à casquette. Ploc.

Voir aussi sur le HuffPost :

La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Lire la vidéo

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La Côte d’Or en alerte orange à la neige et au verglas ce jeudi
NEXT Volodymyr Zelensky emprisonne-t-il ses opposants politiques ? Pourquoi faut-il nuancer ?