Le préfet de Gironde a ordonné à Pierre Hurmic de retirer ces banderoles critiquant le projet de loi de finances, faute de quoi « des poursuites judiciaires seraient engagées par l’Etat ».
C’est un véritable bras de fer entre le maire de Bordeaux et le préfet de Gironde. La semaine dernière, le maire écologiste de la ville, Pierre Hurmic, a fait installer deux banderoles sur la façade du palais Rohan, afin de protester contre le « coupes budgétaires » de l’État. Critiqué par son opposition, il refuse de les retirer, malgré une menace de la préfecture de saisir la justice.
« L’État coupe le budget communal de Bordeaux de 16,5 millions d’euros, où les trouve-t-on ?» s’interroge la première banderole déployée cette semaine sur le bâtiment. « Préféreriez-vous priver tous les étudiants de cantine ou supprimer la police municipale ? Trouvez-vous cela absurde ? Nous aussi »répond le second en interpellant les habitants. Le projet de loi de finances 2025 (PLF) prévoit que les collectivités locales contribueront plusieurs milliards d’euros aux économies souhaitées par le gouvernement Barnier.
Invoquer un « principe de neutralité des services publics » ayant « valeur constitutionnelle »le préfet de Gironde, Étienne Guyot, a demandé au maire de « se conformer le plus rapidement possible à la loi »sinon “Des poursuites judiciaires seraient engagées par l’Etat”. Le préfet s’appuie sur la jurisprudence du Conseil d’État, selon laquelle ce principe « s’oppose à l’apposition sur les édifices publics de panneaux symbolisant l’affirmation d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques ».
« Respecter la liberté d’expression des élus »
Mais selon l’exécutif municipal, tel n’est pas le cas. Le maire « a tenu à informer la population bordelaise des coupes budgétaires qui menacent encore aujourd’hui le financement et la pérennité des services publics »croyant que « cette information présente un intérêt public local évident ». « Non content de drainer nos ressources financières pour résorber son déficit abyssal, l’État exige désormais notre démission »rétorque sèchement Pierre Hurmic.
Désormais son affichage, l’édile de Bordeaux invite le préfet à « respecter la liberté d’expression des élus locaux qui sont de plus en plus nombreux, de tous bords politiques, à se mobiliser contre les impacts de ce PLF ». Partout en France, de nombreuses collectivités territoriales ont déjà fait part de leur inquiétude. Ce jeudi, plusieurs dizaines d’élus locaux, dont le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (ex-Les Républicains), se sont mobilisés devant la préfecture de la Haute-Garonne pour envoyer un “message de colère”.