Procès pour proxénétisme d’une jeune fille de 16 ans

Procès pour proxénétisme d’une jeune fille de 16 ans
Procès pour proxénétisme d’une jeune fille de 16 ans

La juge Joëlle Roy s’est montrée très dure envers une victime, lundi, dans un procès pour proxénétisme sur mineur. Le juge a cavalièrement critiqué la jeune femme pour avoir répondu « n’importe quoi » lors du contre-interrogatoire.

“C’est mon souteneur.” C’est lui qui me vend», a résumé Danika* lundi lors du procès de Mohamed Louchahi, alias «Mehdi». Aujourd’hui âgée de 22 ans, Danika avait 16 ans lorsqu’elle a commencé à se prostituer au profit de l’accusé. Elle étudiait le jour, faisait ses devoirs le soir et devenait escorte le soir.

L’homme de 35 ans est accusé de proxénétisme sur mineur et de production et diffusion de pédopornographie. Il est également accusé de traite des êtres humains contre une jeune femme de 18 ans. Son procès s’est ouvert la semaine dernière au palais de justice de Montréal.

Après avoir témoigné en toute confiance lundi matin, Danika s’est livrée à un contre-interrogatoire assez habituel. En fin de compte, le juge en a soudain assez des réponses incertaines du plaignant.

« Ce n’est pas à vous d’être fatigué. Je comprends que cela vous ennuie, mais vous devez réagir. Ne répondez pas avec désinvolture », a sèchement dit le juge Roy à la jeune femme.

Me Sharon Sandiford a ensuite poursuivi ses questions très précises sur une discussion entre l’accusé et la plaignante. Cependant, elle ne se souvenait pas des moindres détails de la conversation. Sans raison apparente, le juge Roy a alors interrompu le témoin.

«Je vais vous demander d’arrêter ça. Cela fait 10 à 15 minutes que vous répondez à des bêtises. Vous répondez pour le plaisir de répondre », lui reproche le juge.

Elle en a donné la moitié à l’accusé

Danika était une étudiante studieuse et responsable en 2019. Mais sa relation avec son ex-conjoint violent avait laissé des traces.

« Ma tête était détachée de mon corps. Tant que vous ne me faites pas respecter gratuitement, autant me faire manquer de respect et gagner de l’argent », dit-elle.

Danika a rencontré Mohamed Louchahi en avril 2019 par l’intermédiaire d’Amélie* (l’autre plaignante). L’adolescente souhaite devenir escorte pour gagner de l’argent. Selon son récit, l’accusé prend les choses en main. Il lui demande des photos osées et met des annonces en ligne. Il s’occupe ensuite de trouver des clients.

Pendant deux semaines au printemps 2019, Danika a eu cinq ou six « clients ». Mehdi l’attend dans une voiture. Elle lui donne alors sa « part » de 100 $. Généralement, Danika offre ses services en même temps qu’Amélie.

Dans les publicités, on faisait croire à Danika qu’elle avait 18 ans. Or, l’accusée savait dès le départ qu’elle avait 16 ans, selon elle. « Ce n’est pas légal. Il était très compétent. Il était clair que je ne devais pas mentionner que j’étais mineure”, témoigne-t-elle. Elle a également dû apprendre par cœur la vie d’Amélie au cas où elle serait arrêtée.

“Il s’est mis à rire”

Témoignant dans une autre salle du palais de justice, Amélie* raconte avoir été arrêtée par la police. Elle peine cependant à trouver le terme juste pour définir son arrestation. Assis à côté de son avocat, Mohamed Louchahi se met alors à rire.

“Il s’est mis à rire”, s’insurge le procureur de la Couronne M.e Véronique Warthold.

Impassible, le juge Roy ne fait pas la leçon à l’accusé et demande à Amélie de poursuivre son témoignage.

Amélie* avait 18 ans au moment des faits. Selon la thèse de la Couronne, elle serait restée plusieurs mois dans les griffes de l’accusé.

La jeune femme était initialement accusée de proxénétisme avec Danika, mais les charges retenues contre elle ont été abandonnées par le procureur. Elle ne connaissait même pas le terme « proxénète » à l’époque, confie-t-elle franchement.

«C’est mon amie et nous avons travaillé ensemble. Je ne pensais pas que c’était mauvais ! », a-t-elle témoigné mercredi dernier. « Elle n’était pas une recruteuse », a soutenu Danika lors du procès.

Au printemps 2019, Amélie rend visite aux « clients » avec Danika, 16 ans. C’est Mohamed Louchahi qui leur trouvait les « clients » et fixait les prix. Elle a également reversé une partie de la somme au proxénète, explique-t-elle.

Amélie avait peur de dénoncer « Mehdi » puisqu’une fois, il avait violemment heurté le volant de son véhicule. “S’il heurtait un volant, il pourrait me heurter aussi”, a-t-elle déclaré.

« Il m’a obligée à prendre des clients », dit-elle. Elle précise cependant sa pensée : c’était bien sa propre décision de se prostituer, mais l’accusé n’a cessé de la questionner alors qu’elle ne voulait plus le faire.

Lorsque Danika a été arrêtée, Mohamed Louchahi a dit à Amélie de ne pas parler aux autorités. «Je devais le protéger plus que moi-même», a-t-elle déclaré.

Le procès se poursuit mardi.

*Nom fictif

 
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