Les locataires manifestent devant leur logement pour se faire entendre

Mercredi matin, des locataires ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres : « Vieillir chez soi sans craindre de perdre son toit », « Prendre des locataires en otage est immoral » et « Non à la spéculation sauvage ».

Selon Suzanne Gibeault, locataire rencontrée sur place, le promoteur immobilier de Laval, Immeubles Galleon, a acquis cinq immeubles situés dans le même secteur du boulevard Fortin à Granby à la mi-février.

Depuis avril, le propriétaire Henry Zavriyev a délégué David Mimmoun et Avi Elkesslassy pour frapper aux portes des locataires en vue d’obtenir la résiliation du bail pour cause de travaux.

Mois gratuits et compensation financière

«Cela fait trois fois que David et Avi viennent chez nous pour proposer de résilier le bail en échange de trois mois de loyer gratuit et d’une enveloppe de 2 000$», a déclaré Mme Gibeault, en entrevue avec La voix de l’Est. Des travaux d’une durée de sept à dix mois seraient nécessaires dans leur logement.

Par la suite, leur loyer pour leur logement de taille 4 et demi grimpera en flèche, passant de 642 $ chauffage compris à 1 200 $. Le couple s’estime victime d’une aberration de la part du propriétaire, d’autant que leur logement ne semble pas nécessiter de rénovations majeures.

À première vue, le logement occupé par Suzanne Gibeault et son conjoint ne semble pas nécessiter de rénovations majeures. (Jean-Luc Lorry / La Voix de l’Est)

Cette même situation concerne une soixantaine de locataires qui habitent des appartements du boulevard Fortin, tous appartenant à M. Zavriyev. Parmi eux, 25 personnes ont accepté de résilier leur bail.

Pour les soutenir, les membres de l’Association québécoise de défense des droits des aînés, retraités et préretraités de Granby (AQDR) et le porte-parole de Québec solidaire en matière de logement et d’habitation ont organisé un point de presse lors de cette opération de piquetage.

« La marchandisation et la financiarisation du logement sont sournoises et insidieuses. Nous avons trouvé un avocat qui a de l’expérience en matière de logement. Mais ses services ont des coûts», a indiqué Madeleine Lepage, présidente de l’AQDR Granby.

« Ces maisons ont-elles vraiment besoin de réparations et de rénovations majeures ? Ce n’est absolument pas justifié par le propriétaire », a-t-elle ajouté.

Madeleine Lepage, présidente de l’AQDR Granby. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Selon l’AQDR, il y aurait possibilité pour le locataire de revenir sur sa décision en déposant une demande au Tribunal administratif du logement (TAL) pour annuler la résiliation parce qu’elle a été signée sous la contrainte.

Scandaleux selon Québec solidaire

« Ce qui se passe ici est scandaleux. Je salue les locataires qui se mobilisent. C’est de la spéculation aux dépens des locataires», a réagi Andrés Fontecilla de Québec Solitaire.

Il s’engage à intervenir auprès de la ministre déléguée au Logement, France-Élaine Duranceau.

Andrés Fontecilla, porte-parole en matière d’habitation et d’habitation pour Québec solidaire. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

« Il est de la responsabilité du ministre du Logement de veiller à ce que la TAL sensibilise aux droits des locataires. Le logement n’est pas une marchandise, c’est avant tout un droit. C’est le droit au logement qui compte», a insisté M. Fontecilla, député de Laurier-Dorion.

Depuis avril dernier, Louise Patenaude, âgée de 79 ans, a reçu sept visites des deux représentants du propriétaire.

« Il veut que tous les locataires signent une résiliation de bail. Je ne veux pas signer. C’est du harcèlement. L’argument du propriétaire est de faire des rénovations », nous a expliqué Mme Patenaude.

Louise Patenaude habite sa maison située sur le boulevard Fortin à Granby depuis 22 ans.

Louise Patenaude habite sa maison située sur le boulevard Fortin à Granby depuis 22 ans. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Présentement, le loyer de Mme Patenaude est de 583$ par mois pour un logement 4 et demi situé au troisième étage.

« Je ne suis pas un locataire payant pour le propriétaire. Je connaîtrai le montant de mon augmentation de loyer seulement après les rénovations. Il ne peut pas m’évincer, mais il peut nous rendre la vie difficile. C’est certain», craint-elle dans cette story.

Louise Patenaude habite sa maison du boulevard Fortin depuis maintenant 22 ans. Si elle acceptait de résilier son bail, elle devrait alors quitter son logement avant le 15 septembre.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV ces deux villages rejoignent la police intercommunale de Melun Val de Seine
NEXT Chicam lauréate d’un concours de cuisine inter-hôpitaux