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La mobilisation des agriculteurs en colère ne faiblit pas. De jeunes agriculteurs ont muré les locaux de France Services à Castelnaudary, dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 novembre. Un avant-goût des actions plus vastes à venir.
La mobilisation des agriculteurs en colère se poursuit. Dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 novembre, les jeunes agriculteurs ont frappé fort à Castelnaudary, murant les locaux de France Services et de la Mutualité sociale agricole (MSA) de la commune. En octobre dernier, ils ont recouvert les panneaux de la ville. Un geste de protestation pour alerter les pouvoirs publics sur la situation critique de l’agriculture française.
« Nous traversons une crise, provoquée par une terrible sécheresse qui dure depuis deux ans », explique Loïc Escourrou, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs de l’Aude, avant de détailler : « La récolte de céréales n’a pas été formidable, et quelques tournesols tardent à être récoltés. Nous avons également subi des attaques de cicadelles dans les cultures de blé dur et de graves dégâts sur le bétail à cause de la fièvre catarrhale du mouton.
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Un cahier de revendications porté devant le ministre
Cette action « coup de poing » a été menée une semaine après la visite de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, dans la commune de Castelnaudary. Elle a rencontré les syndicats agricoles dans les locaux de la coopérative Arterris le 4 novembre. Les Jeunes Agriculteurs lui ont alors remis un cahier recensant leurs principales revendications, à commencer par celles relatives à la problématique de la gestion de l’eau.
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En effet, le syndicat agricole réclame que les engagements de l’Etat soient tenus pour accélérer l’autorisation des projets de stockage d’eau. Une enveloppe dédiée exceptionnelle est demandée pour les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. « Il est urgent d’adapter la réglementation pour permettre une meilleure utilisation de l’eau dans les territoires tout en facilitant la mise en œuvre de solutions de stockage », estime Loïc Escourrou, qui souligne également qu’il faut aujourd’hui privilégier l’eau agricole sur celle destinée au tourisme.
Les jeunes agriculteurs attendent également le ministère sur la question du soutien à l’adaptation au changement climatique. « Il faut augmenter les aides à la diversification, simplifier les conditions d’obtention et accélérer le versement des aides existantes », déclare le président du syndicat. Il estime également qu’il faut doter les chambres d’agriculture de davantage de moyens pour tester de nouvelles cultures et développer des débouchés.
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Le syndicat a également appelé le ministre de l’Agriculture à réfléchir à la mise en place d’un fonds d’urgence destiné aux jeunes agriculteurs, « plus sensibles aux hausses de charges diverses », assure son président avant d’ajouter : « Nous n’arrivons pas à payer nos dettes. Les Jeunes Agriculteurs de l’Aude demandent également des exonérations de Taxe sur les Terrains non bâtis (TFNB) et de cotisations MSA pendant cinq ans pour réduire les charges des jeunes installés. Cette aide rendrait la profession plus attractive, dans un contexte où le nombre de personnels de formation agricole est en chute libre.
Les agriculteurs réclament également une réduction de la pression liée aux réglementations environnementales, notamment concernant les produits phytosanitaires. “Nous avons eu des invasions de cicadelles à cause de l’interdiction d’un produit phytosanitaire, et il n’y a pas de produit de substitution”, déplore Loïc Escourrou.
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Une mobilisation qui ne faiblit pas
Malgré les annonces du ministre, notamment concernant les prêts de trésorerie à court et long terme à taux bonifiés, la crainte demeure que ces mesures ne se concrétisent pas. Le monde agricole entend maintenir la pression, et la FNSEA appelle à la mobilisation dès lundi prochain. La mobilisation à Castelnaudary n’est qu’un avant-goût d’actions plus vastes à venir en France.